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Henri BARBUSSE, Clarté (roman)

Publié le 03/10/2010

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barbusse

(Pendant la guerre de 1914-1918, le narrateur Simon Paulin, soldat blessé, est étendu sur le champ de bataille au milieu des blessés et des cadavres. Le soir tombe, les coups de canon se font toujours entendre...) Je suis comme ceux qui s'endorment, comme les enfants. Je m'affaiblis, je m'adoucis, je ferme les yeux ; je rêve à la maison. Je ne voudrais pas mourir, je me supplie de ne pas mourir, et j'ouvre les yeux et je cherche les brancardiers qui peut-être, justement, pensent à moi... Je rêve à la maison. Là-bas, on se met sans doute à plusieurs pour supporter les soirées, avant de se retirer dans l'immobilité familière des chambres et de s'endormir au milieu des choses qui ne se réveillent jamais. Marie est là, et d'autres femmes, en train d'apprêter le dîner ; la maison devient une odeur de cuisine. J'entends Marie qui parle, debout, puis assise à table. J'entends le bruit du couvert qu'elle remue sur la nappe en s'installant. Ensuite, comme quelqu'un a approché l'allumette de la lampe, en soulevant le verre, Marie se lève pour aller fermer les volets, Elle ouvre la fenêtre. Elle se penche, ses bras s'écartent ; mais elle reste un instant plongée dans la nuit nue. Elle a un frisson que j'ai. Au loin, naissante dans l'ombre, elle regarde, comme moi. Nos yeux se sont rencontrés. C'est vrai, puisque cette nuit-ci, c'est la sienne aussi bien que la mienne, la même nuit, et la distance n'est pas quelque chose de palpable ni de réel ; la distance n'est rien. C'est vrai, ce grand contact étroit. Où suis-je ? où est Marie ? et même qu'est-ce qu'elle est ? Je ne sais pas, je ne sais pas. J'ignore la blessure de ma chair, et est-ce que je sais la blessure de mon coeur ? Henri BARBUSSE, Clarté (roman)

1. Un plan possible, mais un peu faible — car il reproduit la progression linéaire du texte —, consiste à étudier successivement :    a) le présent :  — le champ de bataille, la blessure de la chair,  — la mort/le sommeil,  — désir de vivre du personnage.  b) le passé, un passé à la fois sécurisant et inquiétant :  — la maison,  — Marie, l'amour qu'il lui porte,  — la blessure du coeur.  c) le rêve favorise cette fusion du passé et du présent :  — glissement du présent au passé, de la blessure de la chair à la blessure du coeur.  — procédés stylistiques qui l'autorisent.  Ce plan-catalogue a l'avantage d'être simple, de n'oublier aucun aspect important du texte.    2. On peut lui préférer le plan suivant qui repose davantage sur une étude thématique :    a) Thème de la mort (blessure réelle)  — La mort : sommeil — immobilité.  — Lutte du personnage pour ne pas dormir, ne pas mourir. Rêve éveillé.  — Le discours du personnage, hyper-conscient, laisse transparaître une plainte.  b) L'image de la femme  — Au niveau de la thématique, l'image de la femme est liée à celle de la maison et de la nourriture.  — La femme qu'il aime, Marie (relation de ces deux êtres — Sa présence/son absence)  — Qui est vraiment Marie ? La blessure du coeur.  c) Climat onirique du texte : passage du réel à l'imaginaire.  — les différents « glissements « (présent/passé -physique/psychologique),  — le temps du récit,  — la logique interne du rêve.    Ce plan approfondit les thèmes énumérés et présentés dans le plan précédent.   

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