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Iran

Publié le 11/04/2013

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iran
1 PRÉSENTATION

Iran, en persan Īrān, pays d’Asie occidentale, situé au Proche-Orient. Sa capitale est Téhéran.

L’Iran est bordé au nord par l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la mer Caspienne et le Turkménistan, à l’est par l’Afghanistan et le Pakistan, au sud-est par le golfe d’Oman, au sud-ouest par le golfe Arabo-Persique, à l’ouest par l’Irak et au nord-ouest par la Turquie.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

L’Iran s’étend sur une superficie de 1 648 000 km². La majeure partie du territoire iranien est occupée par un haut plateau central d’une altitude moyenne de 1 300 m, bordé par des chaînes de hautes montagnes. Au nord, le long de la mer Caspienne, se dressent les monts Elbourz. Ceux-ci culminent au sommet du mont Demavend (5 610 m). Ils se prolongent au nord-ouest par les monts d’Azerbaïdjan et, au nord-est, à la frontière avec le Turkménistan, par les monts du Khorassan.

Peu accessible en raison d’une altitude moyenne assez élevée, le Zagros s’étend au sud-ouest du pays et culmine au Zardeh Koh, à 4 500 m d’altitude. Il se prolonge au sud par les monts du Baloutchistan. Au-delà, à la frontière avec l’Irak, se trouve la région du Khouzistan, particulièrement riche en ressources minérales. Le point le plus bas de l’Iran se situe sur la mer Caspienne, à 28 m au-dessous du niveau de la mer.

Véritable barrière orogénique, les deux axes montagneux forment un obstacle aux vents dominants et à la pénétration des influences maritimes à l’intérieur du territoire iranien. Situé en position d’abri, en arrière des chaînes montagneuses, le plateau iranien présente un caractère essentiellement désertique, avec ses vastes étendues de terres salées, correspondant à d’anciens lacs asséchés (kavirs). On distingue deux grands déserts arides : au nord, le Dacht-é Kavir ou « Grand Désert salé «, jalonné de dépressions drainées en hiver et au printemps par des petits oueds ; au sud-est, le Dacht-é Lut, désert de sable et de rocaille dépourvu de végétation.

Les plaines périphériques (Khouzistan, plaines littorales) sont, en revanche, plus fertiles, notamment l’étroite plaine côtière de la mer Caspienne, recouverte d’une riche forêt.

Beaucoup de rivières et de plans d’eau sont asséchés pendant l’été. L’écoulement, intermittent, présente un caractère essentiellement endoréique à l’intérieur du pays. Le fleuve Karun (850 km), qui prend sa source dans le Zagros et coule vers le Chatt al Arab, est la seule voie navigable du pays. Le plus grand lac d’Iran est le lac d’Ourmia, dans le nord-ouest du pays.

2.2 Climat

Le climat iranien est de type continental aride. Il se caractérise par des étés torrides (29,4 °C en moyenne à Téhéran au mois de juillet), des hivers froids (2,2 °C en moyenne à Téhéran au mois de janvier), voire très froids en altitude, et de fortes amplitudes thermiques.

Les barrières orogéniques périphériques formées par les massifs de l’Elbourz, au nord, et du Zagros, à l’ouest et au sud, conditionnent l’aridité du climat. Le total moyen annuel des précipitations est rarement supérieur à 250 mm (230 mm à Téhéran). Le contraste est grand, toutefois, entre les versants montagnards exposés aux vents dominants et nettement plus arrosés (jusqu’à 1 500 mm en bordure de la mer Caspienne, jusqu’à 800 mm sur le Zagros occidental) et le plateau iranien qui reçoit entre 100 et 300 mm de précipitations par an (120 mm à Ispahan). L’aridité est particulièrement forte au cœur des déserts, où les précipitations sont presque nulles.

La disposition des reliefs et les nuances climatiques qu’elle génère opposent donc les régions du nord et de l’ouest de l’Iran, où l’humidité du climat autorise les cultures pluviales de céréales, aux régions de l’est et du sud-est, arides ou semi-arides.

2.3 Végétation et faune

Le Zagros est recouvert d’une forêt semi-humide composée de chênes, d’ormes, de pistachiers et de noyers. La forêt s’étend sur les pentes des monts Elbourz et dans la plaine côtière de la mer Caspienne (frênes, chênes et hêtres). Sur le plateau iranien, la végétation, à caractère de plus en plus xérophile (cactacées, plantes ligneuses) se raréfie vers l’est : on passe de la steppe arborée des piémonts (pistachiers, amandiers) à la steppe ouverte puis aux déserts nus du centre et de l’est.

L’Iran possède une faune diversifiée : loups, hyènes, chacals, léopards, cerfs, porcs-épics, bouquetins, ours et tigres. Le long du golfe Arabo-Persique vivent des pélicans et des flamants roses. La mer Caspienne est riche en esturgeons et en harengs.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population iranienne était estimée à 65,9 millions d'habitants, soit une densité moyenne de 40 habitants au km². La répartition de la population est toutefois très inégale en raison des contraintes imposées par le milieu naturel. La majorité des habitants se concentre au nord et à l’ouest du pays.

L’Iran a connu à partir du milieu des années 1980 une transition démographique rapide. La mise en œuvre d’une politique de contrôle des naissances a contribué à une diminution spectaculaire du taux de fécondité, qui est passé de 6,2 enfants par femme en 1986 à 4,2 en 1991 et 1,71 en 2005. L’une des conséquences de la maîtrise de la fécondité est une profonde modification de la pyramide des âges, avec une baisse de la part des jeunes de 0 à 14 ans (27,1 % en 2005, contre 44,5 % en 1976 et 39,5 % en 1996). La proportion des 15-64 ans progresse parallèlement — de 52 % en 1976, elle est passée en 1996 à 56,1 % et en 2005 à 68 % — tandis que celle des personnes âgées demeure basse (les plus de 65 ans représentent 4,9 % de la population en 2005). L’espérance moyenne de vie est de 70,9 années.

