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La restauration et les ultra-royalistes

Publié le 02/04/2012

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« La Restauration et les ultras-royalistes »

     

     

Durant toutes les années de la Révolution et de l'Empire, malgré les revendications pour la liberté et les aspirations républicaines montantes, le mouvement royaliste subsiste, avec d'une part les nobles émigrés en Europe, et d'autre part des mouvements internes encore puissant, notamment durant la guerre civile en Vendée (1793-1796) et de manière plus souterraine, par le développement de sociétés secrètes royalistes, comme les « Chevaliers de la foi » a Bordeaux. Aussi les idées de la Révolution ne sont-elles jamais réellement entérinées

Ce mouvement reprend de l'ampleur a cause des faiblesses du régime napoléonien, qui s'enlise dans des guerres couteuses, meurtrières et de moins en moins victorieuses. C'est d'ailleurs l’entrée des armées étrangères en France qui va signer une première fois la fin de l'Empire, entérinée en 1815 par la fatale défaite de Waterloo. Se met alors en place la Restauration, qui marque le retour de la royauté en France, mais dont la forme divise, entre les partisans d'un royalisme modéré, qui est celui de Louis XVIII, et un mouvement ultra-royaliste de plus en plus insistant.

Comment et pourquoi la France royaliste modérée bascule-t-elle vers un régime ultra-royaliste ?

  1. Nous étudierons comment le règne de Louis XVIII met au centre un royalisme modéré qui empêche le mouvement ultra de s'imposer.

  2. Nous verrons de quelle façon les ultras arrivent pouvoir en profitant de l'affaiblissement du Roi.

  1. Nous montrerons en quoi le régime ultra de Charles X est il la source même de sa chute

     

 

 

  1. Les débuts de la Restauration : le royalisme moere au détriment des ultras-royalistes (1814-1820)

 

En quoi et comment les premières années de la Restauration réussissent-elles a freiner le mouvement ultra ?

 

 

  1. Les premiers temps : l’ambiguïté de la nouvelle monarchie sur la question révolutionnaire

 

a. Le retour du royalisme en France

 

  • La chute de Napoleon avec l’entrée des armées de la coalition étrangère pose la question de la succession de Napoleon.

  • Retour de la noblesse française émigrée

  • Double action des « chevaliers de la foi », société secrète royaliste de Bordeaux, et de Talleyrand a Paris pour asseoir le retour des Bourbons en la personne de Louis XVIII.

  • Ambiguïté de la situation extérieure de la France : pays dont les dirigeants sont allies avec les pays européen, mais pourtant traites en vaincus par eux.

 

Le Royalisme revient donc en puissance en France, cependant la nouvelle monarchie a encore de nombreux défis a relever pour redresser la situation de la France et convaincre les Français

 

 

b. La monarchie constitutionnelle

 

La première mesure est de garantir certains acquis de la Révolution au peuple Français pour garantir la stabilité du régime Des le lendemain de son entrée dans Paris, Louis XVIII promulgue la Charte du 4 juin 1814, qui pose les bases du nouveau régime :

  • Cette charte garantit au peuple français les droits individuels.

  • Elle allège les pouvoirs du roi, qui partage ces pouvoirs avec d'autres institutions (Chambre des pairs, chambre des députes), mais conserve tout de même la suprématie du pouvoir.

Cette charte a donc des allures constitutionnelles, puisqu'elle agit en référence politique suprême, au delà même de la personne du roi.

 

Le nouveau régime souhaite donc conserver les libertés revendiquées pendant la Révolution, mais cela semble être uniquement pour assurer la stabilité du pouvoir, puisque la monarchie de la Restauration nie complètement la Révolution :

  • la charte a pour but de « Renouer la chaine des temps » en oubliant la brisure qu'a constitue la Révolution

  • la charte prend certaine mesures qui se renouent avec l'Ancien régime (réhabilitation de la noblesse en exil, catholicisme comme religion d'Etat, drapeau blanc … )

     

  1. La division entre les ultras-royalistes et les royalistes modérés

     

a. La formation des partis

 

  • parti ultra-royaliste : premier parti a se former sous la Restauration (1816), a partir des idées de Joseph de Maistres entre autres. Idée du pouvoir divin, des droits de la société ( au détriment de l'individu). Soutenu par la Garde Nationale et les Sociétés Populaires. Pour gagner l'approbation de l’électorat, partisan d'un certain libéralisme électoral et parlementaire.

