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Jouhandeau, Marcel - écrivain.

Publié le 30/04/2013

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Jouhandeau, Marcel - écrivain. 1 PRÉSENTATION Jouhandeau, Marcel (1888-1979), écrivain français dont l'oeuvre abondante allie, à partir de données autobiographiques, un sens de l'observation parfois cruel à une interrogation torturée sur les hommes et sur Dieu. 2 L'OEUVRE D'UNE VIE Né le 26 juillet 1888 à Guéret, dans la Creuse, Marcel Jouhandeau grandit sous l'influence d'une mère et d'une tante au catholicisme fervent. Après avoir abandonné le projet de devenir prêtre, il se rendit à Paris pour y passer une licence de lettres (1912) ; il y resta et enseigna dans un collège privé jusqu'en 1949. En 1914, il détruisit ses premiers essais littéraires mais, en 1921, il publia la Jeunesse de Théophile, puis en 1924 les Pincengrain, qui fit scandale. Il se maria en 1929 avec la danseuse Caryathis, sans renoncer à l'amour des garçons, et adopta une fillette. Jusqu'à sa mort, survenue le 8 avril 1979, Jouhandeau cultiva la vie « intérieure et indépendante « par l'écriture prolifique et toujours continuée de sa propre vie. On garde aussi de lui une vaste correspondance (fonds déposé à la bibliothèque Jacques-Doucet) dont seule une petite partie est éditée (correspondance avec André Gide, Jacques Rivière). C'est en effet sa propre vie que Jouhandeau a dès le début choisie comme matière de son oeuvre, même si l'autobiographie y est dans les premiers temps (avant 1939) souvent transposée et démarquée et même si elle passe par des genres littéraires variés (roman, récit, conte, portrait, « chroniques «, souvenirs, journal, autoportrait, essai moral, etc.). La ville natale devient Chaminadour, ville « ironique et mystique «, lieu permettant de multiplier anecdotes et portraits, pour une oeuvre qui se veut « arbre à visages « ( la Jeunesse de Théophile, 1921 ; les Pincengrain, 1924 ; les trois Chaminadour, 1934-1941 ; les sept Mémorial, 1948-1973). Caryathis devient Élise dans un récit où l'auteur dissèque une cruelle relation conjugale (Chroniques maritales, 1935, complétées en 1938). Céline, la fille adoptive, trouve son tendre portrait dans l'École des filles (1961). Mais c'est la figure de l'auteur lui-même, sous de nombreux avatars, que nous offre cette oeuvre : Théophile, le « fils du boucher « de Chaminadour, Juste Binche, Godeau ( M. Godeau intime, 1923 ; M. Godeau marié, 1933). La confidence est parfois impudique (De l'abjection, 1939 ; Carnets de Don Juan, 1947). Les volumes autobiograhiques s'accumulent après guerre : Scènes de la vie conjugale (1948-1959), Mémorial (1948-1973), Journaliers (28 volumes publiés de 1957 à 1988). 3 UNE OEUVRE MYSTIQUE ET TOURMENTÉE Pour Jouhandeau, la cruauté de la peinture morale et l'homosexualité sont deux vices qu'il cultive pour mieux rendre compte, au sein de l'enfer même, de la présence de Dieu : ce sont là des « échelles de Jacob « qui relient le monde et l'Éternité. Cette mystique, présente dans toute l'oeuvre de Jouhandeau, est explicitée dans les essais moraux (Algèbre des valeurs morales, 1935 ; De l'abjection, 1939 ; Éloge de la volupté, 1951 ; Carnets de l'écrivain, 1957). L'oeuvre de Jouhandeau peut rebuter : ressassement, complaisance envers soi-même, cruauté morale insoutenable, refus des préoccupations sociales et politiques (Jouhandeau, fasciné par l'Allemagne nazie, a publié pendant l'Occupation dans la presse de la collaboration). Mais elle peut aussi exercer une fascination par la haute tenue de son style à la fois pittoresque et abstrait, par la manière toute classique dont l'auteur y joint l'observation et les préoccupations religieuses et morales et surtout par les tourments qui la fondent. Chez Jouhandeau, le roman provincial se métamorphose en « divine comédie «, la chronique en « descente aux enfers « (titre de 1963). Sous l'apparent cynisme se montre un courageux refus des préjugés ; sous la misogynie un attachement indissoluble aux femmes ; sous la confrontation à l'Éternel une identification à Dieu. « Conte d'enfer « (titre de 1945), l'oeuvre de Jouhandeau se place sous les signes, opposés et confondus à la fois, de la sanctification et de la profanation. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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