Près de 60 % de la population iranienne est perse, descendant des peuples indo-européens qui se sont installés dans la région au IIe millénaire av. J.-C. La périphérie de l’Iran est peuplée de nombreuses minorités ethniques. Les plus importantes sont les Azéris (5 millions) au nord-ouest, les Baloutches au sud-est, les Turkmènes au nord-est, les Kurdes (6 millions) à l’ouest et les Arabes au sud-ouest. Parmi les autres minorités figurent les Arméniens, les Lurs ou encore les Guilacs.

3.2 Découpage administratif et villes principales

L’Iran est divisé administrativement en 28 provinces (ostan).

Le taux d’urbanisation, qui s’élève à 68 p. 100 de la population, a notablement augmenté dans les années 1970 et 1980. La croissance urbaine, qui se déroule de façon anarchique, génère d’importants problèmes d’ordre économique et social, comme l’ont montré les émeutes survenues dans la périphérie de Téhéran, en avril 1995.

La capitale et plus grande ville d’Iran est Téhéran, dans le nord du pays. Elle constitue, avec son agglomération (7 190 000 habitants), un important centre industriel et tertiaire. Viennent ensuite Mechhed (2 926 000 habitants), centre céréalier et carrefour commercial du nord-est du pays ; Ispahan (1 001 000 habitants), à l’ouest, ancienne capitale des Safavides, célèbre pour ses splendeurs architecturales, aujourd’hui centre industriel et commercial ; Tabriz (1 700 000 habitants), dans le nord-ouest, centre de production industriel et de commerce ; et Chiraz (1 263 244 habitants), dans le sud-ouest, centre agricole et industriel, situé à proximité des ruines de Persépolis.

3.3 Institutions et vie politique

Après le renversement, en 1979, du dernier représentant de la dynastie Pahlevi, Muhammad Rizah Chah, une nouvelle Constitution instaure, en décembre 1979, une République islamique, dont les principes fondateurs, en matière politique, économique et sociale s’inspirent de l’islam chiite, qui est la religion d’État. Ce régime est fondé sur le principe du velayat-e-faqih (« gouvernement du sage religieux «), prôné par l’ayatollah Khomeiny et affirmant l’autorité absolue d’un chef religieux, le guide spirituel, sur la politique, soit la primauté des institutions théocratiques sur les institutions démocratiques.

3.3.1 Organisation des pouvoirs

Le « Guide suprême de la révolution « est au sommet de la République islamique iranienne. Chef de l’État, il est désigné à vie par l’Assemblée des experts, un conclave de 86 religieux du haut clergé chiite élus au suffrage universel tous les huit ans et veillant au respect du velayat-e-faqih. Il exerce son autorité sur la quasi-totalité des organes exécutifs, législatifs et judiciaires.

Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République, élu au suffrage universel direct pour un mandat de quatre ans et rééligible une fois. Le président dirige le gouvernement — une révision de la Constitution en 1989 a étendu ses pouvoirs et supprimé le poste de Premier ministre — et il est responsable devant le Parlement.

L’organe législatif est un Parlement monocaméral, le Majlis ; ses membres (290 depuis 2000) sont élus au suffrage universel direct pour quatre ans. Il a le pouvoir de démettre le président. Cinq sièges sont automatiquement réservés aux représentants des minorités religieuses. Les lois votées par le Majlis doivent être approuvées par le Conseil des gardiens de la Constitution. Clé de voûte du régime, le Conseil des gardiens est composé de six religieux nommés par le Guide suprême et de six juristes proposés par le chef du pouvoir judiciaire, lui-même nommé par le Guide. Créé en 1988, le Conseil de discernement de l’intérêt supérieur du régime arbitre les conflits entre le Parlement et le Conseil des gardiens.

L’islam prédomine dans la législation qui repose sur la charia, la loi canonique islamique.

Au niveau local, les provinces (ostan) sont dirigées par des responsables administratifs nommés par le gouvernement central. Des maires sont en revanche élus par la population dans chaque municipalité.

3.3.2 Partis politiques

Le paysage politique iranien est caractérisé par la prépondérance des groupes de pression et des réseaux politiques au détriment des partis. Interdits après la révolution de 1979, les principales formations d’opposition en exil sont les organisations communistes, les Moudjahidin du peuple, islamistes de gauche, et les partis monarchistes. Plusieurs partis islamiques ont une existence officielle et se divisent essentiellement entre deux grands courants : les réformateurs, soucieux d’apporter une évolution démocratique au régime au détriment du pouvoir théocratique, et les conservateurs, eux-mêmes divisés en groupes antagonistes — parmi ces groupes, les « idéologues «, qui représentent l’aile fondamentaliste, s’opposent aux « pragmatiques «, partisans principalement de la libéralisation économique, et « nouveaux conservateurs «, favorables à une modernisation économique dans le cadre du régime islamique.

3.3.3 Défense nationale

L’armée iranienne totalise 420 000 hommes : 350 000 hommes dans l’armée de terre, 52 000 dans l’aviation et 18 000 dans la marine. S’y ajoutent les Gardiens de la révolution (pasdaran), une armée idéologique d’environ 300 000 hommes, placée sous l’autorité du Guide suprême et contrôlant des milices islamistes, les bassidjis, constituées de 5 millions de volontaires. Tous les jeunes hommes iraniens doivent effectuer un service militaire de deux ans. En 2003, l’État consacrait 2,4 p. 100 du produit intérieur brut (PIB) à la défense nationale.

3.4 Langues et religions

La langue officielle de l’Iran est le persan moderne, ou farsi, appartenant au groupe des langues indo-iraniennes. Le persan est parlé par 75 % de la population. Le kurde, le luri et le baluchi, qui font partie du même groupe, sont parlés par différentes minorités. Les Azéris parlent une langue d’origine turque, tandis que l’arabe est utilisé par 2 % de la population.

