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La Réforme en Suisse

Publié le 27/02/2008

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LA REFORME EN SUISSE Jean Calvin : ses études et son arrivée à Genève

 

Jean Calvin, né à Noyon (France) en 1509, est le fils du procureur fiscal de la cathédrale locale. Jean, que son père destinait à la prêtrise, toucha dès 1521 des bénéfices ecclésiastiques. Il reçut une formation d’humaniste (adepte de l’humanisme, conception philosophique qui place l’homme et les valeurs humaines au-dessus de tout) effectua des études de lettres et de philosophie au Collège de la Marche et de Montaigu, à Paris, puis, fit des études de droit à Orléans où il rencontra Pierre de l’Estoile, mémorialiste français, auteur de Mémoire historique ou littéraire qui fut secrétaire du roi et audiencer de la Chancellerie de France (celui qui est chargé du service intérieur des Tribunaux).

 

Calvin se rendit ensuite à Bourges où il y restera jusqu’à la mort de son père en 1531, pour étudier sous la direction d’André Alciat, spécialiste du droit, faisant partie des humanistes les plus influents de la renaissance, à qui François 1er avait confié le chaire de Bourges (poste de professeur à l’université), lorsqu’il avait dû quitter Milan pour se réfugier en France.

 

Jean Calvin put ensuite se consacrer à l’étude des lettres et écrivit sa première œuvre «un commentaire du De Clementia de Sonèque» publié en 1532.

 

Jean Calvin adhéra aux idées de la réforme protestante vers 1533 et rédigea pour le recteur (responsable) de l’Université de Paris, Nicolas Cop, un discours sur la béatitude. M. Cop était un humaniste, qui devint avec son frère amis avec Calvin, lors de leurs études au Collège de Montaigu. Le recteur a en outre écrit «un discours sur la nécessité d’une Réforme» ainsi que sur «de nouvelles modifications de l’église catholique». Cop affirme ainsi son appartenance à la réforme. Ce discours ayant été dénoncé par la Faculté comme hérétique, lui et Calvin furent obligés de s’enfuir.

 

De plus, Calvin fut condamné par le parlement pour l’«Affaire des placards (affiches)». En effet, des placards contre la messe furent alignés à Paris et à Amboise jusqu’aux appartements royaux. Il dut donc quitter Paris et se réfugia à Bâle où il écrivit «l’Institution de la religion chrétienne». Puis, il se rendit en Italie, chez la Duchesse Renée de France où s’était constitué un cercle de partisans de la Réforme. Il partit ensuite à Paris pour y retrouver ses frères et sœurs. Ensuite, il souhaitait aller s’installer à Strasbourg et y rencontrer Martin Bucer, théologien et réformateur de Strasbourg, qui attache plus d’importance que Luther au Saint-Esprit, qui rend la vie nouvelle possible.

 

Mais, la guerre éclata entre François 1er et l’empereur Charles, contraignant Calvin à faire un détour par Lyon et Genève, où Guillaume Farel lui demanda de rester pour l’aider à y fortifier la Réforme.

 

Genève à la veille de la Réforme

 

Genève était une cité habitée par 13'000 habitants, les foires étaient florissantes et les monastères nombreux, mais relâchés.

 

Calvin proposa au Conseil de ville de réorganiser l’église. Il veut une église idéale où les fidèles s’engageraient volontairement. C’est pourquoi, à l’aide de Farel, ils rédigeront «une Confession de foi» (liste de 21 articles écrits en 1537), qui devra être signée par tous les genevois. Il tentera aussi d’introduire le chant des psaumes pendant les messes, qui est encore aujourd’hui une caractéristique des églises réformées.

2.

 

 

 

Le Conseil de ville a du mal à accepter les propositions de la Réforme de Calvin, mais elles seront néanmoins adoptées après de longues hésitations. Mais, lorsqu’on demanda aux habitants de signer la confession, afin de vérifier «qui souhaite se rallier à l’Évangile et qui préfère appartenir au règne du pape plutôt que d’appartenir au règne du Christ», la résistance contre Calvin s’intensifiera et beaucoup refuseront. De graves accusations seront prononcées contre Calvin, affaiblissant sa position.

 

L’opposition est majoritaire, surtout depuis 1538 où les partis de l’opposition remportaient la victoire aux élections genevoises. Et le Conseil des Deux-cents interdira à Calvin et Farel de prêcher le dimanche de Pâques. Mais, ils ne tiennent pas compte de cette interdiction et seront forcés à quitter la ville dans les trois jours.

