La Poésie Se Résume-T-Elle Aux oeuvres Versifiées ?
Publié le 25/09/2010
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La poésie ( venant du grec « poiein « signifiant créer, faire créer) est un genre littéraire très ancien écrite sous différentes formes. A travers les époques, la poésie a continué d’exister et est restée dans la culture de l’humain. Les poètes comme Victor Hugo (« les rayons et les ombres «) , Baudelaire ( les fleurs du mal « Spleen et idéal « et Le spleen de Paris « le fou et la Vénus «) , Verlaine (« un rêve familier «), et bien d’autres poètes ont leurs poèmes toujours présents dans nos bibliothèques. La poésie est un art du langage qui utilise une grande partie des ressources du langage français. La poésie regroupe des aspects très différents se dégageant de la poésie versifiée, les poètes ont créé la poésie en prose.
La poésie versifiée est constituée de vers. La versification est l’ensemble des techniques employées dans l’expression poétique de la langue française. Le vers ( venant du latin « versus « signifiant le sillon, la ligne d’écriture, retour à la ligne et vers) est souvent repérable dans les poésies par un retour à la ligne fréquent. Ainsi, il est souvent associé à la poésie mais toutes les poésies ne contiennent pas de vers. Il est l’œuvre de l’assemblage de mots suivant certaines règles comme les rimes, le rythme, la coupe, les harmonies ou autres. La poésie versifiée suit un schéma métrique. Le schéma métrique est constitué de trois grandes familles de mètre : -Les mètres quantitatifs (Quantité ou durée des syllabes)
-Les mètres accentuels ( S’appuyant sur l’accent tonique)
-Les mètres syllabiques ( S’appuyant sur les propriétés prosodiques, sur les syllabes.)
Pour lire des poésies et en apprécier le contenu, il faut connaître les règles avec lesquelles elle a été écrite.
Un poème est constitué de plusieurs strophes de longueur égale ou différente. Une strophe regroupe un nombre de vers défini par le poète. Le poème versifié de Baudelaire, les fleurs du mal « Spleen et idéal « est composé de quatre strophes identiques, contenant chacune quatre vers. Ce sont, ici, des quatrains. Le poète Pierre Ronsard a choisi d’utiliser dans son poème « le second livre des amours de Marie « (p.28 de l’anthologie de Villon à Verlaine) quatre strophes dont deux sont constituées de quatre vers et deux sont constituées de trois vers ; ce poème est ainsi appelé un sonnet.
Quand le poète crée les vers, il choisit un nombre précis de syllabes contenu dans un vers. Cette caractérisation est appelée ‘‘rythme’’. Les rythmes les plus souvent utilisés dans la poésie sont l’octosyllabe, le décasyllabe et l’alexandrin, le premier possédant huit syllabes, le deuxième possédant dix syllabes et le dernier possédant 12 syllabes. Certains rythmes syllabiques sont dépourvus de césure (coupure) comme l’octosyllabe qui n’en contient aucune ; d’autres en contiennent comme le décasyllabe (contenant une césure soit à la quatrième ou cinquième ou sixième syllabe) et l’alexandrin (contenant une césure à la quatrième syllabe). Le poème de Victor Hugo, les rayons et les ombres, « Fonction du poète «, possède des octosyllabes comme rythme de poésie. ( « Peuple ! écoutez le poète !
1 2 34 5 6 7 8
Ecoutez le rêveur sacré ! )
1 2 3 4 5 6 7 8
Les poètes peuvent, pour produire un effet, faire prononcer deux sons dans une seule syllabe. Ainsi le poète Victor Hugo a utilisé ce procédé appelé Diérèse dans son vers
« Il fit sci-er son oncle Achmet entre deux planches « dans son poème intitulé : « La légende des siècles « . A l’inverse de ce procédé, la synérèse prononce une syllabe où parfois il y en a deux comme le mot « ouvrier « qui a la place d’être prononcé « Ou-Vri-Er « sera prononcé « ou-vrier «.
