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Industrialisation

Publié le 27/03/2012

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L'expansion du système industriel et ses conséquences sociales 1850-1914. Pendant la seconde moitié du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle, l'industrialisation se développe massivement sur toute une partie de la planète. Elle se diffuse d'abord en Europe du nord-ouest, puis en Amérique, au Japon et en Russie. Mis à part le cas de l'U.R.S.S.après la révolution de 1917, l'industrialisation s'est effectuée selon les règles du capitalisme avec une intensité inégale selon les pays, déterminant ainsi des changements plus ou moins profonds et rapides des structures sociales et des modes de vie. I Industrialisation et mutations 1850- 1939. Cette période est marquée par le développement de la révolution industrielle. La concurrence entre puissances industrialisées engendre expansionnisme et risques de guerre. a) Un siècle de développement industriel. A la fin du XVIIIème siècle, l'Angleterre entre la première dans la révolution industrielle. Celle-ci se fonde sur la machine à vapeur, le machinisme, l'exploitation charbonnière et le chemin de fer. Le nouveau cadre de travail est l'usine dont la taille moyenne ne cesse d'augmenter. Les autres pays suivent l'exemple britannique avec retard: la France vers 1840- 1860, l'Allemagne et les Etats- Unis vers 1850- 1870. Ces derniers connaissent un développement très rapide et deviennent vers 1900 la première puissance industrielle mondiale. La croissance industrielle jusqu'en 1939 peut se diviser en 3 phases; chacune d'entre elles est marquée par la prépondérance d'une activité ou de plusieurs secteurs d'activité, particulièrement dynamiques, fortement touchés par l'innovation technique, qui entraînent les autres branches industrielles et de façon plus générale l'ensemble de l'économie: commerce, banques, transports....... -1800-1840=Textile(coton)et charbon. -1840-1880=chemin de fer et sidérurgie. -1880-1939=chimie lourde (ciment, colorants, engrais....), industries mécaniques (constructions navales, automobiles, armement.....) et électriques, pétrole. Dans l'ensemble, l'innovation scientifique et technologique a tendance à s'accélérer entraînant la modernisation de l'économie. b) Les voies de la modernisation. - Découvertes et innovations: Leur développement s'explique par l'enchaînement croissant des progrès de la science, par la concurrence entre les entreprises qui cherchent à créer de nouveaux produits et par la Première Guerre Mondiale qui va stimuler considérablement l'innovation technologique. En particulier, les progrès sont particulièrement décisifs dans le domaine énergétique; le triomphe de la \"fée électricité\" dont la production est multipliée par 6 de 1910 à 1930 a des retombées dans les domaines les plus divers. Même si le charbon reste la principale ressource énergétique, le développement de l'exploitation du pétrole débouche sur une nouvelle révolution des transports, favorisée par le perfectionnement du moteur à explosion (automobile, camion, avions). autres innovations importantes: engrais, colorants et textiles artificiels, débuts des matières plastiques, médicaments...... - L'augmentation de la productivité du travail: Le progrès technique permet d'améliorer les conditions de production avec des machines qui fonctionnent de plus en plus vite et demandent de moins en moins d'ouvriers. Cette hausse de la productivité permet une baisse des prix de vente. Mais à partir du début du XXème siècle, et surtout après 1918, une forte accélération des gains de productivité va être permise par l'application du Fordisme. Celui-ci du nom du constructeur automobile américain Ford repose sur 2 principes: - l'organisation scientifique du travail appelée Taylorisme ( standardisation, parcellisation des tâches, cadences de travail rapide, travail à la chaîne). - l' augmentation des salaires qui accroit la consommation et une diminution du temps de travail rendues possibles par les forts gains de productivité (de ce fait les profits augmentent aussi fortement) . Né aux Etats-Unis au début du siècle, le Fordisme se diffuse lentement en Europe après 1918 et s'imposera jusqu'au début des années 1970. - Les transformations du marché et de la consommation: L'urbanisation crée un nouveau marché qui favorise la croissance: construction de logements, équipements de la voierie, transports...... L'augmentation moyenne du pouvoir d'achat des salariés stimule la