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Gombrowicz, Witold.

Publié le 14/05/2013

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Gombrowicz, Witold. 1 PRÉSENTATION Gombrowicz, Witold (1904-1969), écrivain polonais, l'un des grands rénovateurs de la prose du XXe siècle. Personnage solitaire et marginal, Witold Gombrowicz a traversé la première moitié de ce siècle sans faire de bruit, avant d'attirer en 1967, avec le Prix international des éditeurs, l'attention des médias et d'un plus vaste public. Depuis, grâce notamment à Pornographie et Cosmos, ses deux derniers romans, grâce aussi à son théâtre, il a pris place au panthéon parmi les plus grands écrivains du 2 XXe siècle. LE CHEMIN DE L'EXIL Witold Gombrowicz est né dans le domaine de Ma? oszyce, propriété de son père, au sein d'une famille issue de la noblesse lituanienne ; sa famille a été condamnée, pour activité politique, à vendre à la fin du XIXe siècle ses domaines de Lituanie et elle s'est installée en Pologne centrale, ce qui a été ressenti par le grand-père de Witold Gombrowicz comme un déclassement et suscité chez lui une hostilité envers son nouveau milieu. Fiers de leurs origines et de leurs alliances princières, les Gombrowicz conservent avec piété les archives familiales rapatriées de Lituanie. Cette appartenance à une classe sociale à cheval entre la haute aristocratie et le milieu des petits hobereaux déclassés peut expliquer l'intérêt de Witold Gombrowicz pour les zones intermédiaires, l'entre-deux, le haut et le bas, la forme et l'antiforme, le fini et l'inachevé, ainsi que la spécificité de son théâtre peuplé de rois déchus, de princes déclassés, prisonniers d'un rituel vide et agonisant sur fond d'apocalypse dans un univers grotesque aux allures d'opérette. En 1919, Witold Gombrowicz doit quitter le domaine familial -- devenu le cadre idéalisé de son enfance -- pour déménager à Varsovie, mais il y retourne tous les étés et ce décor campagnard, archétype de la polonité, marque très fortement son imagination, jusqu'à se retrouver transposé, allégorisé, dans presque tous ses romans. Diplômé en droit, il abandonne cependant assez vite toute idée de carrière juridique, et après la publication en 1934 de son recueil de nouvelles Mémoire du temps de l'immaturité, il se consacre exclusivement à l'écriture. En août 1939, Witold Gombrowicz est invité à inaugurer une nouvelle ligne transatlantique reliant le port de Gdynia à Buenos Aires, mais, quatre jours après son arrivée en Argentine, Hitler envahit la Pologne et cette croisière d'agrément devient l'événement fondateur d'une nouvelle existence. Son exil dure, pour la période argentine, « vingt-trois ans et deux cent vingt-six jours «, comme il le note dans son Journal. Ensuite viennent Berlin, où il passe un an comme invité de la fondation Ford, puis la France à partir de 1964, où il finit sa vie, à Vence en 1969, sans jamais être revenu en Pologne, patrie qu'il a quittée en touriste, ignorant qu'il la quittait pour toujours. Après sa mort paraissent deux recueils de textes écrits entre 1959 et 1961 sur ses années polonaises (Souvenirs de Pologne, 2003) et sur son exil argentin (Pérégrinations argentines, 2004). 3 LE REFUGE DANS L'ART Malgré les nombreux commentaires qu'il a lui-même livrés sur son oeuvre, malgré son souci d'auto-explication (Journal, Souvenirs de Pologne), malgré ses interviews (Entretiens avec Dominique de Roux) et ses pamphlets (Contre les poètes, Dante), Witold Gombrowicz demeure une figure assez énigmatique. Il s'est toujours tenu à l'écart de la foule, dont il méprise le suivisme et la grégarité, se moquant parfois méchamment des modes intellectuelles, ce qui lui vaut l'hostilité des faiseurs d'opinion. Son oeuvre, dès son premier recueil de nouvelles, se centre autour de la recherche d'une écriture de soi, qui traduit un sentiment de décalage entre l'identité lisse et finie que le jeu social impose à l'individu et sa réalité intime, faite d'inachèvement et d'incertitude. Or c'est précisément dans le conflit permanent entre la forme et l'antiforme, entre la maturité et l'immaturité, que réside pour l'écrivain le salut, car toute identification à un rôle donné signifie la pétrification de l'individu, désormais réduit à une « gueule «, comme il le dit dans son roman Ferdydurke (1937). Ainsi, dès la Mémoire du temps de l'immaturité (1933), la problématique centrale de l'oeuvre de Witold Gombrowicz est-elle posée ; il s'agit de maîtriser le sens, tout sens, en commençant par le sien propre. Le schéma de tous ses récits est simple : la destruction d'un statu quo initial et la mise en