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h ardis n e sont-ils pas c ourageux?

Publié le 19/01/2013

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h ardis n e sont-ils pas c ourageux? - S'ils l 'étaient, S ocrate, l e c ourage s erait q uelque c hose d e l aid, p uisque c eux d ont il s 'agit s ont d es fous. - Quels s ont d onc c eux q ue t u a ppelles c ourageux? N e disais-tu pas q ue c e s ont les g ens h ardis? - Je le dis e ncore. - N'estil pas vrai d onc ( 350d) q ue c es h ommes si h ardis n e s ont p as c ourageux, m ais insensés, e t q ue les a utres q ui s ont t rès instruits s ont aussi très hardis, e t q u'étant t rès h ardis ils s ont très c ourageux? D 'où il suivrait q ue le savoir e t le c ourage s ont la m ême c hose. - Socrate, r eprit P rotagoras, t u n e t e souviens p as b ien d e c e q ue j 'ai d it, e t d es r éponses q ue j e t 'ai faites. T u m 'as d emandé si les g ens c ourageux s ont h ardis, j e l 'ai a ccordé; m ais t u n e m 'as p as d emandé si les g ens h ardis s ont c ourageux. Si t u m 'avais p osé c ette q uestion, ( 350d) j e t 'aurais r épondu q u'ils n e le s ont p as tous. T u n 'as n ullement d émontré q ue les c ourageux n e s ont p as h ardis : c e q u'il e ût fallu faire p our p rouver q ue j 'ai m al a ccordé c e q ue j 'ai a ccordé. A u l ieu d e c ela, t u t 'arrêtes à f aire voir q ue c eux q ui s avent s ont p lus h ardis q u'ils n e l 'étaient a vant d e savoir, e t q ue les a utres q ui n 'ont p oint a ppris; e t t u c rois q ue c 'est l à u ne p reuve q ue l e savoir e t l e c ourage s ont l a m ême c hose. Mais, e n raisonnant d e c ette m anière, t u p arviendrais d e m ême à c onclure q ue l a v igueur e t l e s avoir s ont l a m ême c hose. C ar si, e n s uivant c ette m arche, t u m e d eman- dais d 'abord (350e) si les g ens v igoureux s ont forts, j e d irais q ue o ui; e nsuite, si c eux q ui s avent l utter s ont p lus f orts q ue c eux q ui n e l e s avent p as, e t d epuis q u'ils o nt a ppris, plus qu'ils n e l 'étaient a uparavant;j'en c onviendrais e ncore. Ces choses u ne fois a ccordées, il te s erait l ibre d e te s ervir d es m êmes a rguments, p our c onclure q ue d e m on a veu la sagesse est la m ême c hose q ue l a vigueur. P our m oi, j e n 'accorde n i ici ni n ulle p art q ue les forts s ont v igoureux, m ais b ien q ue les v igoureux s ont f orts ( 35la); p arce q u'être f ort e t ê tre v igoureux n 'est p as u ne m ême c hose, e t q ue l a force v ient d e l a science, e t a ussi d e l a f ureur e t d e l a c olère; a u l ieu q ue l a vigueur vient d e l a n ature e t d e l a b onne c onstitution d u c orps. Ici, p areillement, l a hardiesse e t le c ourage n e s ont p as l a m ême c hose : e n s orte q u'il e st b ien vrai q ue t ous les c ourageux s ont h ardis, mais q u'il n e l 'est p as q ue les h ardis s ont t ous c ourageux. C ar l a h ardiesse v ient a ux h ommes, e t d e l 'art e t d e l a c olère e t d e l a fureur, (351 b) c omme l a force; le courage a u c ontraire v ient d e l a n ature e t d e l a b onne c onstitution d e l 'âme. - Protagoras, l ui dis-je, conviens-tu q ue, p armi les h ommes, l es u ns v ivent b ien, e t les a utres m al? - Il e n e st c onvenu. - Te semble-t-il q u'un h omme vive b ien, s 'il vit d ans l a d ouleur e t les t ourments? Il l 'a n ié. - Mais s'il m ourait a près avoir passé s a vie d ans l es plaisirs, n e j ugerais-tu p as q u'il a b ien v écu? - Oui. - Vivre d ans les plaisirs e st d onc u n b ien, e t vivre d ans l a d ouleur u n m al? ( 35lc) - Pourvu, r épondit-il, q u'on n e g oûte q ue d es p laisirs h onnêtes. - Mais q uoi, P rotagoras, n e r econnais-tu p as, avec l a p lupart d es h ommes, q ue c ertaines c hoses, q uoique a gréables, s ont m auvaises, e t q ue d 'autres, q uoique d ouloureuses, s ont b onnes? - Sans d oute, j e le p ense. - Et e n t ant q u'elles s ont a gréables, à c ause d e c ela n e s ont-elles pas b onnes, à m oins q u'il n 'en r ésulte d 'ailleurs q uelque s uite f âcheuse? E t les c hoses d ouloureuses n e s ont-elles pas, p ar l a m ême r aison, mauvaises e n t ant q ue d ouloureuses? - Je n e sais, S ocrate, m e dit-il, si j e d ois r épondre a insi d 'une m anière a bsolue, q ue t out c e q ui e st a gréable e st b on, e t t out c e q ui e st d ouloureux, m auvais. Mais il m e p araît p lus s ûr ( 35ld), n on s eulement p our l a d iscussion p résente, m ais p our ê tre e n a ccord a vec m oi-même, d e d ire q u'il y a d es c hoses a gréables q ui n e s ont p as b onnes, d 'autres d ouloureuses q ui n e s ont p as m auvaises, e t d 'autres q ui le s ont; e t e nfin q u'il y e n a u ne t roisième e spèce, q ui n 'est n i l 'un n i l 'autre, n i b onne n i m auvaise. - N'appelles-tu p oint a gréables c elles q ue l e p laisir a ccompagne, o u q ui f ont p laisir? - Assurément. ( 35le) - Je t e d emande d onc si e n t ant q u'agréables e lles n e s ont p as b onnes; e t le s ens d e m a q uestion e st si l e p laisir lui- m ême n 'est p oint u n b ien. - Je r éponds à c ela, S ocrate, c omme t u r éponds t oi-même t ous les j ours, q ue c 'est u ne c hose q u'il f aut examiner. Si c et e xamen n ous p araît a ppartenir à n otre sujet, e t q ue d 'ailleurs l e b on e t l 'agréable n ous s emblent ê tre l a m ême c hose, n ous l 'accorderons; s inon, n ous d isputerons. - Veux-tu, l ui d isje, m archer le p remier d ans c ette r echerche, o u a imes-tu m ieux q ue j e t e c onduise? - Il e st j uste, r épondit-il, q ue t u m e c onduises, p uisque c 'est t oi q ui t iens le discours. - Ne p arviendrons-nous p as (352a), repris-je, d e l a m anière s uivante à d écouvrir c e q ue n ous c herchons? D e m ême q ue si o n e xaminait u n h omme s ur s on e xtérieur, p our j uger s 'il a d e l a s anté, o u s 'il e st p ropre à c ertains e xercices d u c orps, a près a voir v u s on visage e t ses mains, o n l ui d irait : Allons, q uitte tes habits, d écouvre-moi t a p oitrine e t t on d os, afin q ue j e voie p lus c lairement c e q ui e n e st : ainsi j 'ai e nvie d e f aire q uelque c hose d e s emblable d ans l a discussion p résente, e t a près a voir vu t a m anière d e p enser s ur le b ien e t l 'agréable, j e n e p uis m e d ispenser d 'ajouter: A llons, P rotagoras, d écouvre-moi e ncore tes s entiments s ur l a s cience. (352b) P enses-tu s ur c e p oint c omme la p lupart d es h ommes, o u a utrement? O r, voici l 'idée q ue l a p lupart se f orment d e l a s cience : ils c roient q ue la force lui m anque, e t q ue sa d estinée n 'est p as d e g ouverner e t d e c ommander:

