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"LA LIBERTE ECLAIREE PAR LE DETERMINISME", SARTRE

Publié le 10/12/2010

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liberte

 La liberté représente l'état de l'être qui n'obéit qu'à sa volonté, indépendamment de toute contrainte extérieure, elle est la capacité de se déterminer soi-même à des choix contingents. Étant donné que notre conscience accompagne tous nos choix nous avons le sentiment que nos actions sont causées par notre liberté. Mais l'homme est-il vraiment libre de ses choix ? Est-il, seul, l'auteur de sa vie en tant que liberté d'être ? La liberté dont on dispose, ne serait alors qu'une illusion. Sartre nous amènerait cependant à croire que "le propre de la réalité humaine, c'est qu'elle est sans excuse"  et que l'homme existe en tant que liberté absolue. L'homme serait-il alors plus libre que ce que certains philosophes nous amènent à croire ? Peut-il décider à lui seul de sa destinée ? Par ailleurs, n'est-il pas plus honnête d'affirmer que la liberté produit ses propres obstacles plutôt que de soutenir qu'ils sont un empêchement à notre liberté ? C'est en se sens que Sartre nous conduit tout au long de cet extrait de l'Être et le Néant. Ainsi, sommes nous capables de liberté ? C'est la question à laquelle nous allons tenter de répondre.

 

I. L'HOMME N'EST PAS ENTIERMENT LIBRE DE SES CHOIX : IMPUISSANCE DE L'HOMME.

 

A. L'homme n'est pas libre.

 

     L'homme, quel qu'il soit, n'est pas entièrement libre de ses choix. En effet, l'homme fait preuve d'impuissance d'une part, devant les situations qui peuvent le conduire en échec ou au succès mais plus encore d'autre part,  devant ce qu'il est en réalité : "Je nais ouvrier, Français, hérédosyphilitique ou tuberculeux". L'homme n'est libre ni d'échapper au sort de sa classe, de sa nation, de sa famille. Cette thèse nie la liberté humaine et renvoie à la condition de l'homme dans le monde et de sa liberté. En effet, tout nous amène à croire que "l'histoire d'une vie, quelle qu'elle soit, est l'histoire d'un échec". Le terme d'échec doit se prendre dans le sens très précis d'obstacle : autrement dit, la vie humaine viendrait toujours buter contre des limites, des obstacles, des empêchements, qui sont autant d'argument contre la liberté ; les hommes seraient ainsi toujours "tenus en échec", parce que nombre de choses ne dépendent pas d'eux : leur milieu social, leur nationalité, leur santé personnelle. La vie serait alors faite pour que chacun suive une ligne de conduite sans s'en écarter ; elle serait alors synonyme d'un destin indubitable, dont on ne pourrait se défaire. Ainsi, "bien plus qu'il ne parait se faire, l'homme semble être fait".

 

B. Il est soumit au déterminisme.

 

     On conçoit habituellement la liberté comme la capacité d'agir sans contrainte, ou encore comme la faculté d'effectuer des choix sans y être obligé ni forcé. La liberté tendrait donc à se confondre avec le libre-arbitre, c'est à dire la capacité de se déterminer par soi-même, spontanément et volontairement. Or, le libre-arbitre paraît difficilement compatible avec la principe de causalité en vertu duquel tout ce qui se produit est attribué à une cause. En d'autres termes, tout ce qui survient à un moment donné dans le réel peut-être rattaché à des phénomènes antérieurs qui en furent les causes ou tout au moins les conditions. Ainsi, par exemple, notre personnalité, nos goûts, nos aptitudes, seraient la conséquence d'un ensemble de facteur : caractères innés et acquis, milieu familial, circonstances de notre enfance: tous ces facteurs les auraient déterminés. C'est ce que Kant, sans l'affirmer, commence à démontrer dans la Critique de la Raison pure. Nous sommes en effets pas libre de nos actes et de ce qui les auraient provoqués, c'est ce qu'il nomme le "caractère empirique". L'homme est donc soumis au déterminisme, c'est à dire à l'enchaînement nécessaire entre une cause et son effet. Une chose ne peut exister que si une cause ne la pas produit.

