Jean COCTEAU

« Jean Cocteau En mai 1917, Cocteau présente ce spectacle intituléParadeau théâtre les salons où se presse le Tout-Paris, du Châtelet.Lecaractère jugé Romancier adulé, cinéaste admiré, ceuxde MmeAlphonse Daudet, irrationnel de ce « spectaclecomplet» poète respecté,dramaturge et d'Edmond Rostand, de la comtesse entier sous l'influence de la comtesse suscite la réprobation du public dessinateurd'exception, Jean de Chevigné ou de la princesse Murât.

Anna de Noailles (1876-1933), tenue et de la critique.Pour la postérité. Cocteau est l'un des créateurs Cocteauy fréquente Lucien Daudet alorspourle plusgrand poètefrançais Parade incarnera l'i espritnouveau » les plusféconds du W siècle. vivant.

Longtemps, Cocteau entretient annonciateur du surréalisme. - le fils du romancier -, Marcel Successivement proustien, Proustet le compositeur Reynaldo une amitié passionnée avec celleà • Cocteauy gagne tout au moins avant-gardiste, dadaïste,surréaliste, Hahn.

Grâceà leur entregent,il laquelle ildoiten partieson inspiration une légitimité musicale.Dansle Coq présente, le 4 avril 1908en matinée, nouvelle, faite de noblesse et de néoclassique et féerique, ilest, et l'Arlequin, illivreun manifeste de l'âged'or des années 1920 gravité.Ensa compagnie,ilachève en faveur de la jeune musique un récitalde poésie dans une salle auxannées sombres de l'Occupation, à la mode des Champs-Elysées, le ses classes poétiques. française anti-wagnérienne - celle un véritable baromètre du milieu théâtre Femina,devant un parterre de Georges Auric, de Francis Poulenc artistique parisien : ilen incarne d'invités prestigieux qui luifont un et de Darius Milhaud.

Le texte quasiment tous les courants et tous triomphe.

Ses poèmes, imprimésun est considéré comme le manifeste les arts, hors l'architecture.

Son an plustard dans la Lampe d'Aladin, du groupe des Six - formé des originalité empêchede l'enfermer sont salués par la revue littéraire pécédentsplus Arthur Honegger, dans telle ou telle mouvance littéraire symbolistefe Mercure de France Germaine Tailleferre et Louis Durey. ou artistique.

S'il utilise, voireconjugue qui y décèle la promesse d'un destin toutes les formes d'expression, glorieux.

Mais dès avantce recueil, ce créateur passé maître dans l'art le premier poème publiépar du sortilègen'a obéi qu'à un seul Cocteauest un sonnet, les Façades, dansée sur une musique à la fois foraine et populaire de Milhaud, le Bœufsurle toit, qui est applaudie par le publicde la Comédie des mot d'ordre : éblouir. dans la revue Je sais tout. • Durant les deux années suivantes, —a Le prince frivole le Tout-Paris dans des clubs • Voici donc Cocteau consacré nouveau du quartier de la Madeleine, LeGaya,puis LeBœufsur le toit. • Il écrit des poèmes - Vocabulaire (1922),Plain-Chant (1923)-, des articles ansique ses premiers romans, dont le style renoue avec un certain UN «.TOUCHE A TOUT» • Pour soutenir la vocation littéraire - son titre fait référence à la danse DE GENIE de son fils, sa mère le conduit dans que le jeune Sophocleexécuta,nu, après la victoirenavalede Salamine (480 av.

J.-C).

Lerecueil est tout Champs-Elysées en février 1920. Quatre moisplustard, une nouvelle • farce, y les Mariés de la tour Eiffel-un j mariage , de petits•\ bourgeois qui t.tourne au grotesque -, dans le même lieu et miseen musique par le groupe des Six, rencontre le même succès.

Dans les deux cas, Cocteau est l'auteur du texte et le créateur des décors et des costumes. Les « Années folles » Cocteau joue du jazzet reçoit L'ENFANT PRODIGE • Clément EugèneJean Maurice Cocteau naît le 5 juillet1889à Maisons-Laffitte au sein d'une famille dauphinde la poésie française.

Les portes du Parisculturels'ouvrent au jeune dandy à l'allureexcentrique et mondaine, qui emménage dans une garçonnière rue de Varenne, près du musée Rodin.

Ily accueille bourgeoise.

Ilest le troisième enfant de Georges Cocteau (1842-1898), avocat devenu rentier, et d'Eugénie de nombreuses amours masculines. Lecomte(1855-1943). Si l'homosexualité est à l'époque • Le5 avril 1898, son père se suicide vécue comme une anomalie de la avec une arme à feu dans le lit nature, celle de Cocteau ne semble conjugal.

JamaisJean Cocteau n'évoquerace drame : tout juste remarque-t-on la récurrence de la figure d'Œdipe dans son œuvre, pas incongrue dans le milieu qu'il fréquente ni dans une capitale habituée aux excentriques, depuis les Incroyables du Directoire jusqu'aux Ifili'.HH L'ENTRE-DEUX-GUERRES • Lacréation par Diaghilev du ballet le Sacre du Printemps, sur une musique de Stravinski, en mai 1913, est pour Cocteau une révélation. Lecompositeur lui ayant confiéqu'il des dons remarquables pour le pianoet pour le dessin.

Adolescent, avaitécritson œuvre après l'avoir en partie conçue en rêve, Cocteau se met à consommer force quantité de sucre,substancequi étaitalors décadents chers au romancier réputéefaire rêver.