  • parti constitutionnel : se forme peu a peu, en réaction a la Terreur blanche, en faveur d'une Monarchie modérée, fondée sur l'histoire et la philosophie (Royer-Collard)

  • Indépendants ou libéraux (1817) : pour un régime parlementaire, dont le gouvernement serait issu de la majorité parlementaire. (Benjamin Constant)

 

b. La « terreur blanche » ou la victoire des ultras-royalistes

 

  • terreur populaire : les royalistes, exaltes par le retour d'un Bourbon sur le trône de France, réclament la punition des « coupables » de l'Empire, pendant que des mouvements violents se mettent en place un peu partout (assassinats, destructions, conflits religieux …). le gouvernement ne parvient pas a régler la situation, notamment a cause de la « chambre introuvable » composée de fervents royalistes. Démission de Talleyrand

  • terreur légale : Le Roi nomme Richelieu a la place de Talleyrand. Légalisation de la Terreur (suspension provisoire de la liberté individuelle, répression des écrits provocateurs, instauration de tribunaux d'exception), qui n'aboutit a rien : dissolution de la « chambre introuvable ».

     

c. Un mouvement efficacement contre par le parti constitutionnel

 

  • le retour a la paix : le désastre de la Terreur amène les constitutionnels au pouvoir, qui réussissent a rétablir la paix. Important travail de libération du territoire, occupe par les armées étrangères, avec le remboursement des créances étrangères

     

  • la vague de lois libérales : loi électorale Laine (application de la Charte), sont électeurs les hommes de plus de 30 ans qui payent au moins 300 frcs de cens ; loi militaire (1818) : mise en place d'un contingent par tirage au sort pour un service militaire de 7 ans (l’armée n'est plus le champ d'action de la noblesse) ; libéralisation de la presse, suppression de l'autorisation et de la censure.

 

  1. La force du régime incarne par le Roi

 

a. Louis XVIII : l'incarnation de la monarchie modérée

 

  • l'importance d'une politique de compromis : le décalage entre les nobles émigrés pendant la Révolution et l'Empire, et les Français qui ont vécu ces changements politiques est grand. Nécessité de faire des compromis entre tous, pour assurer une certaine stabilité C'est le sens de la Charte de 1814.

     

b. Le Roi, seul maintient de cette ligne politique

 

  • Il se heurte a des oppositions de toutes parts : L’héritier du trône, le Compte d'Artois, pose des problèmes au Roi pour sa ligne politique

  • Le recul du roi, seule ouverture pour les Ultras : son affaiblissement permet aux Ultras de s'imposer petit a petit, puis de prendre le pouvoir a sa mort (1824)

     

Ainsi, la Restauration de Louis XVIII semble être un régime fort et stable, fait de compromis entre les deux clans politiques majeurs. Cependant, la force du régime tient surtout dans celle de Roi, dont l'influence décline peu a peu.

 

 

  1. L'affaiblissement de Louis XVIII : une ampleur grandissante des ultras (1820-1828)

 

Comment les Ultra parviennent-ils au pouvoir et quelles en sont les conséquences sur la politique française ?

 

 

 

  1. Les ultras profitent de la faiblesse du Roi pour s'imposer

 

a. De Richelieu a Villele

 

  • La maladie du Roi permet aux ultra de prendre du pouvoir : le ministère Richelieu, modéré, laisse la place a celui de Villele, ultra proche du Comte d'Artois

  • Le changement de la ligne politique : débute avec le Ministère Villelle une politique de réhabilitation de la monarchie d'Ancien Régime Le but n'est plus de contenter tout le monde mais de glisser progressivement vers un ultra-royalisme d'Etat.

 

b. Le début de la réaction : des bases solides

 

  • S'appuie sur un électorat riche qui lui est favorable. Majorité parlementaire écrasante (16 libéraux pour 430 députés), c'est la « chambre retrouvée ». S'appuie aussi sur le soutien du Roi : en 1824, Charles X succède a Louis XVIII.

     

  • Durcissement et stabilisation du régime : loi sur la presse qui enlève une grands part de ses libertés Stabilisation de l'administration avec organisation du budget (annuel, universel, vote et contrôle) et épuration de la haute administration pour que ne subsistent que les ultras.