 

C. La liberté n'est qu'une illusion  : Spinoza.

 

     De plus, l'homme est d'abord une chose soumise aux lois, il ne peut donc pas prétendre être libre. Par ailleurs, Spinoza rejoins ce que Sartre évoque dans la début de cet extrait et va plus loin en affirmant la liberté n'est qu'une illusion qui est liée à l'ignorance des causes qui nous pousse à agir. La volonté n'est pas libre elle-même. Ceci est la conséquence de la constitution humaine. Le désir, que je ne contrôle pas car il dépend des sensations du corps, fait de nous des marionnettes qui croient à leur liberté car nos actions sont accompagnées par la conscience. Par exemple, une pierre qui dévale une pente et à qui vous donnez la conscience pensera être à l'origine de son mouvement. Ainsi, ce premier paragraphe établit un bilan, une balance de ce qui s'oppose à la liberté originel de l'homme.

 

II. MAIS L'HOMME EN UN CERTAIN SENS RESTE LIBRE.

 

A. L'homme reste un être libre.

 

     Si Sartre relate, pour commencer, les faits qui contredisent la liberté de l'homme, il choisit ensuite de nier ces faits établis. En effet, selon Sartre, la liberté est ce qui définit l'homme en tant qu'homme. Contrairement aux autres choses de la nature, les hommes n'ont pas tous une définition qui leur attribuerait une fonction dans la vie. Cette absence de définition a priori oblige l'homme à se choisir, à inventer ce qu'il veut être. En ce sens "l'homme est condamné à être libre". L'homme n'est constitué que par son action . De plus, Sartre s'appuie sur l'analyse cartésienne pour contredire la conception déterministe et affirmer que l'homme est libre. Descartes affirme que l'homme est en partie libre, il "reconnaissait à la fois que la volonté est infinie et qu'il faut tâcher à nous vaincre plutôt que la fortune". En d'autres termes, l'homme est d'une part, libre de ces choix, libre d'être de qu'il désir et d'autre part, capable de faire face à ce que l'on pourrait qualifier d'infortune. Ainsi, il en faut pas prendre en considération la fortune au sens de hasard  mais plutôt d'assurer de ses propres choix.

 

B. Absence de sens dans la chose brute/ la liberté produit ses propres obstacles.

 

     Par ailleurs, Sartre remet en cause le coefficient d'adversité des choses en tant qu'argument contre la liberté. En effet, en l'absence de la conscience humaine les "choses" sont neutres et ne peuvent se manifester comme adversaire ou comme auxiliaire. En outre, leur "sens" dépend des projets de l'homme. Sartre donne l'exemple du rocher qui peut être une aide si je veux escalader pour contempler le paysage ou un obstacle si je veux le déplacer. Ainsi, les choses ne sont pas ce qui nous tient en échec, mais ce qui oppose un coefficient d'adversité à mon action. En somme, c'est en agissant que nous posons ce qui nous fait obstacle ou non et ce n'est pas, à l'inverse, les obstacles qui détermine l'étendue de notre action. Par conséquent, c'est notre liberté qui constitue ses limites : le coefficient d'adversité des choses ne peut pas être qualifié d'entrave à notre liberté.

 

C. La liberté constitue en réalité le fondement du déterminisme.

 

     Pour finir, la liberté constituerait en réalité le fondement du déterminisme : la connaissance des lois de la nature, de l'histoire permet de mieux aborder le présent et de se préparer, dans une certaine mesure, à l'avenir. C'est en ce sens que la connaissance est libératrice. Un homme libre est un homme qui sait ce qu'il fait , et qui peut donc, être tenu pour responsable de ses actes. La connaissance des contraintes qui nous entourent nous permet de nous en affranchir. L'homme est donc, comme tout homme, libre des ses choix, de ses actes et cette liberté engage sa pleine responsabilité. C'est la thèse que défend Kant dans la Critique de la Raison pure ; l'homme est entièrement coupable de ses actes et malgré toutes les conditions empiriques de l'action la raison est pleinement libre.

 

     Ainsi, Sartre recourt à deux logiques pour juger le degré de liberté d'un homme. Il expose la conception déterministe qui nie la liberté de l'homme pour ensuite la contester à l'aide de l'analyse cartésienne.  Il rejette les arguments utilisés par les déterministes et montre que l'homme reste libre malgré qu'il ne puisse pas avoir d'influence sur le sort de sa classe, de sa nation, de sa famille : ainsi, "je choisis non mon être, mais ma manière d'être". Par conséquent, Sartre affirme que l'homme est libre, qu'il est responsable de ce qu'il devient en se choisissant.

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