La religion officielle est l’islam chiite duodécimain (dit aussi imamisme ; voir chiisme) et regroupe près de 80 % de la population. L’Iran compte plus de 80 000 mosquées et sanctuaires, parmi lesquels les lieux saints chiites les plus sacrés : Qom, au sud de Téhéran, est un important centre de pèlerinage. Les musulmans sunnites constituent environ 19 % de la population iranienne. Des chrétiens (250 000 personnes dont la moitié est d’origine arménienne) et des juifs (30 000 personnes) vivent en Iran, mais ces communautés sont en forte régression. Les minorités bahaï (300 000 personnes) et zoroastriennes (30 000 personnes) sont persécutées.

3.5 Éducation

À la suite de la révolution de 1979, le système éducatif a été remodelé selon les préceptes de l’islam chiite. Toute influence occidentale a été bannie.

L’éducation est obligatoire jusqu’à 10 ans, mais le manque de moyens et la longue guerre contre l’Irak ont empêché la mise en application de cette loi. Toutefois, grâce aux investissements très importants réalisés par le gouvernement en faveur de l’enseignement public, en particulier en faveur de l’éducation des filles, l’analphabétisme a très fortement reculé en trois décennies : en 2005, le taux d’alphabétisation atteignait 81,3 % (contre 59 % en 1976) ; celui des femmes est passé de 28 % à 75,2 %.

L’enseignement supérieur est assuré dans plus de cent universités, collèges et autres institutions. Parmi les plus grandes institutions se distinguent les universités de Téhéran (1932), d’Ispahan (1950) et de Chiraz (1945). Au début des années 1980, cependant, certaines universités ont été fermées ou rebaptisées.

3.6 Arts et vie culturelle

L’Iran possède un art, une architecture et une littérature qui lui sont propres, puisant leurs racines dans une histoire ancienne, et qui ne saurait se réduire à celle de l’islam, même si celui-ci a exercé une forte influence après le viie siècle (voir aussi art perse ; art persan ; littérature persane ; musique islamique).

Le pays compte de nombreux musées remarquables. Parmi ceux-ci, l’Iran Bastan Museum, consacré à l’archéologie, et le Negarestan Museum, traitant de l’art iranien, tous deux à Téhéran ; le Qom Museum et le Pars Museum, à Chiraz. La Bibliothèque nationale se trouve à Téhéran.

3.7 La société d’aujourd’hui

Depuis 1979, la société iranienne s’est islamisée, à tous les niveaux, sous la pression des dirigeants chiites : les femmes, couvertes du tchador, doivent reprendre leur rôle traditionnel, les cinémas sont fermés, la musique occidentale interdite sur les ondes et la télévision contrôlée. Les « Gardiens de la révolution « veillent avec sévérité à faire appliquer les directives qui émanent des autorités religieuses. Les Iraniens savent, cependant, se ménager des espaces de liberté à l’abri du contrôle et de la censure. On observe en outre depuis le début des années 2000, sous la pression de la société civile et de la jeunesse du pays, une évolution sensible des structures sociales.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

Les revenus de l’industrie pétrolière ont favorisé, à la fin des années 1960 et durant la décennie suivante, une croissance rapide de l’économie. Cependant, la révolution islamique et la longue guerre contre l’Irak (1980-1988) ont eu un coût extrêmement élevé, aggravé par le retrait d’une partie des capitaux étrangers. Le PIB national s’est effondré. Le gouvernement de Rafsandjani a entrepris, dans les années 1990, la libéralisation de l’économie, mais la politique de privatisations, destinée à encourager les investisseurs étrangers, est freinée par les religieux qui contrôlent en grande partie le pouvoir. Le pays est alors endetté à hauteur de 21 milliards de dollars et vit dans un climat de pénurie. En 1998, le gouvernement présente un plan d’assainissement économique. Affichant un désendettement notable, la situation économique du pays s’améliore au début des années 2000 grâce à la hausse des prix du pétrole, sa principale ressource avec le gaz naturel, mais le taux de chômage demeure élevé (12,3 % en 2002).

En 2006, le produit intérieur brut (PIB) iranien atteignait 218 milliards de dollars. En 2003, l’Iran se classait, pour son PIB par habitant, au 90e rang mondial. Toutefois, le taux de croissance de la population, plus rapide que celui de l’économie, provoque une diminution du revenu par habitant.

4.2 Agriculture, forêts, pêche

Le secteur primaire fournissait, en 2003, 11,3 % du PIB et employait 23 % de la population active. Après la réforme agraire des années 1950, environ 800 000 hectares ont été redistribués aux fermiers. Seuls 10,8 p. 100 du territoire sont cultivés, en partie grâce à d’importants travaux d’irrigation (Khouzistan). Les principales cultures sont le blé (37 % des terres arables) et l’orge (11 %). La production de céréales a dépassé 22 millions de tonnes en 2004, tandis que les rendements à l’hectare se sont améliorés : de 1 195 kg/ha en 1980, ils sont passés à 1 830 kg/ha en 1994. Les autres cultures importantes concernent les dattes (1er rang mondial), le thé (11e rang), la pomme de terre, le riz et le raisin.

L’élevage est surtout important pour les ovins dont le cheptel s’élevait à 54 millions de têtes en 2004 (4e producteur mondial). On compte également 26 millions de caprins et 8,8 millions de bovins.

L’exploitation forestière a été ralentie dans les années 1970 afin d’éviter la déforestation. Elle atteignait 794 000 m3 en 2006.

La pêche, bien que peu développée, reste une importante source de revenus. La production était de 527 912 tonnes en 2005. Le caviar iranien (œufs d’esturgeons de la mer Caspienne) représente 20 % de la production mondiale.

4.3 Mines et industries

Le secteur secondaire fournissait 41,2 % du PIB en 2003 et employait 31 % de la population active.

L’industrie pétrolière a été nationalisée en 1951. La production pétrolière a fortement chuté depuis 1979, en raison tout d’abord d’un effort pour maintenir les prix du pétrole, mais aussi à cause de la guerre contre l’Irak, la plupart des combats ayant eu lieu dans les régions productrices. La majeure partie du pétrole est exportée par superpétroliers à partir des terminaux de l’île de Kharg, dans le golfe Arabo-Persique. En 2004, la production atteignait 1,4 milliard de barils de pétrole et 75 milliards de m3 de gaz naturel. Outre les hydrocarbures, l’Iran produit du fer (4,2 millions de t), du charbon (1,2 million de t), du cuivre, du plomb et du zinc. Plus de 80 % de l’électricité est générée par des usines thermiques utilisant du pétrole, du gaz naturel ou du charbon. Le reste de la production électrique provient d’usines hydroélectriques.