 

 

  1. Du Comte d'Artois a Charles X ; la monarchie ultra-royaliste ne fait pas l’unanimité

     

a. Un roi ultra

 

  • Comte d'Artois : avant son accession au trône, il est le chef du parti ultra-royaliste. Le début de son règne fait l'objet d'un certain engouement, la France semble être a nouveau réunie : liesse au moment de son couronnement, majorité écrasante au parlement …

  • Le retour a l'Ancien Régime semble être alors le futur de la France, mais les libéraux tentent de rester une opposition conséquente

     

b. La subsistance de mouvements libéraux

 

La charbonnerie est le plus important et surtout le plus violent. Créée a Paris par 2 étudiants en 1821, il prend une ampleur très rapide, Lafayette devient même un des dirigeants. Volonté de garantir la souveraineté du peuple, libertés individuelles, droit a l'instruction … qui se traduit surtout par des complots et des attentats. Confrontée a une répression impitoyable, elle finit par se disloquer.

La régime ultra réussi a s'imposer.

 

 

  1. Mise en place d'un régime réactionnaire 

 

a. Religieux :

  • Eglise et enseignement : La part de l'Eglise dans la vie sociale française a considérablement réduit pendant la Révolution et l'Empire. Villele et les ultras, qui souhaitent s'appuyer sur la Religion, tentent de la réinstaurer particulièrement dans le domaine de l’éducation En 1822, Monseigneur Frayssinous devient grand maitre de l’Université L’enseignement primaire revient majoritairement au clergé Ainsi, le pouvoir espère rallier la jeunesse a la cause de l'Ancien Régime

  • Eglise et Etat : l'influence de l'Eglise sur l'Etat passe par l'implication dans la vie politique des hauts dignitaires de l'Eglise ( Mgr Frayssinous est ministre des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction Publique), et par la loi sur le sacrilège, de 1825, qui durcit considérablement les châtiments en cas de sacrilège

     

b. Politique :

  • Loi du le milliard des émigres : en mars 1825, une loi est votée en faveur des anciens propriétaires terriens, expropries pendant la Révolution Elle leur assure une rente pour les dédommager de la perte de leur domaine.

  • Loi du droit d'ainesse : Pour conserver une unité dans la répartition des biens et des terres (et ainsi favoriser la monarchie), l’aînée devient le majeur bénéficiaire de l’héritage familial, au détriment des autres.

  • Loi sur la presse : les auteurs doivent obtenir des autorités – qui peuvent appliquer une censure – une autorisation avant publication.

 

Ainsi Charles X réussit rapidement a imposer ses idées ultras-royalistes, et tente de rétablir au maximum le modèle de l'Ancien Régime Mais le décalage avec la population dans la France post-revolutionnaire est bien trop grand, et la politique royale mal adaptée.

 

  1. Un régime strict et archaïque, cause de sa propre chute (1828-1830)

 

Comment Charles X, en s'attachant obstinément a une idée du pouvoir dépassée depuis 30 ans en France, concourt-il a la chute de la Restauration ?

 

  1. Des institutions obsolètes

 

a. La négation de la Révolution, une faiblesse majeure du régime

 

  • La volonté d'oublier la Révolution, déjà présente sous Louis XVIII decredebilise le régime Le peuple a le sentiment que ses dirigeants ne le connaissent pas

  • De fait, les mesures de plus en plus conservatrices sont très mal reçues :

La loi sur la Presse est retirée a cause de la trop forte contestation.

La loi sur le sacrilège renforce l’anticléricalisme

     

b. La montée de l'opposition

 

  • L'opposition monte de plus en plus : contre la réaction religieuse avec des mesures symboliques(réédition du Tartuffe, par ex) ; opposition de gauche, forme de personnes n'ayant pas connu l'Ancien Régime ; opposition de droite, contre la timidité du régime et l'abandon des principes de liberté

  • Chute de Villèlle : la coalition des oppositions affaibli considérablement le ministère Villèlle, qui demande au roi la dissolution de la Garde nationale parisienne, puis celle de la Chambre. Mais c'est un échec, le gouvernement perd la majorité aux élections : Villèlle démissionne.

 

  1. Un régime incertain

     

a. Le ministère de Martignac : tentative de modération

Succède au ministère ultra de Villèlle

  • domaine politique : loi ambiguë sur la presse (allège les contraintes, mais alourdit les sanctions), tente de mettre en place une reforme administrative, qui ne se poursuit pas a cause d'une trop forte opposition.

