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Indéfinis Vs définis

Publié le 27/11/2012

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Indéfini vs défini Les articles ont une fonction complémentaire : - on emploie l'indéfini lorsque le référent du N n'a pas encore été identifié ; il introduit un mot (ce qu'il désigne), ou plus exactement un référent dans le discours Raymond Queneau, Les Derniers jours : « ... Au coin de la rue Dante et du boulevard St-Germain, un vieillard hésitait, n'osant traverser. Un camion lui frôla le parapluie, grimpa sur des caisses, un chien aboya aux baleines. « - le défini implique une identification ; il la présuppose : la rue Dante implique que l'on sait communément ce qu'est la rue Dante à Paris, où se passe l'action : il n'y a qu'une rue qui porte ce nom. Le déterminant fonctionne ici en liaison avec le nom propre dont on connaît le caractère « uniréférentiel « : il permet d'identifier précisément le référent. 1°) donnée par le contexte linguistique (ce que Kerbrat-Orecchioni appelle le « cotexte «) : a) dans une autre proposition : Jérôme parlait avec un homme. Le type lui dit : ... On a ici un lien anaphorique, mais il se fait à travers une reformulation : on parle d'anaphore (nominale) infidèle ; « nominale « parce qu'elle passe par un substantif, non par un pronom ; « infidèle «, parce qu'il y a pas de répétition (on aurait eu alors : « l'homme lui dit... «. On parle parfois aussi d' « article de rappel «. Les Derniers Jours (suite) : « Le bonhomme recula en grommelinant dans sa moustache qu'il portait épaisse et tombante. « La reformulation passe souvent par un « hyperonyme «, nom dont le sens est plus général que le nom qu'il remplace. b) dans le syntagme même ; l'art. est alors accompagné d'un élément de détermination apporté par un adjectif épithète, un complément du nom ou une proposition relative qui prennent ici une fonction déterminative : l'homme que j'ai rencontré hier ( relative déterminative qui permet d'identifier l'h en quest. prends le cahier rouge [le c. qui est r.] ; on peut opposer : c'est un homme que j'ai rencontré hier à voici l'homme que j'ai rencontré hier l'homme de la nuit dernière ( pour ce genre de complément de nom, on parle de « complément déterminatif « Les Derniers Jours (suite) : « La lumière des réverbères bavait en flaques sur les trottoirs. « vs une l. bavait Dans ce type de situation, on remarque que l'on a affaire à deux types de détermination : a) la détermination grammaticale apportée par l'article (le déterminant) b) la détermination qualitative qui est exprimée par d'autres moyens linguistiques, explicites, à l'aide de compléments de diverses natures utilisant des mots dont le contenu informatif est important (lexèmes/ mots-pleins vs morphèmes) : adjectifs, substantifs (noms), verbes en particulier. Ce type de détermination relève de la « caractérisation « qui fera l'objet d'une autre partie du cours ; le complément permet d'identifier à travers la caractérisation. cp. regarder les blancs nuages ( ils ne sont pas tous blancs [valeur déterminative] ( ils le sont tous [valeur explicative] On peut observer la différence qui apparaît lorsque c'est l'art. ind. qui est employé dans ce type de construction : un homme que j'ai rencontré hier ( relative simplement explicative (on peut la supprimer sans conséquence pour le déterminant) prends un cahier rouge ( la caractérisation n'a aucune fonction déterminative : le cahier reste indéterminé bien qu'il se distingue par une couleur (qu'il partage avec d'autres) c) dans la proposition : j'ai mal à la tête, je me lave les cheveux (type particulier de construction, avec les parties du corps, où le déf. remplace l'adj. poss.) v. aussi le parapluie dans Les Derniers jours : il s'agit bien entendu du parapluie que le personnage a pris avec lui. Voir aussi aux baleines, où le défini que le contracté amalgame avec la préposition (à + les) renvoie implicitement au parapluie que le vieillard porte avec lui cp. Prends l'éloquence et tords-lui son cou (Verlaine) caractère redondant : on n'imagine pas qu'elle puisse (lui) tordre le cou de son voisin ! ; construction propre à la langue populaire : il y a ici une connotation marquée « L'homme était très grand, les cheveux bruns soigneusement coiffés, les yeux bleus insolents. « (R. Desforges) ( il s'agit de constructions absolues à valeur descriptive [GMF 192] 2°) donnée par l'expérience (contexte non linguistique) a) il s'agit d'une expérience générale, partagée par tout le monde, lorsque le N désigne une réalité unique / un phénomène pris dans sa généralité : le soleil la pluie tombait cp il tombe une pluie fine et serrée c'est la passion seule qui inspirait ses actes cp il vivait une grande passion/ une p. absolue N. L'emploi de l'indéfini peut toutefois se justifier lorsque le nom désigne davantage un état particulier que la réalité ou le phénomène désigné par le nom : le nom est alors accompagné d'une « caractérisation «, au moyen généralement d'adjectifs : il faisait ce jour-là un beau soleil les beaux soleils de l'automne il tombait une pluie fine et serrée vs la pluie tombait Vous remarquez que l'on passe du général au particulier. b) il s'agit d'une expérience particulière, partagée par les interlocuteurs : je prends la voiture ; mettez la table ; voilà les enfants ! ; la batterie est à plat le Directeur a donné son accord ; le lycée était à deux pas L'univers de référence est partagé entre l'énonciateur et le destinataire qui savent de quoi ils parlent. On peut parler dans de tels cas d'art. de notoriété (au moins dans le 2d cas). c) cette expérience peut être donnée par un contexte purement fictif : ainsi, dans Les Derniers jours, « La lumière des réverbères « : il s'agit des réverbères de la rue que le lecteur a été invité à se représenter. 3°) artifice stylistique : la propriété fondamentale du défini est ce qu'on appelle la présupposition d'existence. Ainsi, dans « Les Chinois avançaient précédés de deux sergents de ville. « (début d'Un rude hiver, de Queneau), le lecteur a le sentiment de connaître déjà ces Chinois bien qu'il n'en sache rien ; du moins il a le sentiment qu'on est parti de la présupposition qu'il les connaissait. ( l'artifice permet de constituer un univers fictif dans l'imagination du lecteur

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