La Macédoine, cocktail explosif de nationalités
Publié le 22/02/2012
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Expliquant que Skopje ne tient pas à " insister, car cela se révélerait contre-productif ", le ministre affecte, paradoxalement, dene pas être trop " ému " et considère que, finalement, tout cela se retourne contre Tirana.
En revanche, ce qui est " un scandale ", souligne Ljubomir Frchovski, c'est " le contrôle que Tirana tente d'exercer sur lesstructures politiques en Macédoine ".
Il fait allusion aux interférences de l'Albanie dans la vie du principal parti albanais, le Partide la prospérité démocratique, qui vient d'éclater au terme d'une très grave crise interne.
Une crise dans laquelle Tirana amanifestement joué un rôle de premier plan.
Ainsi, l'ambassadeur d'Albanie à Skopje a-t-il lui-même participé à des réunions dela direction du Parti, au moment où celui-ci était soumis à une tentative d'OPA de la part de personnalités considérées à Skopjecomme une émanation directe du pouvoir albanais.
L'enjeu de ces manoeuvres ? Le contrôle, par Tirana, de la communauté albanaise de Macédoine, répond-on de façon quasiunanime dans la capitale macédonienne.
" La scission (au sein du Parti de la prospérité démocratique) s'est faite sous l'influencede forces politiques d'Albanie ", accuse Muhamed Halili, s'interrogeant pudiquement sur l'implication directe du pouvoir albanais :" La question est de savoir si cela s'est fait au su du président Berisha.
" En tout cas, des sources dignes de foi à Skopje assurentque les tracts annonçant la scission du parti auraient été imprimés par l'ambassade d'Albanie.
Et la situation ne manque pas de piquant : les scissionnistes - apparemment très minoritaires - refusent de créer un parti sous unautre nom et se présentent toujours sous l'étiquette du Parti de la prospérité démocratique, qu'ils entendent conserver et ce,malgré l'opposition totale de la direction " historique " du parti.
Pour celle-ci, c'est volontairement que les " néos " cherchent àentretenir la confusion au sein de l'électorat albanais de souche.
Le programme politique de ces derniers est, d'ailleurs,exactement identique à celui du Parti de la prospérité démocratique.
" Eviter de mettre le feu aux poudres "
Toujours très optimiste, le ministre de l'intérieur consent à trouver le jeu de Tirana " dangereux ", mais pour estimer dans lafoulée que " l'Albanie est, finalement, perdante ", que " son ingérence s'est retournée contre elle ", que " son influence dans lasociété albanaise de Macédoine a diminué, ainsi que le prouve le fait que le courant suivant Tirana s'est affaibli par rapport à laligne officielle du Parti de la prospérité qui a, elle, gagné du terrain ".
Il est vrai que des responsables politiques albanais desouche ont dénoncé publiquement cette tentative de mainmise sur le parti, au grand dam de Tirana, pour qui ces responsablessont devenus des " bêtes noires ".
Si le pouvoir macédonien cherche tant à minimiser l'impact des manoeuvres de l'Albanie - tout en protestant régulièrementauprès de Tirana - , c'est qu'il veut à tout prix " éviter tout ce qui pourrait mettre le feu aux poudres ", commente un journalistemacédonien.
En outre, pour celui-ci, " l'objectif du président Gligorov est d'impliquer au maximum les Albanais de souche dans lavie publique de façon à ce qu'ils ne regardent pas du côté de l'Albanie ".
Reste que, pour le Parti de la prospérité démocratique, les autorités macédoniennes ont encore du chemin à parcourir avantque les Albanais de souche soient " correctement représentés dans les institutions de l'Etat ".
C'est qu'un profond différendoppose les deux communautés sur cette représentation, les chiffres sur la composition de la société macédonienne donnant lieu àpolémique en raison du boycottage du recensement de 1991 par la communauté albanaise.
Un nouveau recensement est enprincipe prévu pour juin de manière à mettre fin à ce différend lourd de dangers.
Mais les Albanais de souche cherchentostensiblement à repousser l'échéance.
Pour Muhamed Halili, par exemple, le recensement ne pourra avoir lieu que dans un an et non dans un mois, si l'on veut quetoutes les conditions soient réunies pour que l'opération soit " sérieuse ".
Dans les milieux politiques macédoniens, on attribuecette attitude au fait que les responsables albanais ne tiennent pas particulièrement à ce que l'incertitude régnant sur l'importancede leur communauté soit dissipée et préfèrent continuer à jouer sur des chiffres " gonflés ".
La Macédoine a réussi à se tenir, jusqu'à présent, à l'écart de la guerre qui ravage l'ancienne Yougoslavie.
Mais personne, à Skopje, ne se risquerait à crier victoire.
Cocktail de nationalités et problèmes économiques à l'intérieur, pressions (embargo grec, ingérences albanaises) de la part devoisins réservés sur l'existence même d'une Macédoine de création récente - désignée à Belgrade sous le nom de " Serbie dusud ", reconnue par la Bulgarie voisine qui refuse, toutefois, de reconnaître le peuple macédonien - : les risques de déstabilisationne manquent pas sans parler des répercussions immédiates qu'aurait, ici, tout conflit ouvert au Kosovo.
Mais chacun, à Skopje,a en tête l'expérience dramatique de la Bosnie-Herzégovine....
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