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La vie est ailleurs, Milan Kundera

Publié le 29/07/2010

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kundera

Comment s’essayer à expliquer, comment ne serai-ce qu’oser définir l’oeuvre de Kundera ? L’auteur livre ses mots avec sobriété, la laisse, par le biais d’une syntaxe limpide, à la portée de quiconque, mais ses idées, cachées entre les lignes, appellent à une profonde analyse, à un dialogue intérieur… Parce qu’il y plusieurs façons de lire Kundera, comme tout auteur d’exception d’ailleurs, on peut survoler l’histoire, apprécier les péripéties ou se pencher sur l’abîme envoûtante bien que très exigeante de la réflexion proposée. Je n’aurai jamais la prétention d’en assimiler toutes les nuances mais j’ai l’espoir d’en capter l’essence. Cette essence même qui guide le lecteur dans une introspection, qui lui propose une critique de la société qui lui ouvre enfin les portes de son âme car "Le roman est un miroir que l'on promène le long d'un chemin"( Jean-Paul Sartre).  Ce chemin est la vie mais qu’est elle exactement, quel est le sens de l’existence, où trouver son destin ? Et si la vie était juste… ailleurs ?    « Sous des dehors innocents, l’œuvre de Milan Kundera est l’une des plus exigeantes qu’il nous soit donné de lire aujourd’hui, et j’emploie ce mot dans son sens le plus radical du terme, pour signifier que cette œuvre présente à l’esprit et au cœur un défi extrêmement difficile à relever, qui nous met en question de manière irrévocable. S’y livrer, y consentir vraiment, c’est risquer d’être entraîné beaucoup plus loin qu’on ne l’aurait d’abord cru, jusqu’à une sorte de limite de la conscience, jusqu’à ce monde dévasté où se découvre à la fin de son récit le héros de La Plaisanterie. La lecture est ici, véritablement, une dévastation. « (Le point de vue de Satan, François Ricard, 1978)    J’ai pris le parti, lors de la lecture de La vie est ailleurs (comme d’ailleurs celle de La Plaisanterie ou encore d’autres romans de Kundera), de ne pas me livrer pleinement aux mots de l’auteur par peur certainement d’être aspirée dans ce gouffre de la remise en question, auquel je faisais allusion dans l’introduction, réservant cette dangereuse expérience pour une lecture postérieure et je l’espère, plus mature. Mais toutefois comment rester insensible, comment ignorer le sentier que phrase après phrase Milan Kundera dessine et que nous n’avons plus qu’à suivre plus ou moins consciemment ? C’est donc dans une sorte d’inconscience voulue, une anesthésie partielle de mon esprit analytique que je me suis aventurée dans cet ouvrage qui reste, toujours selon François Ricard, avec Don Quichotte et Madame de Bovary le plus dur à avoir jamais été écrit sur la poésie.    Xavier  Xavier personnage imaginé par Jaromil  Xavier est l’idéal de jaromil il vit sa vie pleinement, absolument dans le sens initial du terme il ose il est Libre son moi est à l’écoute du ça (Conceptuellement, le Ça représente la partie pulsionnelle de la psyché humaine, il ne connaît ni normes (interdits ou exigences), ni réalité (temps ou espace) et n'est régi que par le seul principe de plaisir, satisfaction immédiate et inconditionnelle de besoins biologiques) il vogue de rêve en rêve à l’écoute de son âme. En mise en abime perpétuelle, dans des rêves qui s’emboitent les uns dans les autres. Mais n’est-ce pas la une forme d’enfermement ?    Jaromil  En prenant pour figure paternelle le peintre et en ajoutant la présence étouffante de la mère on peut entrapercevoir la personnalité de Jaromil dominée par le surmoi de l’idéal narcissique mais aussi masochiste qui provoque une confusion d'identité en miroir avec le profanateur à savoir sa mère à laquelle il veut échapper. Jaromil lutera toute sa vie pour ne pas lui ressembler d’où ce besoin de montrer sa virilité. Il prendra le peintre pour modèle mais sa mère aimera aussi cette figure paternelle ce qui lui permettra d’élever l’affection qu’elle a pour son fils au rang d’absolu en renonçant a sa vie de femme et même a son identité (elle n’existe que par son fils et n’est caractérisée que par « la mère du poète «) et donc à son amour pour le peintre.  On peu voir en Jaromil le héros romantique dans toute son ampleur, son désir d’absolu dans l’amour, dans l’Art (la poésie) et même dans la politique (le communisme est après tout un idéal) et sa frustration quand la vie ne réponds pas à ses attentes.  A ce sentiment Kundera donne le nom de lyrisme, il en fait un attribut de la jeunesse, de l’adolescence et le tourne à la dérision dévoilant le désir obsessif de reconnaissance, la recherche de sa propre identité et un narcissisme touchant ou énervant selon les chapitres fruit d’une « innocence totale « qui en devient ridicule.  Car s’est bien d’un ton ironique aux relents aigres-doux que Kundera narre la vie de son personnage de ‘La naissance du poète’ jusqu’à ‘La mort du poète’.  Le seul absolu aura finalement été l’amour de sa mère pour lui, qui paradoxalement a aussi été sa plus grande entrave.  « Jaromil n’est pas salaud, il est Rimbaud « Mais alors Rimbaud était-il lui aussi un autre Jaromil, pris au piège de cette jeunesse cruelle avec le trouble de cette figure maternelle dénaturée ? Ses mots aussi ne sont ils que miroir valorisant qui le rassurent dans une réalité qu’il fuit ? En racontant Jaromil c’est des poètes que parle Kundera ; en faisant son procès, c’est la Poésie qu’il remet en question.

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