consommation, en particulier le développement des classes moyennes provoque une forte demande de produits de luxe qui ont tendance de ce fait à se banaliser. Dès les années 20, les E.U entrent dans l'ère de la consommation de masse. Dès la fin du XIXème siècle, les échanges ont tendance à s'internationaliser même si la part du commerce international reste encore modeste dans l'ensemble du commerce; Cette tendance sera brisée à partir de 1929 du fait de la crise économique. - L'essor du capitalisme financier et de monopole: Les entreprises et banques à base familiale au début de la révolution industrielle connaissent un processus de concentration, surtout après 1860. Cette concentration touche d'abord les chemins de fer et les banques puis certaines branches industrielles (métallurgie, chimie....). Elle atteint un niveau élevé surtout aux Etat-Unis où les grandes entreprises sont appelées trusts et en Allemagne où elles sont dénommées konzerns. De plus la montée en puissance des banques permet la formation de holdings, c'est à dire d'organismes bancaires qui contrôlent un ensemble d'entreprises. De ce fait, le capitalisme financier tend à dominer de plus en plus le capitalisme industriel. Cette tendance s'accentue en particulier durant les périodes de crise. II Une alternance de phases de croissance et de crises. De 1850 à 1929, la croissance économique est en moyenne forte mais connaît un rythme très inégal avec des phases de croissance élevées ou faibles et des phases de régression. Ces traits généraux affectent différemment chaque pays industrialisé. a) Les différentes phases. 1°) 1850- 1873: Une forte expansion qui repose surtout sur le textile et les secteurs sidérurgique, métallurgique et minier. Le \"boom ferroviaire\" explique en grande partie cette croissance. Les capitaux mobilisés par l'industrie et les chemins de fer étant de plus en plus considérables, de nouvelles lois facilitent la formation des sociétés anonymes de vaste dimension tandis que les réseaux bancaires s'étoffent et mobilisent l'épargne destinée à être investie. Les échanges internationaux augmentent, le libéralisme se répand après la signature du Traité de libre-échange franco-anglais de 1860. 2°) 1873- 1896: En 1873 commence la première vraie crise du capitalisme avec les caractéristiques suivantes: - la crise commence dans l'industrie avec un phénomène de surproduction, puis elle gagne l'agriculture, le commerce et la finance. Les prix, les profits baissent. - la crise prend un caractère international; elle touche l'ensemble des pays industrialisés en Europe et en Amérique du Nord. Le protectionnisme réapparait. En France, la crise culmine en 1882 avec le krach de l'Union Générale. 3°) 1896- 1914: cette période a été baptisée la Belle Epoque. La croissance repart vivement du fait de la conjonction de facteurs favorables: - l' abondance monétaire du fait de la découverte de gisements d'or au Transvaal. - la diffusion de nouveaux produits (moteurs électriques, automobile, paquebots.......) - les débuts aux E.U. de l'organisation scientifique du travail. - la course aux armements, surtout à partir de 1906. 4°) 1914- 1918: Au Etats-Unis, la croissance continue mais la plupart des pays d'Europe voient leur production diminuer du fait du conflit et leur économie devient une \"économie de guerre\". Celle-ci se caractérise par 2 nouveautés: - le dirigisme de l'Etat qui intervient dans l'organisation de la production (plans d'armement), de la consommation (rationnement alimentaire) et du travail (affectés spéciaux). C'est une remise en cause de fait du libéralisme. - l'inflation qui met fin à environ un siècle de stabilité monétaire. Elle découle d'un affaiblissement de la valeur de la monnaie à cause du recul de l'activité économique et de l'énorme endettement de l'Etat pour financer la guerre. L'inflation est particulièrement forte en France. 5°) 1918- 1929: De 1919 à 1921, une grave récession frappe tous les pays industrialisés à cause de la reconversion de l'économie de guerre à l'économie du temps de paix. Puis la croissance repart, surtout à partir de 1925, l'économie se modernise, en particulier aux Etats- Unis qui accroissent leur poids économique dans le monde et commencent à entrer dans l'ère de \"la société de consommation\". Les échanges internationaux s'accroissent, favorisés par la mise en place du Gold Exchange Standard qui fait du Dollar et de la Livre- Sterling les 2 monnaies internationales, convertibles en or. Cependant des problèmes structurels montrent une certaine faiblesse de la prospérité: le chômage dans plusieurs pays, surtout au R.U, l'inflation (France, Allemagne...), la surproduction dans l'agriculture. 