L’industrie iranienne, qui s’est développée dans les années 1970, reste très limitée. Elle concerne en premier lieu le textile (coton et laine d’Ispahan, laine de Tabriz, soie de Mazandéran) et l’industrie du tapis, particulièrement célèbre, puis l’agroalimentaire (caviar, vin de Chiraz) et la pétrochimie.

4.4 Secteur tertiaire et commerce extérieur

Les services fournissaient 47,6 % du PIB en 2003 et employaient 45 % des actifs.

L’unité monétaire iranienne est le rial iranien, divisible en 100 dinars.

Le pays est desservi par un réseau routier de 179 388 km, dont 67 p. 100 sont asphaltés. L’Iran possède, en outre, 7 131 km de voies ferrées. Les principaux ports de la mer Caspienne sont Anzali et Bandar Torkman. Les ports maritimes les plus importants du golfe Arabo-Persique sont Khorramchahr, Bandar Khomeyni, Bandar Abbas, ainsi que le terminal pétrolier de l’île de Kharg.

En 2003, le montant total des importations s’élevait à 25,6 milliards de dollars et celui des exportations à 33,8 milliards de dollars. Plus de 90 % des revenus de l’exportation proviennent de la vente de pétrole brut et des produits dérivés. La majeure partie des importations est constituée par des produits alimentaires et des produits manufacturés. Les principaux partenaires commerciaux de l’Iran sont l’Allemagne, le Japon, l’Italie, le Royaume-Uni et les pays en voie de développement.

5 HISTOIRE

Si les habitants du plateau iranien ont longtemps nommé leur pays Iran (« pays des Aryens «), ce n’est qu’en 1935 que l’appellation d’Iran a été officiellement adoptée. Jusqu’alors, l’Iran était connu sous le nom de Perse.

5.1 Origines

Les premières occupations humaines de l’Iran remontent au paléolithique et des témoignages de sédentarisation sont datés du néolithique. Les recherches archéologiques ont permis de mettre au jour des civilisations protohistoriques iraniennes jusqu’alors insoupçonnées, telle la civilisation de Jiroft (sur le plateau iranien), découverte au début du xxie siècle.

La première civilisation historique de l’Iran serait la civilisation élamite, qui se développe dans le sud-ouest au début du IIIe millénaire av. J.-C. Pour sa part, le plateau iranien est occupé à partir de 1500 av. J.-C. environ par des tribus aryennes.

5.2 La Perse antique
5.2.1 L’Empire des Achéménides

Au milieu du vie siècle av. J.-C., un premier Empire perse est constitué par la dynastie des Achéménides. En 550 av. J.-C., Cyrus le Grand s’émancipe de la domination mède et entame l’extension territoriale de la Perse : à l’ouest, il conquiert en particulier la Lydie, l’Asie Mineure et l’ancienne Mésopotamie (région antique située entre le Tigre et l’Euphrate) ; à l’est, il étend son influence jusqu’aux rives de l’Indus. Son successeur Cambyse II s’empare pour sa part de l’Égypte en 525 av. J.-C. Quant à Darios Ier le Grand, s’il repousse encore les frontières de l’Empire, il est avant tout l’organisateur du vaste territoire dont il hérite en 521 av. J.-C. : création de la route royale entre Sardes et Suse, réforme de l’organisation du territoire avec la division de l’Empire en satrapies (provinces gouvernées par des fonctionnaires royaux), etc. L’Empire des Achéménides tombe à la suite des campagnes d’Alexandre le Grand, qui intègre la Perse à son propre empire, en 330 av. J.-C.

5.2.2 L’Empire des Sassanides

Un nouvel Empire perse émerge en 224 apr. J.-C., dirigé par la dynastie des Sassanides ; il est défait par les Arabes musulmans, qui conquièrent la région au viie siècle. Pour plus d’information sur l’histoire antique de l’Iran, reportez-vous à l’article Perse antique.

5.3 La Perse islamique (651-1925)
5.3.1 Conquête arabo-musulmane

La conquête de l’Empire perse sassanide par les Arabes musulmans est initiée durant le califat d’Omar (634-644) ; en quelques années, l’empire adopte la nouvelle religion et la dynastie sassanide s’effondre en 651. L’ancienne religion zoroastrienne, bien qu’officiellement tolérée par les dirigeants musulmans, tombe en désuétude. Dans la seconde moitié du viie siècle, les populations du plateau iranien prennent même en majorité le parti d’Ali, dont le califat est contesté par Mu’awiya Ier ; ce dernier fonde alors une nouvelle dynastie, celle des Omeyyades, dont il est le premier calife — ce conflit entre Alides et Omeyyades est à l’origine du schisme de l’islam, entre courants sunnite et chiite (lequel est majoritairement adopté en Iran).

Les influences culturelles sont réciproques entre les cultures sassanide et islamique : si l’empire des Omeyyades (basé à Damas) est centré sur d’anciennes provinces byzantines, celui que créent leurs successeurs de la dynastie abbasside (750-1258), qui choisissent Bagdad pour capitale, est très influencé par la culture des Sassanides.

Cependant, le pouvoir des califes se révèle plus théorique qu’effectif. En 809, la mort d’Haroun al-Rachid ouvre la voie aux mouvements séparatistes. Des dynasties locales — comme les Tahirides (820-872), les Saffarides (863-903) ou les Samanides (874-999) — s’émancipent de la tutelle abbasside, essentiellement dans la partie orientale du royaume. Les Buyides chiites règnent même sur Bagdad de 945 à 1055.

