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La scission de la Fédération de l'éducation nationale

Publié le 22/02/2012

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6 mai 1992 - Le scandale, on se souvient, était arrivé par une lettre, trouvée chez un restaurateur du quartier de Saint-Germain-des-Prés, devenu, malgré lui, le personnage-clé d'un épisode vaudevillesque. Lundi 23 mars, M. Jacques Estienne, chef de file du courant minoritaire du SNES Unité, indépendance et démocratie (de tendance socialiste), déjeune dans cet établissement où les syndicalistes de la FEN ont leurs habitudes. Il oublie un dossier sur la banquette. Le patron du restaurant le remettra le lendemain à des responsables du Syndicat national des enseignements du second degré venus déjeuner. Ceux-ci découvrent avec stupeur qu'il contient une lettre adressée à M. Jean-Claude Barbarant, secrétaire général du Syndicat national des instituteurs (SNI-PEGC), proche des socialistes. Cette note confidentielle, datée du 21 mars, ne contient rien de moins que le scénario d'explosion de la FEN et de sa recomposition au bénéfice de la majorité socialiste. Champ libre au SNI Avec cet incident, les tensions, déjà vives et anciennes dans le syndicat enseignant entre les frères ennemis - socialistes et communistes, instituteurs et professeurs, - vont atteindre un point de non-retour. Le plan de recomposition, préparé par la majorité de la fédération, va s'appliquer plus vite que prévu. Jusqu'à présent, personne n'avait osé. De congrès en conseils fédéraux, la cohésion était, tant bien que mal, assurée entre la tendance majoritaire animée par des socialistes issus pour la plupart du SNI-PEGC et les minoritaires, composés de onze syndicats, menés par le SNES. L'unité avait été pourtant la raison d'être de la FEN. Née en 1947, au début de la guerre froide, la fédération regroupe des enseignants qui refusent de choisir entre la CGT et Force ouvrière. L'affiliation individuelle à une tendance ou à un courant est autorisée. Socialistes, communistes et trotskistes s'y côtoient. A sa naissance, la FEN compte 162 752 adhérents. Ce nombre ira croissant jusqu'en 1978 : elle représente alors 550 000 syndiqués. Les minoritaires y ont le droit à la parole, au vote et à l'initiative. Puis le vent tourne. Les adhésions se font plus rares, les départs se multiplient. Aujourd'hui, la Fédération de l'éducation nationale revendique 351 000 adhérents, dont la moitié est affiliée par l'intermédiaire du SNI-PEGC. L'opération d'exclusion fera perdre à la FEN 81 000 cartes, dont 72 000 du SNES. Mais l'objectif est clair :permettre à la majorité socialiste d'être libérée du poids de la minorité communiste et laisser le champ libre au SNI-PEGC. Ce dernier souhaite chasser sur les terres lycéennes, où le SNES règne actuellement sans partage. Les minoritaires prêts à se défendre Le conseil fédéral extraordinaire du 6 mai entérine r la rupture. Le suspense est réduit à sa portion congrue : la tendance Unité, indépendance et démocratie (socialiste) de la FEN y est largement majoritaire. Le SNES soulignait toutefois, mardi 5 mai, que s'il avait été facile d'exclure une partie des adhérents au sein de réunions parisiennes et restreintes, il serait, en revanche, beaucoup plus délicat d'annoncer aux militants présents qu'ils ne sont plus membres d'une fédération dans laquelle ils se sont investis. Sans parler des psychodrames prévisibles dans certains départements : comment un président de section pourra-t-il annoncer à des militants avec lesquels il travaille parfois depuis plus de vingt ans qu'ils devront partir ? Comme dans un méchant divorce, les parties en sont réduites aux considérations les plus médiocres : le SNES vient de s'assurer que son patrimoine immobilier - un immeuble et un étage de bureaux dans le septième arrondissement à Paris - et les cotisations versées par ses adhérents n'étaient pas menacés. En province, en revanche, le syndicat est souvent logé dans des locaux alloués par les mairies à la FEN, qui les rétrocède au SNES. Cette défense a une logique : le SNES redoute de devoir couper le cordon ombilical avec la FEN, car il devrait se constituer en syndicat autonome, ce qui réduirait singulièrement son champ d'action. La FEN, quant à elle, demeure une puissance, même ponctionnée des effectifs du SNES et du SNEP. Mais la fédération enseignante garde encore, en son sein, des oppositions. Certaines sont récentes : son quatrième syndicat en nombre d'adhérents, le SNETAA (enseignement technique), a quitté, en 1991, la majorité Unité, indépendance et démocratie pour créer un nouveau courant, baptisé Autrement. La FEN devra aussi faire face à l'érosion du nombre de ses adhérents. Le SNI-PEGC, son principal pilier, a perdu huit points aux élections professionnelles. Libéré de la tendance communiste, il pourrait, très vite, passer à l'offensive et proposer la création d'un nouveau syndicat enseignant, d'obédience socialiste, de la maternelle à la terminale. La chasse est ouverte. MICHELE AULAGNON Le Monde du 7 mai 1992

« D'abord, la France ne se porte pas plus mal-loin de là-que ses grands voisins.

La Grande-Bretagne, qui tolère descommunautés ethniques organisées, se prépare des lendemains difficiles.

L'Italie, passée sans préparation de pays d'émigration àpays d'immigration, est en train de découvrir toute l'ampleur du problème.

Quant à l'Allemagne, la violence raciale s'y manifestechaque jour.

Même si la guerre du Golfe a laissé plus de traces en France qu'on ne le dit, même si le climat reste tendu dansbeaucoup de quartiers et si une " explosion " est encore possible à tout moment, les rapports entre Français et immigrés sontrelativement corrects. Une autre raison de nuancer le pessimisme général est la somme d'actions en cours pour améliorer la situation.

Sans parler del'intégration-tâche de longue haleine, difficile à mesurer, qui occupe des centaines de milliers de responsables politiques locaux,d'enseignants et d'animateurs sociaux-il faut reconnaître que le gouvernement s'est engagé de manière plus sérieuse queprécédemment dans la lutte contre le travail clandestin : la loi votée le mois dernier par les députés a donné aux contrôleurs del'URSSAF le pouvoir de vérifier la régularité du séjour des salariés elle a aggravé les sanctions contre les employeurs en rendantresponsable toute la chaîne de sous-traitance et, parallèlement, les peines ont été renforcées contre les passeurs, lestransporteurs et les logeurs de clandestins. Communiquer autrement Encore faut-il l'expliquer aux Français.

Le pouvoir n'a toujours pas trouvé la bonne manière de parler d'immigration.

Répéter àlongueur d'année que le nombre des étrangers est stable, que son pourcentage n'a guère varié depuis les années 30, ne convaincpersonne.

Ce qui préoccupe les Français, ce n'est pas le nombre de personnes juridiquement étrangères mais celui des immigrésnon européens et de leurs enfants.

Il faudrait pouvoir expliquer à l'opinion que les frontières ne peuvent être totalement étanches,qu'une expulsion est souvent difficile à réaliser, que l'immigration est une réalité vivante, avec des personnes qui entrent et despersonnes qui sortent, des gens qui naissent, des gens qui meurent, d'autres qui deviennent français... Des progrès ont été faits dans l'établissement de statistiques et leur publication régulière.

Mais il manque encore une véritablepolitique de communication, conduite au plus haut niveau.

Non pas pour asséner des slogans faussement rassurants, mais pouraborder la question dans sa complexité.

Il n'est pas sûr que cette franchise serait moins payante électoralement qu'une attitude desilence gêné. ROBERT SOLE Le Monde du 5 novembre 1991. »

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