 

Farel partira s’installer à Neuchâtel où il devint premier pasteur et y restera jusqu’à sa mort. Quant à Calvin, il fut appelé par Bucer à Strasbourg, où il élabora une deuxième version de son «Institution de la religion chrétienne». Il va y faire la connaissance de Melanchthen (collaborateur intime de Luther). Il donnera des conférences publiques, rédigera des livres et se mariera avec Idelette du Bure en 1540.

 

A Genève, la situation a évolué de façon négative, le désordre règne dans l’Eglise genevoise. La ville de Berne voulant prendre le contrôle de Genève, une guerre ou du moins un conflit s’amorce, mais les partisans de la Réforme arriveront à convaincre une partie des opposants que la Réforme de Calvin est indispensable pour rétablir l’ordre. Calvin refusera tout d’abord, mais après plus de six mois de tentatives pour le faire revenir, il finira par accepter et arrivera à Genève le 13 septembre 1541.

 

Calvin ne pourra toutefois pas imposer toutes ses idées et certaines soulèveront même des conflits. Il souhaite instaurer la discipline ecclésiastique et la mettre en pratique, c’est-à-dire que le Consistoire (organe spécialement chargé d'appliquer la discipline ecclésiastique) aurait la possibilité de convoquer les paroissiens ayant commis un délit pour les punir et même les excommunier. Le Conseil des Deux-cents désapprouvera cette idée, craignant une juridiction parallèle superposée à celle du gouvernement; cette discipline appelée «Ordonnances ecclésiastiques» s’inspire de la conception de Bucer. Jean Calvin considère également l’instruction religieuse des enfants comme capitale et rédigera en 1542 un catéchisme inspiré par «le petit catéchisme» de Luther.

 

Mais, à cette résistance des autorités civiles s’ajouta le mécontentement d’une partie de la population, qui ne supportait par le contrôle de la discipline ecclésiastique. De plus, certains de ses partisans se retournèrent contre Calvin, comme les partisans de la famille Perrin. Ils sont appelés par les calvinistes, les «libertins» (libre penseur qui s’affranchit «se libère» de l’éthique religieuse) et détiendront la majorité au Conseil de Genève pendant 7 ans, ce qui ne facilita pas les rapports entre l’Eglise et l’Etat. Le chef des libertins, Ami Perrin, est une des personnes les plus puissantes de Genève, mais également, un fervent adversaire de la Réforme de Calvin. L’élargissement des libertins au Conseil a fait augmenter les rivalités avec les calvinistes.

 

La volonté de Calvin de défendre la vérité évangélique, l’obligera à s’en prendre à l’humaniste Sébastien Castellion, directeur du Collège de Genève.

 

 

 

 

3.

 

 

 

Le procès de Michel Servet

 

Michel Servet était un médecin espagnol, qui se consacrait également à des questions théologiques. Il fut accusé d’hérésie à Lyon, mais s’enfuit et tenta de partir pour Naples; mais il fut arrêté à Genève à la demande de Calvin. Vienne exigea son extradition, mais les juges genevois, voulant prononcer la sentence, refusèrent ainsi de l’extrader. Il fut donc condamné par les juges à la mort sur le bûcher (mort réservée aux hérétiques), malgré la demande de Calvin d’une exécution moins cruelle et douloureuse.

 

Après avoir éliminé de Genève les fausses doctrines, Calvin put faire de Genève la capital spirituelle du protestantisme et cité refuge, à l’instar de Wittenberg, la ville de Luther.

 

Pour rassembler les Eglises issues de la Réforme, il réussit, à l’aide des partisans de Zwingli, à conclure en 1549 le «Conensus tigurinus». Cet accord rapprocha la Réforme calvienne et zwinglienne.

 

Pour assurer à Genève une large réputation, Jean Calvin créa une Académie en 1559, qui connut un grand succès grâce à la qualité des maîtres. Elle comptait des étudiants originaires de toute l’Europe. Il en confia la direction à Théodore de Bèze, écrivain réformateur qui va adopter le calvinisme, tout en s’installant à Lausanne où il fut professeur de grec à l’Académie de Lausanne.

 

Calvin mourut en mai 1564 et Théodore de Bèze est élu comme successeur. Il succéda Calvin comme Modérateur de la compagnie des pasteurs de Genève. Contrairement à Calvin, il est très attaché à la philosophie d’Aristode.