5.3.2 Dominations seldjoukide et mongole

À partir du xie siècle, le nord de la Perse est conquis par les Seldjoukides qui, en 1055, prennent Bagdad. Ces Turcs sunnites règnent jusqu’à la fin du xie siècle sur un territoire dont les frontières correspondent globalement à celles de l’ancien Empire perse. Mais les croisades et la création d’États latins en Orient, ajoutées aux révoltes internes — des populations du Khorezm au nord-est, des Ayyubides en Asie Mineure — ont raison de la domination des Seldjoukides.

Au début du xiiie siècle, les Mongols de Gengis Khan déferlent à leur tour sur la Perse, qui devient sous ses descendants (les Il-Khans) le khanat de Perse. Leur domination, difficilement acceptée par les populations locales, a de graves conséquences économiques et sociales. Le processus de nomadisation, déjà amorcé du temps des Turcs, s’accélère avec la destruction des villages et entraîne la régression de l’agriculture. Affaiblis par leurs dissensions internes, les Il-Khans sont balayés par les hordes de Tamerlan, qui de 1360 à 1405, réussit à bâtir un immense empire ayant pour centre Samarkand. Après sa mort, les Timurides parviennent à se maintenir uniquement sur le centre et le nord de la Perse jusqu’en 1517, favorisant une renaissance culturelle avec le développement d’une littérature « nationale « et l’introduction de techniques et de thématiques artistiques venues d’Extrême-Orient, tandis qu’à l’ouest, les nomades turkmènes d’Asie Mineure et d’Azerbaïdjan, émancipés, se constituent en confédérations souvent rivales.

5.3.3 La Perse classique des Safavides

Depuis le xive siècle, une partie de l’Azerbaïdjan est dominée par des descendants du calife Ali, les Safavides. L’un d’entre eux, Ismaïl Ier, se fait proclamer chah de Perse en 1501 et, après avoir éliminé les Turkmènes de la région, il entreprend d’édifier un vaste empire qui, dans les premières années du xvie siècle, s’étend de l’Azerbaïdjan au golfe Arabo-Persique, et de l’Irak aux confins de l’Elbourz. S’appuyant sur la religion, élément unificateur, les Safavides font du chiisme la religion nationale et construisent un État prospère.

Le règne d’Ismaïl Ier est marqué par la naissance d’un conflit avec les Turcs ottomans, qui occupe ses successeurs et ne s’achève qu’avec la prise de Bagdad, en 1623, par le chah Abbas Ier. Son règne marque l’apogée du royaume safavide, tant au niveau politique que culturel. Il noue les premières relations commerciales avec la Compagnie britannique des Indes orientales, réorganisant même son armée avec des conseillers anglais. Il rétablit l’ordre et le calme dans son royaume et fait construire à Ispahan, sa capitale, de splendides monuments. Mais ses successeurs se montrent incapables de poursuivre son œuvre. Si son influence culturelle demeure forte dans l’Inde moghole, au sein de l’Empire ottoman et jusqu’en Europe, le pays est miné par des conflits internes entre chiites et sunnites et, en 1722, les tribus afghanes sunnites pillent Ispahan.

5.3.4 L’immixtion de l’Occident

En rébellion contre les Afghans, Nader, un chef de bande originaire du Khorassan (région de l’est de l’Iran), lève une armée nationale qui chasse les intrus en 1729. Couronné chah en 1736, il poursuit une campagne triomphale de conquêtes territoriales qui le mène jusqu’à Delhi (1739), au Turkestan et au khanat de Boukhara, vassalisé. Ses descendants, les Zend, connaissent une période de paix et de prospérité. Leur dynastie est renversée par un chef d’ascendance turco-mongole, Agha Muhammad Chah, fondateur de la dynastie des Kadjars. Après avoir installé sa capitale à Téhéran, il entreprend de prendre la Géorgie (passée sous domination russe) et de pacifier le Khorassan (resté fidèle à Nader). L’assassinat de Nader Chah, en 1797, ouvre l’ère de déclin de l’Iran.

Les Européens, et en premier lieu les Russes, dont l’expansion vers le sud est motivée par la recherche de débouchés maritimes, ainsi que les Britanniques, ont désormais le champ libre. Ces derniers ne tardent pas à acquérir une place prépondérante dans le commerce et les finances de l’Iran.

En 1828, l’Iran perd ses provinces du Caucase (Arménie, Azerbaïdjan du Nord) au profit de la Russie. En 1847, l’Empire ottoman s’assure la souveraineté sur les régions du Chatt al Arab. Les Britanniques, vainqueurs des Iraniens en 1856-1857, les forcent à évacuer l’Afghanistan et à en reconnaître l’indépendance. Durant les années 1880, les Russes établissent peu à peu une sphère d’influence au nord de l’Iran, tandis que les Britanniques obtiennent le contrôle du golfe Arabo-Persique.

En 1900, la Russie prend le contrôle des douanes iraniennes en échange de prêts financiers. Un an plus tard, les Britanniques obtiennent une concession de soixante ans pour exploiter les ressources pétrolières. La rivalité entre les deux pays ne s’apaise qu’en 1907, lors de la signature d’un accord rendu nécessaire par l’Entente cordiale : les frontières de l’Iran sont fixées, des zones d’influences attribuées. Le nord-ouest échoit aux Russes, le sud-est aux Britanniques, le centre reste neutre.

En réaction à cette mainmise sur le pays et à la faiblesse des souverains iraniens, un mouvement nationaliste se forme au début du xxe siècle. Il exige l’instauration d’un gouvernement constitutionnel. En 1906, sous la contrainte, le souverain Muzzafar al-Din réunit le premier Madjlis (Parlement) qui promulgue une Constitution libérale. Son successeur, Muhammad Ali Mirza (1907-1909), absolutiste, est déposé au profit de son fils Ahmad Chah, âgé alors de douze ans. Il lui est alors difficile de lutter contre la mainmise étrangère. En 1911, c’est d’ailleurs William Morgan Shuster, un financier américain, qui se voit confier par le Madjlis la tâche de réformer les finances nationales.

