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Introduction à la lecture de la Bible

Publié le 29/07/2010

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La Bible s’ouvre sur la Genèse qui raconte les débuts de l’histoire de l’humanité, et plus particulièrement sur le mythe de la Création du monde. Deux récits, écrits à une époque et selon des objectifs différents, abordent les origines. Le premier relate les "origines du ciel et de la terre". Le second parle essentiellement de la formation de l’homme et de la femme.    Le premier récit    "Dieu dit : 'Que la lumière soit’ et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière ‘jour’ et les ténèbres ‘nuit’. Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour." (Genèse, chapitre 1, versets 3 à 5)    Le premier récit de la Création du monde, dont ce passage est extrait, relate "l’œuvre des six jours". Dieu crée ainsi, par la parole, la lumière et les ténèbres, les eaux et le ciel, la terre et la mer, la végétation, le soleil et les étoiles, les êtres vivants maritimes et aériens, les bêtes sur terre et enfin l’homme. Après six jours de travail, une fois "achevés le ciel et la terre, avec toute leur armée", Dieu s’arrêta : "il chôma, après tout l’ouvrage qu’il avait fait. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia."    Dans ce récit des origines, les jours de la semaine scandent la Création et les répétitions des formules donnent au texte une tournure poétique.    Le contexte de rédaction    Ce premier récit relève de la tradition dite "sacerdotale" car le rédacteur était certainement un prêtre. Plusieurs traditions juives ont été rédigées alors que le peuple hébreu était en exil à Babylone après la chute de Jérusalem au VIIe siècle. Ce récit de la Création en six jours est influencé par le contexte dans lequel il a été rédigé : le peuple hébreu, alors sans terre et sans roi, s'est retrouvé confronté à d'autres religions. Pour résister et conserver son identité, il a du réaffirmer la puissance de Dieu et ses caractéristiques propres face aux divinités babyloniennes. Même si les Hébreux se retrouvaient sans terre, leur Dieu n'était pas un Dieu faible. Il n'était pas à l'origine du mal ni de leur défaite. L'autre volonté des prêtres, dans le cadre de ce récit, était d'inviter le peuple au respect du sabbat, "le septième jour", à la fois pour jouir de la création et pour se consacrer à Dieu un jour par semaine.    Dieu créateur    La parole de Dieu est créatrice : Dieu ordonne et donc Dieu fait. "Dieu dit : ?Que la lumière soit? et la lumière fut." Tout vient à l'existence sur ordre de Dieu. C'est son verbe qui organise l'univers : il sépare la lumière des ténèbres, les eaux du ciel, l'océan de la terre... Dieu est ici tout puissant : non seulement il est créateur mais il est aussi principe d'harmonie. Il ne crée pas à partir de rien mais d'une situation de chaos : "Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme et un vent de Dieu agitait la surface des eaux".  Le sixième jour, sommet de la création, Dieu crée l'homme et lui donne la maîtrise des créatures et de la végétation : "Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-là ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre". Dans ce récit de la Création, l'homme ne domine pas par contre la lumière, le temps, les astres? A l'image de la réalité, l'univers échappe à la maîtrise de l’homme.    Textes de la Bible qui succèdent à la création du monde    Après les deux récits de la création du monde, viennent dans la Genèse plusieurs enchaînements mythiques qui décrivent et justifient la condition de l’homme et ce, sans fondements historiques .    * Adam et Eve au paradis, leur chute et la lutte fratricide de leurs fils Caïn et Abel,  * La corruption généralisée de l’humanité et la destruction du monde (Noé et le déluge),   * La répartition des peuples sur terre et la diversification des langues (la Tour de Babel).   * Abraham, à l‘origine du peuple hébreu.    La Création du monde, le jardin d'Eden, la jalousie entre Caïn et Abel, le déluge, le sauvetage de Noé, la Tour de Babel et la colère de Dieu... La Bible raconte de nombreuses histoires ! Des histoires parfois aux limites du fantastique, mais qui ne sont ni légendaires ni naïves car elles sont « mythiques «.    Ces récits sont situés dans la Genèse, soit les deux premiers chapitres de la Bible. Ils abordent concrètement et sans concept abstrait, des questions touchant aux origines du monde. Ils racontent en poésie ce que le discours rationnel et les explications scientifiques ne cernent pas. Ils mettent en scène ce qui dépasse mais structure et perturbe aussi l'homme : naissance, mort, destin, sexualité, mal, violence, travail, nourriture...       Le mythe (du grec muthos : récit), prend forme à travers une histoire avec des personnages réels ou non. Il permet d'appréhender le monde où les humains se trouvent immergés. Ce monde fait peur tant qu'il n'est pas ordonné. Récit situé hors du temps historique, aux origines, il propose une explication des réalités expérimentées dans l'histoire, des fondements du monde et de l'être humain. Et là, Dieu, ou les dieux selon les cultures, interviennent.    De la maîtrise des cycles de la vie à la nécessité d’un dépassement    Dans son évolution, l’homme passe d’un cycle de vie à un autre au fur et à mesure qu’il les maîtrise. Le premier cycle de l’humanité est lié à la journée : le matin, le midi, le soir. Le deuxième cycle correspond aux cycles des années (les quatre saisons) et de la vie (enfance, passage à l’état adulte, reproduction de la race, mort.). Dans les civilisations plus développées, l’homme passe au cycle agricole (récolte, moisson, labour?). Toujours, il agit sur le cycle : il passe ainsi de la cueillette à la maîtrise de la reproduction de la nature. Une fois ces cycles dominés, la période scientifique est abordée avec des éléments de plus en plus complexes. L’homme peut fabriquer, construire, modifier. Aujourd’hui, il traverse des cycles toujours plus spécialisés : pédagogiques, psychologiques, économiques? Il joue de plus en plus dessus ; et cela « captive toute notre humanité« .    Passer de la cueillette à la culture, faire reculer la mort, comprendre le mécanisme de l’orage, se reproduire à son gré, organiser la société avec des lois économiques? L’homme acquiert sa rationalité dans la maîtrise des cycles. Certes, mais il doit malgré tout obéir aux saisons qui reviennent quoiqu’il arrive, il va mourir même s’il progresse dans les découvertes médicales, il subit l’orage même s’il en comprend les mécanismes?    La tentation est de dire que ce que l’homme ne comprend pas aujourd’hui, il le dominera demain. Mais tout chercheur sait que chaque nouvelle découverte ouvre un champ d’incompétence et d’ignorance encore plus vaste. Quand des éléments ne sont pas expliqués fondamentalement, l?homme a recours à deux attitudes pour tenter de remédier à ce manque :    * la désespérance et la violence ;    * la magie, le subterfuge ou le palliatif venu d’ailleurs ou d’avant. Le mythe entre dans cette catégorie. « Fondamentalement, le mythe me permet de trouver un palliatif face à tous mes manques, à mon désir d’infini, à toutes les cohérences non maîtrisées qui m’habitent et me désespèrent. «

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