La world music dans la cour des grands

2 mars 1991 -   Naissance d'un nouveau genre ou émergence d'un phénomène commercial ?    La world music ou " sono mondiale ", soutenue au début des années 80 par un carré d'initiés, entre dans la cour des grands à partir de 1986. Stars du rock'n roll, labels indépendants en mal de structures de vente élargissent la scène des musiques du monde, en allant puiser ailleurs leur inspiration ( en 1986, Paul Simon enregistre Graceland en Afrique du Sud, Peter Gabriel crée son label Real World et flirte avec Yousssou N'Dour dans l'album So) ou en regroupant leurs productions dans les bacs des disquaires. En 1987, surgit l'appellation officielle world music.    A partir de 1987, tandis que Johnny Clegg joue les zoulous blancs sur les scènes internationales, l'Afrique voit émerger des talents, dont certains atteindront le sommet des hits ( Mory Kanté, Yéké-Yéké). Du Sénégal ( Yousssou N'Dour, Ismael Lô, Baaba Maal), du Mali ( Salif Keita) au Zaïre ( Papa Wemba, Ray Lema), des musiciens hors pair, souvent installés en Europe, font sortir la musique africaine de ses frontières naturelles. Kassav' confirme la vague zouk, Cheb Khaled débarque le raï oranais sur les rivages mondiaux, et les Gipsy Kings font les belles heures de la production française. Tout ce beau monde se retrouvera à New-York pour représenter la France à Central Park le 14 juillet 1991.    Mais, en dehors des épiphénomènes du Top 50, les années écoulées marquent la prise en compte de toutes les musiques de la planète, y compris des musiques traditionnelles et ethniques, comme partie intégrante du patrimoine mondial, qu'un public élargi a cessé de reléguer au statut d'art mineur pour lui témoigner un intérêt profond, synonyme de salles combles et de ventes d'albums aujourd'hui quasiment équivalentes à celles du rayon jazz. VERONIQUE MORTAIGNE Février 1992