place d'une situation nouvelle, source à son tour de destruction, les deux registres se confondant en une unité indissoluble. Le schéma de départ est toujours le même, c'est celui du passage, étape obligée de l'évolution individuelle, condition de la maturité, pourtant impossible à atteindre sans recourir aux faux-semblants, sans participer à la duperie générale qui consiste à se faire violence, à se conformer au rôle social, code de la communication avec les autres. Dans ses textes, Witold Gombrowicz multiplie ainsi les situations permettant de mettre à nu la fragilité de ces formes qui mènent le monde. Une série de motifs littéraires naît ainsi à partir de cette unique configuration de départ, faisant intervenir soit des individus qui incarnent des formes finies, acceptées socialement (le professeur Pimko ou la jeune lycéenne moderne, dans Ferdydurke, le roi Ignace ou les courtisans dans Yvonne, princesse de Bourgogne), soit, au contraire, des êtres en marge qui, par un comportement inhabituel, échappent aux normes en vigueur (Jojo dans Ferdydurke, le prince Philippe dans Yvonne, princesse de Bourgogne) provoquant la déconstruction de ces formes qui semblaient inattaquables. Il y a donc, à l'origine de l'écriture de Witold Gombrowicz, l'intuition ou le constat d'une inadéquation essentielle entre l'authenticité du sentiment d'exister et ce que nous sommes capables d'en communiquer aux autres. Installer le moi au centre de la perception du monde apparaît ainsi comme sa principale stratégie littéraire, stratégie que son exil argentin n'a fait qu'accentuer. L'exil constitue en effet une étape importante de son cheminement d'écrivain, car pour recomposer son moi émietté, conséquence de ce choc, Witold Gombrowicz fait désormais de l'écriture son unique refuge. À la réalité extérieure ressentie comme étrangère il superpose une néoréalité subjective qui est celle de son oeuvre. Un double processus de « subjectivisation « s'opère ainsi : d'une part une « subjectivisation « du narrateur -- l'identité entre l'auteur, le personnage et le narrateur se resserre (c'est désormais Witold Gombrowicz qui raconte les aventures de Witold Gombrowicz, aussi bien dans Transatlantique, Pornographie que dans Cosmos) -- et d'autre part une « subjectivisation « de la langue (surtout dans Transatlantique), l'étape du questionnement de la langue et de sa mise à l'épreuve étant sans doute inhérente à l'expérience de l'exil. Witold Gombrowicz tisse ainsi, de livre en livre, un réseau de liens, de correspondances, d'autocitations qui relient l'édifice total de son oeuvre par une série de jeux d'écho souterrains. Les textes se doublent d'un hors-texte explicitement autobiographique -- les volumes successifs de son Journal (1953-1969) et de Testament (1968) --, permettant une lecture à plusieurs niveaux. Dans ses écrits d'avant l'exil, il y avait la conscience de l'artificialité de la forme et de sa fragilité. Le narrateur était mû par le vertige de l'antiforme : introduire dans les combinaisons de départ un élément qui déstabiliserait la forme établie. Mais, avec les textes de l'exil, cette artificialité débouche sur une abolition du sens tout court, d'où un ordre nouveau, personnel, subjectif doit naître. C'est le propos de son dernier roman, Cosmos (1965). Tout cela s'ancre dans un univers littéraire fondé sur la réécriture, la parodie et la manipulation du lecteur, grandes constantes de son écriture, qui placent ainsi l'écrivain polonais au nombre de grands rénovateurs de la prose du venu d'un monde encore tourné vers le XIXe XXe siècle, il avait fait passer, en contrebande, sous des allures seigneuriales, un chargement explosif qui, comme une bombe à retardement, ne sauta que quand on s'y était le moins attendu. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. siècle. Comme si,

« avec les textes de l’exil, cette artificialité débouche sur une abolition du sens tout court, d’où un ordre nouveau, personnel, subjectif doit naître.

C’est le propos de son dernier roman, Cosmos (1965). Tout cela s’ancre dans un univers littéraire fondé sur la réécriture, la parodie et la manipulation du lecteur, grandes constantes de son écriture, qui placent ainsi l’écrivain polonais au nombre de grands rénovateurs de la prose du XXe siècle.

Comme si, venu d’un monde encore tourné vers le XIXe siècle, il avait fait passer, en contrebande, sous des allures seigneuriales, un chargement explosif qui, comme une bombe à retardement, ne sauta que quand on s’y était le moins attendu. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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