5.4 L’Iran des Pahlevi (1925-1979)
5.4.1 Un État convoité par les grandes puissances

L’Iran reste neutre pendant la Première Guerre mondiale, mais est le théâtre d’affrontements entre Britanniques, Russes et Ottomans pour le contrôle des gisements de pétrole. Les Britanniques qui cherchent, à la fin de la guerre, à établir un régime de protectorat se heurtent à la réaction de différents mouvements nationalistes. L’un d’entre eux est couronné de succès en 1921 : Riza Khan, commandant d’une force de cosaques iraniens, renverse le dernier des Kadjars. En 1925, il est couronné chah, fondant ainsi la dynastie Pahlevi. Son règne, durant lequel la Perse devient officiellement l’Iran (mars 1935), est une ère de modernisation générale du pays, tant au niveau des infrastructures que de l’appareil administratif. Dans le même temps, la société est remodelée par un vaste programme d’occidentalisation et marquée par un nouveau statut de la femme (le port du tchador est aboli). Mais l’Iran ne devient pas pour autant un État démocratique : le pouvoir, autoritaire et centralisé, réprime avec force toute forme d’opposition. Les concessions pétrolières sont renégociées : l’Iran perçoit dorénavant des redevances sur les bénéfices des sociétés pétrolières.

Neutre au début de la Seconde Guerre mondiale, l’Iran est envahi par le Royaume-Uni et l’Union soviétique en août 1941, dans le but de protéger les gisements pétroliers d’une éventuelle emprise allemande. Les Alliés assument le contrôle de toutes les communications iraniennes, et Riza Chah, autrefois défenseur des intérêts de l’Axe, doit abdiquer en faveur de son fils, en 1941.

Le nouveau souverain, Muhammad Riza Chah, conclut un traité avec les Britanniques et les Soviétiques, par lequel ces derniers s’engagent à respecter l’intégrité territoriale de l’Iran et à se retirer six mois après la fin des hostilités. Ces principes sont réitérés lors de la conférence de Téhéran en novembre 1943. L’Iran signe la charte des Nations unies à San Francisco, le 26 juin 1945, devenant l’un des membres fondateurs de cette organisation.

En 1945, les provinces d’Azerbaïdjan et du Kurdistan, sous contrôle soviétique, se soulèvent contre l’Iran et proclament leur autonomie. Les Soviétiques empêchent l’Iran de réprimer cette insurrection, cependant que les Britanniques refusent de quitter leur zone d’occupation. De longues négociations se tiennent alors, à l’issue desquelles, le 2 mars 1946, les deux pays se retirent et l’ordre est rétabli.

5.4.2 Le pétrole, source de conflits

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Iran refuse d’exploiter ses ressources pétrolières avec l’Union soviétique, et accepte une aide américaine. Le choix fait par Muhammad Riza Chah, en faveur du camp occidental, se traduit, en 1949, par l’interdiction du parti communiste iranien (Toudeh), jugé prosoviétique. Cependant, le pouvoir des compagnies pétrolières étrangères est de moins en moins accepté par l’opinion publique. Le gouvernement doit s’entendre avec l’Anglo-Iranian Oil Company, contrôlée par les Britanniques, sur un doublement des redevances sur le pétrole. Le Parlement ne ratifie pas cet accord, jugé insatisfaisant par plusieurs membres.

Après l’assassinat du Premier ministre, le général Ali Razmara, par un nationaliste (7 mars 1951), le Madjlis (Parlement) décide de nationaliser l’industrie pétrolière. Muhammad Mossadegh, chef d’une coalition de groupes nationalistes (Front national) et partisan de la nationalisation du pétrole, reçoit la confiance du Parlement et accède au poste de Premier ministre. Les tentatives pour résorber, par la négociation, la crise qui s’ensuit entre l’Iran et le Royaume-Uni échouent. Mossadegh refuse les propositions des États-Unis, de la Banque mondiale et de la Cour internationale de Justice. En 1952, il demande les pleins pouvoirs et le contrôle de l’armée. Malgré son hostilité, le chah doit finalement s’incliner.

Si le Royaume-Uni accepte la loi de nationalisation iranienne, elle continue à exiger une compensation, ce qui conduit à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, le 22 octobre 1952. Au début de l’année 1953, le Parlement prolonge les pouvoirs dictatoriaux de Mossadegh d’une année. Le Premier ministre exige alors que le chah soit privé de ses pouvoirs.

Le chah, qui s’oppose à Mossadegh sur bien des points, parmi lesquels la question du pétrole, démet son Premier ministre de ses fonctions à la mi-août 1953. Celui-ci refuse de se retirer, et des affrontements opposent pendant plusieurs jours ses partisans aux royalistes. Ces derniers, soutenus par l’armée, la police et la CIA, obtiennent le contrôle de Téhéran et arrêtent Mossadegh. Le 5 septembre, le gouvernement américain accorde à l’Iran un prêt d’urgence de 45 millions de dollars. L’Iran reprend ses relations diplomatiques avec le Royaume-Uni. Mossadegh est condamné le 2 décembre à un an et demi d’emprisonnement pour rébellion.

En 1954, le gouvernement iranien et les représentants d’un consortium pétrolier international, formé de huit compagnies, dont l’Anglo-Iranian, s’entendent sur la réactivation de l’industrie pétrolière nationalisée : le Consortium gérera l’industrie, mettra sur le marché la production pétrolière, partagera les profits de manière équitable avec l’Iran et versera des compensations à l’Anglo-Iranian pour les pertes subies. En 1958, le gouvernement iranien conclut avec les compagnies américaines un accord garantissant à l’Iran 75 % des profits.

5.4.3 « Révolution blanche « et révolution islamique

Réinstallé en 1953 sur le trône avec l’aide des États-Unis, Muhammad Riza Chah se rapproche de ce pays : en mars 1959, l’Iran signe un accord de défense avec Washington, puis reconnaît Israël en 1960. Cette décision envenime ses relations avec la Ligue arabe, qui décide d’étendre le boycottage lancé contre les partenaires commerciaux de l’État israélien à l’Iran.

