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Publié le 27/02/2008

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Biographie [modifier]

Doris May Tayler est née en Perse (l'Iran actuel) en 1919. Son père, employé de banque, est grièvement blessé lors de la Première Guerre mondiale et se voit amputé d'un membre. Sa mère, infirmière, y a perdu l’homme qu’elle aimait[réf. nécessaire].

Elle n’a que 6 ans lorsque sa famille s’installe, en 1925, en Rhodésie du Sud (alors colonie britannique) dans l'espoir de faire fortune grâce à la culture du maïs, du tabac et des céréales.

Pensionnaire d'un institut catholique tenu par des religieuses qu'elle supporte mal, elle est en opposition constante avec sa mère. Elle quitte définitivement l'école à 15 ans, travaillant en tant que jeune fille au pair puis plus tard, à 18 ans, comme standardiste à Salisbury (l'ancienne capitale de la Rhodésie du Sud). Revenue un temps à la ferme parentale, elle se passionne pour la littérature et se plonge dans la lecture de plusieurs grands classiques du XIXe siècle.

En 1938, elle commence à écrire des romans[2] tout en exerçant plusieurs emplois pour gagner sa vie. Elle rédige également en parallèle de courts récits et des nouvelles, arrivant à en vendre deux à des magazines sud-africains.

À 19 ans, l'année suivante, elle se marie avec un fonctionnaire : Frank Wisdom, avec lequel elle aura deux enfants, John et Jean. Elle le quitte en 1943 après avoir rencontré un citoyen allemand, communiste et juif exilé : Gottfried Lessing, qu'elle épouse en secondes noces en 1945. En 1947, le couple donne naissance à un fils, Peter.

De nouveau divorcée, elle part pour Londres en 1949 avec son jeune fils et le manuscrit de Vaincue par la brousse (The Grass is singing) dans ses bagages, accepté par le premier éditeur auquel elle s'adresse. Le succès du livre, publié en 1950, lui permet de renoncer à un emploi de secrétaire trouvé pour subvenir à ses besoins[2]. En 1951, elle fait paraître un recueil de nouvelles tirées de son expérience africaine : Nouvelles africaines (This was the Old Chief's Country) suivie par cinq ouvrages d'inspiration autobiographique, publiés entre 1952 et 1969 et regroupés sous le titre Les Enfants de la violence (The Children of Violence). Ce vaste cycle romanesque, conçu comme un immense « Bildungsroman », narre le parcours et la quête d'identité du double littéraire de l'auteur, Martha Quest, qui de l'Afrique à l'Angleterre observe l'effondrement du système colonial et ses ravages sur les relations entre les Noirs et les Blancs. Ces récits traitent également de la situation de la femme et de la condition de l'artiste au XXe siècle[3].

Comme beaucoup d'intellectuels, d'artistes et d'écrivains britanniques de sa génération, Lessing a été politiquement engagée et active à gauche. En 1952, elle adhère au Parti communiste qu'elle quitte quatre ans plus tard suite à l'intervention des chars soviétiques à Budapest et après le XXe congrès[2]. Ses désillusions politiques se lisent dans Retreat to innocence (1956) et surtout dans Le Carnet d'or (The Golden Notebook, 1962), reconnu aujourd'hui comme son chef d'œuvre. Elle y revient sur les différentes phases de son espoir révolutionnaire déçu. Par l'évocation qu'il fait de la condition de la femme, de sa psychologie, de ses engagements, de ses états affectifs et de ses élans intimes, Le Carnet d'or fait également de l'écrivain une icône du féminisme mondial comparable à Simone de Beauvoir sans qu'elle ne « l’ait jamais voulu »[4]. Cette œuvre se compose d'un « court roman conventionnel »[3] et de quatre carnets de notes et de réflexions sur certains thèmes assimilés chacun à une couleur différente : noir pour les souvenirs, rouge pour la politique, jaune pour la fiction et bleu pour l'introspection[5]. Assemblés, ils finissent par former le « carnet d'or » du titre. À la croisée des genres, l'ouvrage se dote d'une structure narrative originale, mêlant l'héritage réaliste des grands romans du XIXe siècle à des techniques littéraires post-modernes (récit éclaté, composition stylistique sophistiquée, collage de plusieurs types d'écriture, mise en abîme et jeu du roman dans le roman, digressions verbales, considérations du créateur sur son œuvre...)[5].

En 1956, après un séjour dans la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland où elle interroge comme journaliste le premier ministre sud-rhodésien Garfield Todd et le premier ministre fédéral Godfrey Huggins, elle est finalement interdite de séjour dans toute la fédération et en Afrique du Sud[6].