 

Le Calvinisme

 

Le calvinisme est une doctrine théologique protestante, qui se base sur la souveraineté de Dieu avant toutes choses.

 

Le calvinisme ne provient pas uniquement de la pensée et des écrits de Calvin, d’autres réformateurs eurent une influence considérable sur cette doctrine, comme Martin Bucer, Ulrich Zwingli, Heinrich Bullinger ou Théodore de Bèze. Elle porte tout de même le nom de Calvin, en raison de sa figure dominante du Protestantisme.

 

L’extension du calvinisme

 

En 1549 un «axe théologique» s’est constitué entre Genève et Zürich, grâce à l’accord signé entre Calvin et Bullinger (successeur de Zwingli) nommé «Consensus tigurinus, dans lequel tous deux expriment leur accord sur la Sainte Cène (cérémonie qui rappelle le dernier repas du Christ avec ses apôtres). Pour les catholiques, le pain et le vin qui la composent se transforment réellement en corps et sang du Christ, alors que pour la plupart des réformés, c’est un acte symbolique et le Christ n’est présent qu’en esprit).

 

Le successeur de Calvin, Théodore de Bèze, jouera aussi un rôle important dans l’implantation du calvinisme en Europe. Il fut le chef spirituel des Huguenots, nom donné aux protestants français pendant la guerre de religion (conflits entre catholiques et protestants, qui ont ravagés le Royaume de France).

 

4.

 

 

 

Le calvinisme va donc s’étendre en France et sera la religion des protestants à laquelle Henri IV accorda une existence légale, grâce à l’Edit de Nante (édit de tolérance signé en 1598, quand Henri IV reconnaîtra la liberté du culte protestant). Et sa révocation par l’Edit de Fontainebleau, signé en 1685 par Louis XIV, provoqua la fuite de dizaines de milliers de Huguenots vers la Suisse et le reste de l’Europe protestante.

 

Calvinisme et Luthéranisme

 

Le calvinisme se distingue du luthéranisme dans plusieurs domaines, telles que la théologie, les sacrements de l’ecclésiologie et de l’éthique.

 

Luther admet une communication de la nature du Christ à la nature humaine, c’est-à-dire qu’il reconnaît une présence physique du Corps du Christ lors de la Cène (Eucharistie), mais aussi que le corps possède la propriété divine de l’ubiquité (c’est-à-dire la capacité d’être présent à plusieurs endroits simultanément).

 

A l’inverse, les calvinistes ne croient pas à l’ubiquité. Pour eux, après l’Ascension (élévation du Christ au ciel), le Christ siégeait à droit de Dieu et ne pouvait donc pas être présent dans le sacrement et qu’ainsi, ses apôtres pouvaient confesser la présence du Christ dans la Cène, mais cette présence est spirituelle et non physique.

 

Il y a d’autres points de divergences comme la doctrine de la prédestination (concept théologique selon lequel Dieu aurait choisi les hommes qui seront graciés et auront droit à la vie éternelle).

 

Les luthériens sont contre la double prédestination calvienne (les calvinistes ajoutent que Dieu aurait aussi choisi ceux qui seront damnés) ainsi qu’en matière d’organisation ecclésiastique.

 

Calvin fit en sorte que les quatre ministères deviennent décisifs pour le chemin de l’Eglise. La direction de l’Eglise est constituée de quatre ministères :

 

- Les Pasteurs : qui doivent prêcher, enseigner, administrer les sacrements (baptême et Eucharistie) ainsi que visiter les malades.

 

- Les Professeurs : qui ont pour mission d’interpréter l’Ancien et le Nouveau Testament ainsi que d’enseigner la doctrine du salut aux croyants.

 

- Les Anciens : qui forment le consistoire dit aussi Conseil presbytéral avec six pasteurs élus par le conseil. Ils doivent se préoccuper de la conduite des paroissiens, mais aussi de leur participation au culte et à l’enseignement. En cas d’abus, ils doivent avertir la personne concernée et si elle ne fait rien pour s’améliorer, le Conseil peut appliquer des sanctions comme l’excommunication. Mais, son activité principale est l’arbitrage des conflits, généralement entre conjoints.

 

- Les Diacres : qui ont deux fonctions, soutenir les pauvres et soigner les malades. La première fonction consiste à recueillir les aumônes et à les redistribuer aux pauvres, ainsi qu’à subvenir à leur alimentation. La deuxième fonction consiste à organiser les hôpitaux et les auberges pour les étrangers. Les soins médicaux sont gratuits pour les pauvres et les enfants.

 

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