À la suite d’un conflit avec le Parlement, le chah accorde en 1961 à son Premier ministre le pouvoir de gouverner par décret. L’année suivante, Muhammad Riza lance une réforme agraire, connue sous le nom de « révolution blanche «. Certains groupes religieux et conservateurs, opposés à ce programme de redistribution des terres et à l’émancipation des femmes, encouragent un soulèvement en juin 1963, mais, en 1966, toutes les grandes et moyennes propriétés sont réparties entre près de 4 millions de paysans. Au cours des années 1960, outre ce programme foncier, le chah favorise l’industrie nationale et s’attache à diversifier les exportations. Le niveau de vie de l’Iran s’accroît rapidement, notamment grâce à un engagement de la fortune personnelle du chah.

À la fin des années 1960, l’Iran se dégage progressivement de l’emprise américaine et renforce ses relations diplomatiques avec les pays communistes ainsi qu’avec l’Europe. Au début des années 1970, l’Iran resserre également ses liens avec le bloc arabe, à l’exception de l’Irak, du fait d’un contentieux territorial portant sur le Chatt al Arab ainsi que sur plusieurs îles du golfe Arabo-Persique (que l’Iran occupe en 1971). Les deux pays mettent temporairement fin à leur différend en signant un accord en mars 1975.

En même temps, voulant consacrer son pouvoir absolu, le chah annonce la fin du multipartisme et la formation d’un parti unique, le parti de la Résurrection nationale. L’élection d’une nouvelle Assemblée nationale a lieu en juin 1975. La police secrète du chah, la Savak, forte de plus de 100 000 hommes, réprime durement l’opposition grandissante. Celle-ci est surtout le fait de mouvements islamistes, dirigés, depuis la France, par l’ayatollah Ruhollah Khomeiny, en exil depuis 1963. En 1978, à l’instigation des islamistes, des émeutes d’une rare violence ont lieu dans plusieurs villes iraniennes. À la fin de l’automne, le pays est entraîné dans une guerre civile et, en janvier 1979, les fidèles de l’ayatollah contraignent le chah à l’exil, mettant ainsi fin à un règne de trente-sept ans. Peu après, Khomeiny revient triomphalement à Téhéran.

5.5 La République islamique (depuis 1979)
5.5.1 L’Iran de Khomeiny (1979-1989)

Le nouveau régime de l’ayatollah Khomeiny met fin aux relations étroites avec les États-Unis et exécute des milliers de membres de la Savak et de partisans du chah. En novembre 1979, lorsque le souverain déchu s’exile aux États-Unis, des militants de la Révolution envahissent l’ambassade américaine à Téhéran, prenant en otages cinquante-trois personnes. En échange de leur libération, le nouveau régime exige le retour du chah dans son pays afin qu’il soit jugé, ainsi que le remboursement de milliards de dollars que les islamistes l’accusent d’avoir détourné des caisses de l’État. Sans qu’un accord officiel soit intervenu, les otages sont finalement relâchés en janvier 1981.

Les relations s’aggravent également avec l’Irak qui exige, en septembre 1980, la révision de l’accord de 1975. Cette révision refusée, l’Irak abroge unilatéralement l’accord, et attaque l’Iran, s’emparant, en décembre, de la zone frontalière du Khouzistan, au sud-ouest de l’Iran, particulièrement riche en pétrole. La guerre Iran-Irak se prolonge huit ans. Durant la même période, les Kurdes à l’ouest, les Azéris au nord et les Arabes au sud-ouest prennent les armes contre le gouvernement afin d’obtenir l’autonomie.

Sur le plan interne, la République islamique est proclamée par référendum le 1er avril 1979, situation entérinée par une nouvelle Constitution approuvée en décembre 1979. Lors de l’élection présidentielle qui a lieu en janvier 1980, les électeurs portent leur choix sur Abol Hassan Bani Sadr, un économiste libéral formé dans les pays occidentaux, collaborateur de l’ayatollah Khomeiny, le Guide suprême de la révolution. Cependant, les élections parlementaires sont remportées par le Parti républicain islamique, rassemblant une grande partie du clergé, favorable à l’établissement d’une théocratie. Ce conflit aboutit en juin 1981 à la destitution par Khomeiny du président de la République Bani Sadr, qui est contraint à l’exil. Aux élections générales d’octobre 1982, le religieux Ali Khamenei est élu. La mainmise des religieux radicaux sur tous les rouages de l’État est complète. Elle remodèle en profondeur la société iranienne, passée totalement sous leur contrôle, y compris au niveau judiciaire.

5.5.2 Un espoir d’ouverture

À la mort de Khomeiny, en juin 1989, Ali Khamenei est désigné comme Guide suprême. En juillet, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, porte-parole du Parlement, est élu à la présidence de la République.

En 1990, l’Iran condamne à la fois l’invasion du Koweït par l’Irak et le déploiement des troupes de la coalition en Arabie Saoudite, mais reprend les relations diplomatiques avec l’Irak, qui abandonne ses revendications territoriales contre l’Iran. Lors de la guerre du Golfe, l’Iran reste officiellement neutre, mais abrite plus de cent avions de guerre irakiens. Téhéran soutient ensuite la rébellion des chiites du sud de l’Irak contre le régime de Saddam Hussein.

Si l’Iran ne peut exporter sa révolution islamique, il tente cependant de réaffirmer son statut de puissance régionale : il se rapproche de la Chine, du Pakistan, de la Turquie, mais aussi, après 1991, des républiques du Caucase et d’Asie centrale, nouvellement indépendantes. Le régime iranien, qui nie toujours être l’un des commanditaires du terrorisme international, demeure, en revanche, l’objet de l’ostracisme américain. Les États-Unis décrètent, en mai 1995, un embargo commercial contre l’Iran, renforcé en août 1996, que n’appliquent pas les pays européens. Ceux-ci préfèrent établir un « dialogue critique « avec le gouvernement iranien, malgré la réaffirmation, en janvier 1993, par le président Rafsandjani de la fatwa condamnant à mort, en 1989, l’écrivain Salman Rushdie pour son livre les Versets sataniques. Sans annuler cette dernière, le gouvernement Khatami s’en désolidarise en 1998, ouvrant la voie au rétablissement des relations diplomatiques avec le Royaume-Uni.