6°) 1929- 1939: En 1929 commence la première crise économique généralisée de l'histoire du capitalisme. Cette crise présente 4 traits majeurs: une production industrielle en chute libre (récession), une déflation brutale des prix (chute de 30 à 50%), une montée spectaculaire du chômage et des faillites, proportionnelle à la gravité de la récession (surtout aux Etats- Unis et en Allemagne), une forte contraction du commerce international. Le détonateur de la crise a été le krach de Wall Street (le \"jeudi noir\" du 24 octobre 1929). Cette crise boursière a provoqué aux Etats-Unis une crise bancaire qui elle même a provoqué une crise industrielle. Le retrait de capitaux américains placés en Europe plonge à son tour le continent européen dans la crise, puis celle-ci gagne les économies non-industrielles (colonies, Amérique du Sud......). La crise est devenue mondiale. Dans les pays industrialisés, les gouvernements vont d'abord combattre la crise par une politique déflationniste, puis à partir de 1933, au contraire, par l'interventionnisme de l'Etat ( New-Deal aux E.U., Front populaire en France, dirigisme en Allemagne et en Italie). Quand la Seconde Guerre Mondiale éclate en 1939, la crise économique continue de sévir dans la plupart des pays. b) De nouvelles hiérarchies. L'inégalité de la croissance économique selon les pays provoque une redistribution de la hiérarchie des puissances: Hiérarchie des puissances industrielles. A noter que jusqu'en 1914, le R.U. reste la première puissance économique mondiale grâce à son commerce colonial. III Une nouvelle société en formation. a) La révolution démographique. (voir documents 6 et 7 p.43) La pression démographique combinée à la modernisation plus ou moins profonde de l'agriculture selon les pays, favorise la mobilité de la population. Celle-ci prend essentiellement 2 formes: - En Europe, l'exode rural vers les villes. - Les migrations internationales, surtout à partir des pays agraires pauvres, vers les E.U.(Anglais; Ecossais, Irlandais puis, après 1880, Italiens, slaves, Allemands), l'Australie, la Nouvelle- Zélande(britanniques, Irlandais..), l'Argentine( Allemands, Italiens) et aussi vers la France qui manque de main d'oeuvre(Italiens, Belges, Polonais, Espagnols). Ces phénomènes migratoires favorisent le développement des villes. b) L'explosion urbaine. Spectaculaire, elle est le résultat, d'une part, du développement de la grande industrie urbaine qui fait travailler de grandes concentrations d'ouvriers, et d'autre part, de l'exode rural qui alimente les villes d'un flux massif de nouveaux habitants. Aux Etats- Unis, ceux-ci sont surtout des immigrants venus d'Europe. Les rythmes d'urbanisation sont très différents selon les pays: au R.U., dès 1860, la population devient majoritairement urbaine, en Allemagne en 1895 et en France seulement en 1931, ce qui traduit son retard économique. Mais c'est au E.U. que l'explosion urbaine est la plus spectaculaire avec la multiplication des villes-champignons et le nombre de plus en plus important de villes millionnaires: en 1920, New- York, passant devant Londres, devient la première ville du monde et, en 1930, atteint les 10 millions d'habitants. Les grandes tendances du développement des villes sont: - l'étalement de l'espace urbain qui devient de plus en plus étendu avec l'apparition des banlieues. - une dissociation de plus en plus fréquente entre lieu de travail et lieu d'habitation . Les mouvements pendulaires vont désormais rythmer la vie urbaine. Ces évolutions changent l'organisation interne des villes qui de plus en plus se caractérisent par les traits suivants: - une spécialisation de l'espace: quartiers d'habdtation, zones d'industrie en périphérie, commerces et artisanat en centre ville. - une différentiation sociale de l'espace avec la formation de quartiers habités par les catégories sociales aisées ( quartiers haussmaniens à Paris, banlieues vertes....), par les catégories populaires (en général dans la partie est des villes) et par les classes moyennes. Toutes ces mutations sont rendues possibles par le développement des transports en commun urbain de masse (tramway, autobus, métro) puis par la multiplication des automobiles utilisées par les élites sociales, surtout aux Etats-Unis (1,8 million en 1914, 28 millions en 1930). Dans ce pays, on peut parler d'une tendance à l'éclatement spatial de la