De plus, les poètes, écrivant des œuvres versifiées, utilisent des rimes soit féminines (lorsqu’elles se terminent par une syllabe muette) ou masculines ( toutes les autres rimes). Le but est d’alterner rime féminine et rime masculine. Les rimes sont situées à la fin des vers, juste avant d’aller à la ligne. Elles peuvent avoir plusieurs formes : Rimes croisées ( suivant le schéma ABAB), Rimes Plates ( AABB) ou des rimes embrassées (ABBA) . Dans le poème, les fleurs du mal « Spleen et idéal «, Baudelaire utilise des rimes croisées.
( « A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux. «.)
De nombreux auteurs tels Victor Hugo, Baudelaire, Verlaine et d’autres ont suivi les règles de versification en respectant les strophes, les vers, le nombre de syllabes et les rimes.
La poésie ne se limite pas aux œuvres versifiées. Le poète peut se détourner du vers et écrire en prose. L’art poétique en prose est né au XIXème siècle suite au recueil des poèmes de Gaspard de la nuit d’Alysius Bertrand ( recueil paru en 1842 ). Le poème en prose est né d’une révolte contre les règles contraignantes de la poésie versifiée. Le poème en prose (venant du latin « prosa « ) ou la prose poétique est difficile à définir, étant un texte ne visant pas à raconter une histoire, ne visant pas à transmettre une information mais essayant de transmettre un effet poétique. Les auteurs de poèmes en prose cherchent donc à créer un effet visuel et non un effet auditif. Les poètes s’expriment d’une manière assez simple dans l’art poétique en prose. Ils utilisent des vers inégaux, ne font pas de retour à la ligne fréquent, n’utilisent pas de rime et n’utilise pas de strophe. Dans son poème intitulé « histoire d’un crime, 4 . La victoire «, Victor Hugo écrit « Prés de la lampe, sur une chaise, il y avait une vielle femme, penchée, courbée, pliée en deux, comme cassée, sur une chose qui était dans l’ombre et qu’elle avait dans ses bras. Je m’approchai. Ce qu’elle avait dans les bras, c’était un enfant mort. «. Dans cette citation du poème, Victor Hugo n’utilise ni rime, ni retour à la ligne, ni strophe. Il utilise donc la forme du poème en prose.
Cependant, les poèmes en prose sont composés de paragraphes et non de strophes. Baudelaire utilise cette méthode dans le poème intitulé Le Spleen de Paris « le fou et la Vénus «
« On dirait qu’une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l’azur du ciel par l’énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l’astre comme des fumées .
Cependant, dans cette jouissance universelle, j’ai aperçu un être affligé. « Il s’agit donc d’une poésie en prose. Même s’il n’utilise aucune rime et aucun vers, il utilise toujours le langage poétique grâce à son langage métaphorique et imagé. Le poème en prose a permis aux poètes de découvrir de nouveaux rythmes, de nouveaux moyens d’expression, leur donnant la possibilité de mettre en œuvre des rêves et du fantastique. Ainsi les auteurs utilisant ce genre
d’ écriture paraissent comme des personnes à l’esprit individualiste et refusant les règles contraignantes d’un monde déjà défini. La poésie peut donc exister hors des contraintes des vers que présente la poésie versifiée, la poésie en prose intègre des cadences et des thèmes de chansons ou de ballades. A travers ce style de poème, les poètes ont créé un genre littéraire à part entière et d’une autonomie totale. Certains poètes comme Baudelaire, Victor Hugo, Rimbaud et d’autres ont dans un premier temps, écrit des poèmes versifiés et ensuite des poèmes en prose. Pour Rimbaud et Baudelaire, l’art poétique en prose permet d’explorer le monde infini du Moi et de se rapprocher du monde supérieur. Les poètes abandonnent donc les rimes, les vers et les retours à la ligne des poèmes versifiés pour écrire des poèmes en prose.
Finalement, la poésie a une utilisation qui varie d’un auteur à un autre, au fil des siècles. Chaque auteur exprime des sujets divers et variés, des thèmes et des revendications différents. Des poètes ont ainsi oser rompre avec l’aspect très technique de la poésie versifiée pour créer et développer la poésie en prose. Grâce à eux, la poésie a évolué au cours des époques jusqu’à nos jours et elle continuera certainement son évolution au XXIème siècle. Des tentatives contemporaines s’expriment de nos jours dans le domaine musical donnant naissance à la poésie-chanson comme le Slam ou le Rap.
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