Sur le plan interne, la dégradation de l’économie nourrit une contestation sociale croissante, tandis que se multiplient les centres de pouvoir et que se développe l’opposition entre « conservateurs « et « libéraux «, partisans d’une relative ouverture à la modernité. Les élections législatives d’avril 1996, remportées par les conservateurs, voient entrer des candidats indépendants au Madjlis (Parlement). En mai 1997, l’islamiste modéré, Mohammad Khatami accède à la présidence de la République.

Cette victoire rend compte de la mobilisation des jeunes et des femmes, ainsi que de l’exaspération provoquée par les mesures d’austérité du régime. Malgré les tensions entre « conservateurs « et « modernistes «, le principe d’une dissociation croissante entre pouvoir politique et pouvoir religieux semble s’imposer. En dépit de l’opposition des conservateurs, qui mettent tout en œuvre pour bloquer la politique d’ouverture du gouvernement (arrestations, interdiction de publication de certains journaux…), celui-ci cherche à sortir l’Iran de son isolement international : tentative d’ouverture vers les États-Unis en 1998 ; appel au dialogue avec l’Union européenne en 1998 ; présence renforcée de compagnies étrangères, notamment dans le domaine pétrolier ; ouverture vers l’Arabie saoudite, la Syrie et le Qatar en mai 1999. En revanche, les succès des talibans en Afghanistan, simultanément au meurtre de diplomates iraniens, entraînent fin 1998 une vive tension entre les deux pays.

Malgré ces signes d’ouverture, l’été 1999 est marqué par des affrontements d’une violence inégalée depuis 1979, entre étudiants, qui protestent contre la restriction de la liberté de la presse, et forces de l’ordre, soutenues par les intégristes. Les élections législatives au printemps 2000 assurent la majorité absolue (170 sièges sur 290 dès le 1er tour) aux réformateurs, partisans du président Khatami. Ces résultats constituent un élément positif pour une possible démocratisation des institutions, même si armée, justice et forces révolutionnaires sont encore aux mains des conservateurs. En mai 2000 s’ouvre le procès de 13 juifs iraniens accusés d’espionnage au profit d’Israël, témoignant des clivages qui perdurent entre les réformateurs et les conservateurs. Si les premiers tentent de mener à bien une libéralisation du régime, tant sur le plan économique que sur le plan diplomatique, les seconds s’opposent à toute évolution, multipliant au contraire la fermeture des journaux réformistes et les arrestations de personnalités de la tendance libérale. Ainsi, l’Iran se rapproche de l’Arabie saoudite avec laquelle Téhéran signe un accord de sécurité en avril 2001, et amorce une timide reprise des relations avec l’Irak. Mais dans le même temps, le Tribunal révolutionnaire, aux mains des conservateurs, fait arrêter une quarantaine de membres du Mouvement pour la liberté en Iran, organisation interdite et proche de Khatami. La perspective de l’élection présidentielle de juin 2001 aggrave encore les tensions.

En juin 2001, Mohammad Khatami est réélu triomphalement, avec 77 % des voix, plus que lors de sa première élection, en 1997. Son principal adversaire, le conservateur Ahmad Tavakoli, recueille quant à lui 16,5 % des suffrages. Reconduit à la tête de l’État pour quatre ans, Mohammad Khatami continue d’incarner l’espoir de liberté des Iraniens. Ses partisans espèrent que le soutien massif de la population lui permettra de bénéficier d’une marge de manœuvre plus grande face aux conservateurs, et qu’il pourra mener à bien les réformes attendues. Il apparaît rapidement qu’il n’en est rien. Si les étudiants tentent d’organiser la contestation du régime en 2003, ils restent isolés, tandis que le prix Nobel de la paix attribué à Shirin Ebadi, une avocate militante des droits de l’homme, trouve un écho avant tout hors d’Iran. Au plan des relations internationales, le pays subit les attaques du président américain George W. Bush, qui, en janvier 2002, place l’Iran sur un « axe du mal « (avec l’Irak et la Corée du Nord) en raison de ses activités nucléaires. Lors de la guerre lancée par les troupes américaines contre l’Irak de Saddam Hussein au printemps 2003, l’Iran reste cependant officiellement neutre. En décembre 2003, le pays est frappé par un séisme de magnitude 6,3 qui touche la ville historique de Bam et fait 40 000 morts.

5.5.3 La restauration conservatrice

L’Iran apparaît dans une impasse politique et sociale alors que le mouvement réformateur est freiné par les conservateurs, qui détiennent le monopole de la justice. Cette situation est confirmée par les élections législatives de 2004, marquées par la défaite des réformateurs, l’interventionnisme croissant du Conseil des gardiens dans le processus électoral et une abstention record. Le succès des conservateurs s’accompagne d’un durcissement au sujet de la question nucléaire, à l’origine de vives tensions avec la communauté internationale, qui suspecte l’Iran de développer un programme nucléaire à des fins militaires sous le couvert d’un programme de recherche civil et pacifique. Ces inquiétudes s’intensifient avec l’élection à la présidence, en juin 2005, de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Vainqueur surprise de l’ancien président Rafsandjani (avec 61,7 % des suffrages au second tour), Mahmoud Ahmadinejad (âgé de 48 ans) est considéré comme le représentant d’une nouvelle génération de la « droite idéologique «, à laquelle bénéficie le désenchantement des laissés-pour-compte de la République islamique. Élu maire de Téhéran en 2003, il semble être parvenu à séduire les milieux défavorisés par ses origines et ses manières modestes, sa réputation de bon musulman et son discours populiste. Tandis que les craintes de radicalisation du régime sont nombreuses, le nouveau président s’engage à édifier un État islamique développé et puissant, et à réduire les inégalités sociales en garantissant une meilleure redistribution des richesses. En politique extérieure, il se distingue rapidement par ses attaques contre Israël et le peuple juif, ne craignant pas la surenchère négationniste, ainsi que par son intransigeance dans la poursuite du projet nucléaire iranien.

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