ville. c) La recomposition sociale. Dans une société qui reste très inégalitaire, certaines catégories se renforcent tandis que d'autres connaissent un inévitable déclin. Royaume- Uni Allemagne France 1) Les catégories en déclin sont celles liées au travail et à la propriété de la terre. La noblesse voit son assise économique se rétrécir (la terre rapporte moins que l'industrie et le commerce) et son influence politique s'affaiblir. Elle reste cependant très influente pour certaines fonctions (armée, diplomatie). La paysannerie connaît un affaiblissement continu; son poids dans la population recule, l'exode rural touchant surtout les ouvriers agricoles et les petits propriétaires; cette prolétarisation est la conséquence de la modernisation de l'agriculture. Ce déclin du monde rural sera accélérée en Europe par la Première Guerre Mondiale car la masse des soldats étant surtout issue du monde rural, la paysannerie sera la catégorie sociale comptant de loin le plus de tués et d'invalides. 2) La bourgeoisie, nouvelle classe dominante. (voir livre p 46) 3) Les catégories sociales en expansion se divisent en 2 grands ensembles: - les ouvriers sont de plus en plus nombreux et leur poids dans la vie sociale et politique des pays industrialisés ne cesse de se renforcer. Cette classe sociale connaît des mutations nombreuses: * Jusque vers 1914, la majorité des ouvriers travaillent à domicile ou dans de petits ateliers, souvent à la campagne ou dans de petites villes; dans l'Entre-Deux-Guerre, les ouvriers d'usine deviennent majoritaires et sont de plus en plus concentrés dans les villes. * L'organisation scientifique du travail entraîne le développement de la catégorie des manoeuvres, des ouvriers non-qualifiés et au contraire la baisse de la proportion d'ouvriers qualifiés. * De 1850 à 1914, les ouvriers passent de la misère à la précarité; les salaires augmentent peu à peu, la nourriture et le logement s'améliorent relativement, mais, sauf en Allemagne et au R.U., il n'existe aucune protection sociale contre la maladie et le chômage, aucune caisse de retraite. De 1919 à 1939, l'évolution est contradictoire: l'augmentation du niveau de vie continue, la journée de 8 heures, les congés payés, la protection sociale sont appliqués dans les pays les plus développés (Ce sont les débuts de l'Etat-Providence). Mais, à partir de 1929, la crise économique va surtout toucher les ouvriers: avec le chômage, la misère et la précarité réapparaissent. * Ces améliorations de la condition ouvrière sont le résultat de la croissance économique mais aussi de la mobilisation ouvrière, par l'intermédiaire des organisations ouvrières , qui permet d'obtenir la satisfaction de revendications des salariés. - Les classes moyennes sont en grande partie le produit de la modernisation. Elles sont très hétérogènes dans leur composition et leur évolution. * L'artisanat et la boutique restent importants mais tendent à décliner et à se paupériser. * Les employés deviennent très nombreux avec le développement des services publics, des banques, des grands magasins. Leur niveau de vie reste bas. * Les progrès de l'instruction entraînent la multiplication des instituteurs et des professeurs, de même que la demande économique provoque la multiplication des ingénieurs. Leur statut les place au dessus des catégories populaires. * Les professions libérales se rapprochent de la bourgeoisie par leur mentalité et leur mode de vie: avocats, médecins, notaires....... Dans l'ensemble, les classes moyennes ont un souci d'ascension sociale; dans les périodes de prospérité économique, elles sont politiquement en majorité modérées et favorables au régime démocratique dont elles constituent la base principale. Dans les périodes de difficulté, elles ont tendance à se radicaliser pour une partie vers la gauche, pour une autre partie vers la droite ou l'extrème- droite. Conclusion: Dans un contexte général de développement économique, les pays industrialisés connaissent des changements profonds et irréversibles entre 1850 et 1939. Cette évolution d'ensemble, marquée par le progrès technique et scientifique et par une élévation d'ensemble du niveau de vie, a avantagé certains pays davantage que d'autres. Elle s'est aussi déroulée avec une alternance de phases de croissance et de crises, ce rythme irrégulier provocant de profonds traumatismes qui ont favorisé les crises politiques et le déclenchement des 2 conflits mondiaux. ________________________________________

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