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Gombrowicz, Mariage (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Gombrowicz, Mariage (extrait). Mariage reflète la situation de Gombrowicz lui-même, son attitude envers l'ordre ancien détruit par la guerre. Le héros du drame retrouve un pays en ruine où un nouvel ordre est en train de s'instaurer ; la loi n'est plus divine, mais humaine. Oscillant entre intelligence et folie, le monde intérieur de Henry déforme le monde extérieur : tout cela, il le rêve, il est « seul « ; tous ces personnages font seulement partie de son rêve et n'expriment que ses propres états d'âme. Tout ici « se crée « sans cesse : Henry crée le rêve et le rêve crée Henry. Mariage de Witold Gombrovicz (acte II) HENRY Mais peut-être Ce n'est pas un rêve, mais seulement qu'effectivement -- je suis devenu fou Et peut-être que je ne suis pas du tout ici et que je ne parle pas, mais seulement qu'en réalité je suis couché dans un hôpital quelconque et là, en gesticulant, je délire et je me vois ici... Qui sait ce qui a pu m'arriver ? Peut-être qu'une balle m'a ravagé le cerveau ? Ou une explosion ? Ou on m'a attrapé et torturé, ou peut-être me suis-je jeté sur quelque chose ou quelque chose s'est jeté sur moi Ou peut-être c'est l'ennui... et je n'en pouvais plus... Ou peut-être ils m'ont ordonné -- m'ont envoyé -- m'ont forcé -- à quelque chose que je n'ai plus supporté. Non, il n'y a rien qui ne puisse m'arriver -- tout et plus que tout est possible. Mais que je ne me trouve pas à l'hôpital et que rien d'anormal ne me soit arrivé. D'accord... et pourtant... À combien de folies ai-je déjà participé ? Ô... Même si j'avais été le plus sain... le plus raisonnable... Le plus équilibré... Les autres, de toute façon, m'obligeaient à accomplir Des actes affreux... malfaisants et aussi Déments, idiots, oui, oui licencieux... Une question simple se pose : si quelqu'un durant quelques années assume une fonction de fou, n'est-il pas fou ? À quoi cela me sert-il d'être sain si mes actes sont malades... Fanfan ? Mais ceux qui me forçaient à cette folie, eux aussi étaient sains Et raisonnables Et équilibrés... Amis, camarades, frères, tant De santé Et une façon d'agir si maladive ? Tant de raison Et cependant tant de folie ? Tant d'humanité Et cependant tant d'inhumanité ? À quoi cela sert-il que chacun, pris séparément, soit totalement lucide, raisonnable, équilibré, si tous ensemble nous ne sommes qu'un énorme fou qui avec fureur Se roule, hurle, se tord, va de l'avant À l'aveuglette, dépassant ses propres limites Et s'arrachant lui-même de lui-même... Notre folie Est hors de nous, à l'extérieur... Là-bas, là-bas à l'extérieur Là où je finis moi, commence Ma débauche... et même si tranquillement Je loge en moi, en même temps J'erre hors de moi et dans les sombres Sauvages espaces, dans les étendues nocturnes, Je m'offre à je ne sais quelle immensité ! Source : Gombrowicz (Witold), Mariage, trad. par Boguslawa Schubert et Daniel Martin, L'Avant-scène, n° 750, 1984. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« À l’aveuglette, dépassant ses propres limites Et s'arrachant lui-même de lui-même… Notre folie Est hors de nous, à l'extérieur… Là-bas, là-bas à l'extérieur Là où je finis moi, commence Ma débauche… et même si tranquillement Je loge en moi, en même temps J'erre hors de moi et dans les sombres Sauvages espaces, dans les étendues nocturnes, Je m'offre à je ne sais quelle immensité ! Source : Gombrowicz (Witold), Mariage, trad.

par Boguslawa Schubert et Daniel Martin, L'Avant-scène, n° 750, 1984. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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