  • domaine religieux : séparation dans le ministère des affaires ecclésiastiques et de l'instruction(confiée a un laïque) et limitation de l'influence (surtout celle des jésuites) dans les écoles.

Mais ce ministère n'est soutenu ni par le Roi, ni par la Chambre donc sa survie est des le début compromise. Le roi le renvoie après le vote du Budget en 1829.

     

b. Retour aux tendances ultras de Charles X : le ministère Polignac

 

  • Le Roi appelle le Prince de Polignac, qui lui est entièrement dévoué, a la tête du Conseil, en imposant des ministres ultras (la Bourdonnaye et Bourmont notamment), en espérant ainsi le manipuler.

  • Les faiblesse du ministère : le ministère n'a aucune cohérence, et les oppositions internes paralysent le système Il manque aussi de volonté et de ligne politique précise : Polignac se laisse complètement diriger par le Roi, qui a la réalité du pouvoir. Le sentiment de l'imminence d'un coup d'Etat se repend dans l'opinion.

 

 

  1. De la contestation du régime a la Révolution de 1830

 

a. Le début de la contestation :

 

La recherche de liberté est un « mouvement providentiel » tocquevillien, on ne peut l’arrêter. La contestation d'un régime de plus en plus rigide se développe.

 

  • contestation parlementaire du ministère Polignac – Royer Collard prononce l' « Adresse des 221 » (députés signataires), qui accuse le Roi de ne pas respecter la Charte : «  La Charte a fait du concours permanent des vues politiques de votre gouvernement avec les vœux de votre peuple la condition indispensable de la marche régulière des affaires publiques. Sire, notre loyauté, notre dévouement nous condamnent a vous dire que ce concours n'existe pas ». En réponse a cela, le Roi ajourne, puis dissout la chambre, mais le résultat est défavorable au ministère (274 opposants)

  • contestation anti-dynastique : les républicains, encore peu nombreux, sont essentiellement des étudiants ; les orléanistes, incarnes par Louis-Philippe d'Orleans, royalistes a tendance libérale

 

b. La chute de Charles X

 

  • les quatre ordonnances : Charles X cherche a durcir encore le régime pour miner l'opposition, et selon l'article14 de la Charte, s'autorise a gouverner par ordonnances. Le 26 juillet 1830, il signe les 4 ordonnances qui vont mettre le feu aux poudres :

    - Suppression de la liberté de la presse

    - Dissolution de la Chambre

    - Modification de la loi électorale

    - Date des prochaines élections

     

  • les 3 glorieuses : or la résistance a ces ordonnances, illégales qui plus est ( le régime électorale ne peut être modifie par ordonnance), est immédiate Les 27, 28 et 29 juillet, la Révolution qui mène Charles X a sa perte éclate.

     

c. Pourquoi Louis-Philippe d'Orleans apparait-il comme l'homme providentiel ?

     

  • renouer avec la Révolution : La monarchie de Juillet mise en place après la chute de Charles X, prend des accents beaucoup plus libéraux. Les premières mesures Louis-Philippe sont d'abolir les quatre ordonnances, de réviser la Charte de 1814 (pour enfin l'appliquer réellement) et de reconnaître l'existence de la Révolution

  • Le peuple se reconnaît dans son Roi, qui prend l'image d'un « Roi bourgeois » et libéral, selon les diverses mesures qu'il prend (libéralisation de la presse, extension de l’électorat …)

 

 

 

La politique française est donc, pendant toute la Restauration, une imbrication de contradictions, qui résultent de la division irréconciliable entre ultra-royalisme et libéralisme politique. Malgré une tentative de combinaison des deux, mise en œuvre par Louis XVIII, il semble bien que chacun des deux camps n'est pas décidé a laisser sa place a l'autre.

Des lors, la conjoncture politique favorable et un engouement général, qu'explique le sentiment romantique de la faillite de la Révolution, permet aux ultras d’accéder au pouvoir.

Toutefois, la rigueur de la ligne politique ultra-royaliste, qui passe outre tous les idéaux de liberté du temps ou elle formait l'opposition, reste la cause majeure de la chute du régime, accéléré par un peuple révolté voulant, une seconde fois, récupérer le pouvoir qui lui appartient. 

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