« dais d'abord (350e) si les gens vigoureux sont forts, je dirais que oui; ensuite, si ceux qui savent lutter sont plus forts que ceux qui ne le savent pas, et depuis qu'ils ont appris, plus qu'ils ne l'étaient aupa­ ravant;j'en conviendrais encore.

Ces choses une fois accordées, il te serait libre de te servir des mêmes arguments, pour conclure que de mon aveu la sagesse est la même chose que la vigueur.

Pour moi, je n'accorde ni ici ni nulle part que les forts sont vigoureux, mais bien que les vigoureux sont forts (35la); parce qu'être fort et être vigoureux n'est pas une même chose, et que la force vient de la science, et aussi de la fureur et de la colère; au lieu que la vigueur vient de la nature et de la bonne constitution du corps.

Ici, pareillement, la hardiesse et le courage ne sont pas la même chose : en sorte qu'il est bien vrai que tous les courageux sont hardis, mais qu'il ne l'est pas que les hardis sont tous courageux.

Car la hardiesse vient aux hommes, et de l'art et de la colère et de la fureur, ( 351 b) comme la force; le cou­ rage au contraire vient de la nature et de la bonne constitution de l'âme.

-Protagoras, lui dis-je, conviens-tu que, parmi les hommes, les uns vivent bien, et les autres mal? -Il en est convenu.

-Te semble-t-il qu'un homme vive bien, s'il vit dans la douleur et les tourments? Il l'a nié.

-Mais s'il mourait après avoir passé sa vie dans. »

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