Le Potomak, sorte français Joris-Karl Huysmans. d'autobiographie ésotérique illustrée • Enmai 1909,Cocteaus'enthousiasme de 95 dessins et rompant avectoute pour les Ballets russes de Serge composition logique, qu'ilachève Diaghilev, menés par Nijinski et en 1913 maisqui ne paraîtraqu'en il effectue en revanche des études Karsavina.

Il entre dans l'intimité secondairesmédiocresau lycée Condorcet, à Paris : ses professeurs voienten luiun élève intelligent de glucose.Cocteaula considère commeson premier livre authentique. lui fera • Enseptembre 1914, emporté par JcDHUHLLV dessiner l'enthousiasme patriotique, ilse porte les affiches volontairepour devenir infirmier. de son Ilfaitaussison baptêmede l'airavec spectacle l'aviateur Roland Garrosqui lui inspire le Spectre un nouveau recueilde poèmes, de la rose, le Cap de Bonne-Espérance (1919), représentant que la critiquereçoitfroidement, ses deux dénonçantsa prose « cubiste » et ses innovations syntaxiques danseurs CSAflDE «IIOII DE PARU vedettes. assimilées à du « petit-nègre ». Cesaffiches, très appréciées, marquent • En mars 1915,Cocteau est enfin le début de la carrière de dessinateur appelé sous les drapeaux.

En juillet, et de peintre de Cocteau. il est sur le front de la Somme avec • LePrincefrivole, son deuxième son peloton d'ambulances.

Son recueil de poèmes, paraît en 1910.

Il comportement est exemplaire. est jugétrès « artiste »,dans un style mais aussi celles de la mort, du suicideet du sang. • Enfant,Jean Cocteau montre mais facilement distrait.

Il est recalé trois fois au baccalauréat - un « banal diplôme » dont il ne se soucieguère, luiqui entend se consacrer tout entier à la poésie. La naissancedu poète • Trèstôt, Cocteau croise des personnalités du monde littéraire comme Colette et s'intéresse aux milieux du spectacleet du cirque. Au théâtre, il s'enthousiasme pour les monstres sacrés, Arletty ou Mistinguett. • Àdix-sept ans, il apparaît comme un très beau jeune homme, à la fois frêle- ilsera réformé pour faiblesse de constitution - et fébrile.

Il noue plusieurs liaisonsféminines, surtout avec des comédiennes, du moins jusqu'àvingtans, avant que l'éventail de ses goûts,en se réduisant, ne mette sous l'éteignoir ses velléités hétérosexuelles. 1919,est l'œuvre issue de cet excès du choré graphe, qui BALLETS RUSSES volontairement suranné, et confirme LE TOURBILLON DE Les années de guerre L'« ESPRIT » NOUVEAU lestatutde plusjeunepoètede France • Reprenantsa vie mondaine dès de son auteur, auquel MarcelProust sa démobilisation en 1916, Cocteau prédit « les plus hautes destinées ».

organise un spectacle collectif sans • Son troisième recueil poétique, texte qui alliela peinture, la danse, Radicuet et Dada classicisme.

Le Grand Écart (1922) • Cocteau connaît dans l'entre- est une quasi-autobiographie relatant les expériences d'un héros qui est son double.

Leroman reçoit un accueil beaucoup moinslouangeur que le Diableau corpsde son ami Radiguet, paru la même année. Thomas l'imposteur (1923), publié deux-guerresune période d'intense créativité placée sous le signe de l'avant-garde. • En 1918, il rencontre Raymond Radiguet (1903-1923) chez le chez Gallimard, est un roman sur poète la guerre qui suscite un accueil également froid de la critique. • Après la mort subite de Radiguet auquel il était très attaché, le Max Jacob. • Il qualifie de « phéno mène des 12 décembre 1923, Cocteau use d'un lettres « remède », l'opium, qui anesthésie son chagrin, mais le rend à vie dépendant de cette drogue. • L'année suivante, ilfait paraître françaises » le jeune écrivain, de quatorze ans son cadet, qu'il prend sous son aile, le faisanttravailler et participer à toutes ses activités.

En 1952, il écrira un article à son sujet, intitulé « Cetélèvequi devintmon maître». • Toujours soucieuxde « coller » à son temps,Cocteau cherche à intégrer le mouvement dadaïstefondé par Tristan Tzara, et la revue Littérature créée en 1919 par les surrréalistes André Breton, Louis Aragon et Philippe Soupault.Toutefois, la suractivité de Cocteau et la crainte de ces jeunes poètes de voir cet aîné prendre la place de Guillaume Apollinaire, mort en 1918, comme chef de file de l'avant-garde lui vaut l'inimitié du groupe surréaliste. Bretonle qualified'« être le plus haïssable de ce temps » et d'autres membresdu groupe de « charogne » ou de « bête puante ». la Danse de Sophocle (1912), la musique, la plastique et le mime. traduit son état d'exaltation après la découverte de l'art chorégraphique Ses partenairessont Picasso, Satieainsi collective auprès des Six.

Ilcompose que Diaghilev et ses Ballets russes. notamment le scénario d'une farce • Cocteau se console dans l'action en livraisons successives, dans la NouvelleRevuefrançaise, le roman inachevé de Radiguet, le Baldu comte d'Orqel, qu'ilretouche« pieusement» pour en faire un chef-d'œuvre. • En 1924 toujours,ilfaitjouer l'adaptation d'un Roméoet Juliette qu'il avaitécriten 1916, spectacle dans lequelilinterprètele rôlede Mercutio,qui marque l'époque par sa scénographieet son éclat.Ilmonte également te Train bleu au théâtre Mogador, présenté comme un « spectacle de plage ». Lamusique est signée Milhaud, la chorégraphie Diaghilev, les costumes CocoChanel et le rideau de scène Picasso.. »