La Descente aux enfers (Briefing for a descent into Hell, 1971) annonce une nouvelle orientation dans la carrière de Lessing qui abandonne le genre du témoignage autobiographique pour approcher les rives d'une littérature visionnaire, appréhendant la notion de foi et les arcanes de la psyché humaine. Porté par un imaginaire sombre, teinté d'occultisme et de mysticisme, l'ouvrage se penche sur le soufisme : une religion que l'auteur avait commencé à étudier dans les années 1960. Dans ce roman, celle-ci s'éloigne du monde réel pour explorer l'univers mental d'un homme souffrant d'amnésie, Charles Watkins. Le récit ouvre une vaste interrogation sur le devenir de l'humanité et l'avenir de la planète. Ce questionnement amène logiquement l'auteur à la science-fiction, explorant la thématique de la survie de l'Homme et de l'évolution de la terre poussée à son paroxysme dans Shikasta et dans les quatre volumes qui lui font suite, regroupés sous le titre général Canopus dans Argos : Archives (Canopus in Argos : Archives, 1979-80).

En 1983 et en 1984, en signe de protestation face au sort réservé aux jeunes écrivains[3], elle se livre à une supercherie littéraire, publiant sous le pseudonyme de Jane Somers deux romans qui se voient refusés par son éditeur habituel : Journal d'une voisine (Diary of a Good Neighbour) et Si la vieillesse pouvait (If the Old Could), centrés sur les problèmes de la vieillesse, de la solitude, de la mélancolie, de la nostalgie, de la maladie et de la mort. Tous deux marquent son retour au réalisme, confirmé un an plus tard par La Terroriste (1985) [7].

Le Cinquième Enfant (The Fifth Child, 1986) se veut une critique voilée de la société contemporaine : au sein d'une famille dite « normale » constituée d'un couple qui s'aime relativement peu, naît un enfant terriblement violent. Les parents et les autres bambins sont tiraillés entre attachement et répulsion pour ce rejeton. La fin du livre - incertaine - est comme une interrogation ouverte sur le devenir de la violence dans nos sociétés.

En 1982, 1988 et 1991, Lessing était revenue en Rhodésie du Sud, devenue l'actuel Zimbabwe. Lors de son premier voyage, elle y a retrouvé son frère, avant que celui-ci n'émigre définitivement en Afrique du Sud [8]. En 1995, elle constate la dégradation de la situation sociale du pays, mais fait encore confiance au président Robert Mugabe. En 1995, âgée de 76 ans, elle visite l'Afrique du Sud afin de voir sa fille, ses petits-enfants et de promouvoir son autobiographie. Au début des années 2000, elle s'en prend pour la première fois brutalement au régime de Mugabe. Elle est alors de nouveau déclarée « indésirable » au Zimbabwe.

En 2001, lors d'une conférence au Festival du Livre d'Édimbourg, elle se livre à une violente charge contre les féministes qui l'avaient pourtant célébrée des années plus tôt. Elle les qualifie de « femmes devenues horribles avec les hommes »[9]. Ainsi, selon elle « après avoir fait une révolution, beaucoup de femmes se sont fourvoyées, n'ont en fait rien compris. Par dogmatisme. Par absence d'analyse historique. Par renoncement à la pensée. Par manque dramatique d'humour » [10].

Auteur d'une œuvre considérable de près d'une soixantaine de titres comprenant des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des poèmes, des essais, des récits autobiographiques et des témoignages, Doris Lessing fascine autant par la variété des sujets qu'elle aborde que par la diversité des genres dans lesquels elle s'illustre. Prolixe et éclectique, l'écrivain a toujours refusé de se laisser enfermer dans des carcans intellectuels ou politiques et occupe une place de premier ordre dans la littérature britannique contemporaine où elle apparaît comme le témoin privilégié de son époque. Véritable instance morale, elle pointe du doigt la société actuelle et scrute sans relâche ses excès, ses dysfonctionnements et ses dérives aussi bien éthique, idéologique que politique.

Le 11 octobre 2007, elle se voit attribuer, à presque 88 ans, le prix Nobel de littérature. Elle devient en conséquence la onzième femme et l'écrivain le plus âgé à recevoir cet honneur. Souvent citée sur les listes de l'Académie suédoise où elle faisait, avant d'en disparaître, figure de favorite, Doris Lessing faisait ses courses au moment de l'annonce de son couronnement et fut prévenue par la masse de journalistes qui s'était ameutée devant son domicile. Elle a alors immédiatement comparé la récompense à une « quinte flush »[11].

Distinctions [modifier]

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