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LACLOS ET L'EDUCATION DES FEMMES

Publié le 25/09/2010

Extrait du document

 

Intro :

 

Pierre Choderlos de Laclos est un des écrivains du 18ème siècle qui s’est prononcé sur la question de l’éducation des femmes et sur la condition féminine. Notamment, il a rédigé un essai en 1783 qui est De l’éducation des femmes où il s’interroge sur les moyens de perfectionner l'éducation des femmes. La place de celles-ci est désormais une question majeure. L'objectif du 18ème siècle est de faire en sorte que chacun soit libre, hommes et femmes. C'est un débat d'idées sur un sujet caractéristique de l'état d'esprit critique du siècle. C’est dans les années 1780 qu’il écrit son œuvre Les Liaisons Dangereuses et le publie en 1782.  A travers cet unique roman épistolaire, Laclos dénonce les mœurs de la société de son époque. Il utilise pour cela trois personnages féminins :

Mme de Tourvel, c’est une jeune dévote, fidèle à son mari, elle a eu une éducation monastique et elle souffre de l’impossibilité de résister à ses désirs et à ses passions.

Cécile de Volanges, jeune fille à peine sorti du couvent pour être mariée, elle est jetée dans la vie mondaine sans aucun guide dans ses nouvelles expériences.

Mme de Merteuil, un des personnages principaux qui est le centre du roman autour duquel tournent les intrigues et qui les dirige selon sa volonté, elle n’a jamais été au couvent, son éducation est autodidacte.

Nous allons alors nous interroger sur quel défaut de l’éducation de la femme Laclos met t-il en exergue avec les personnages de son roman ?

Dans une première partie, nous verrons l’essai De l’Education des femmes de Laclos, dans une deuxième partie nous verrons le personnage de Cécile de Volanges et le personnage de Mme De Tourvel avec leur éducation monastique, stéréotypée et négligée et enfin nous verrons dans une troisième partie la contre éducation de Mme de Merteuil et son éducation autodidacte.

 

Développement :

 

I) Extrait du texte :

 

« O femmes ! Approchez et venez m'entendre. Que votre curiosité, dirigée une fois sur des objets utiles, contemple les avantages que vous avait donnés la nature et que la société vous a ravis. Venez apprendre comment, nées compagnes de l'homme,  vous êtes devenues son esclave ; comment, tombées dans cet état abject, vous êtes parvenues à vous y plaire, à le regarder comme votre état naturel ; comment enfin, dégradées de plus en plus par une longue habitude de l'esclavage, vous en avez préféré les vices avilissants mais commodes aux vertus plus pénibles d'un être libre et respectable. Si ce tableau fidèlement tracé vous laisse de sang-froid, si vous pouvez le considérer sans émotion, retournez à vos occupations futiles. Le mal est sans remède, les vices se sont changés en mœurs. Mais si au récit de vos malheurs et de vos pertes, vous rougissez de honte et de colère, si des larmes d'indignation s'échappent de vos yeux, si vous brûlez du noble désir de ressaisir vos avantages, de rentrer dans la plénitude de votre être, ne nous laissez plus abuser par de trompeuses promesses, n'attendez point les secours des hommes auteurs de vos maux : ils n'ont ni la volonté, ni la puissance de les finir, et comment pourraient-ils vouloir former des femmes devant lesquelles ils seraient forcés de rougir ? Apprenez qu'on ne sort de l'esclavage que par une grande révolution. Cette révolution est-elle possible ? C'est à vous seules à le dire puisqu'elle dépend de votre courage. Est-elle vraisemblable ? Je me tais sur cette question ; mais jusqu'à ce qu'elle soit arrivée, et tant que les hommes régleront votre sort, je serai autorisé à dire, et il me sera facile de prouver qu'il n'est aucun moyen de perfectionner l'éducation des femmes. «

 

En cette fin du XVIIIe siècle, la question de l'éducation des femmes appelle une seule réponse selon Choderlos de Laclos (1741-1803) : « Partout où il y a esclavage, il ne peut y avoir éducation : dans toute société, les femmes sont esclaves : donc la femme sociale n'est pas susceptible d'éducation. « Seule une révolution venant d'elles pourrait changer leur condition. Admirateur de Rousseau, l'auteur des Liaisons dangereuses s'attacha au sujet de 1783 à la fin de sa vie. Il prône l'égalité des sexes et évoque avec ferveur la « femme naturelle, « être libre et puissant «. 

 

1. La femme est naturellement l'égale de l'homme 

2. Dans la société de l'ancien régime, toute femme est esclave 

3. Dans sa situation d'infériorité la femme est obligée de compenser son manque de force par la ruse.( La présidente est vertueuse mais elle est aussi rusée - Gercourt ne pourra être que cocu) 

4. La femme peut se libérer. En recourant à l'hypocrisie comme madame de Merteuil qui cache son âme de grande libertine sous des airs de dévote. Toute l'éducation de Cécile consiste à lui apprendre à profiter de l'amour sans se faire prendre = à être hypocrite. 

 

II) 

Laclos défend la cause des femmes, il n’est pas féministe, cependant il dénonce une éducation trop restreinte.

Nous avons un premier exemple avec Cécile de Volanges, en effet, elle sort du couvent dans lequel elle vient de passé la plus grande partie de sa vie mais aussi la plus importante, celle qui aurait dut être la période de son éducation, et l’absence de sa mère qui n’a pas su l’éduquer n’a pas arranger les choses ; par conséquent elle ne connaît rien des règles sociales du monde extérieur. Elle manque de maturité probablement à cause de son manque d’éducation, on le voit à travers ses lettres, une écriture trop « enfantine « et un style encore trop gauche et entachée de maladresse. De part son manque d’éducation, elle se laissera piégée par Valmont et se laissera pervertir par la Marquise qui la manipule à sa guise. Cécile n’évoluera pas au cours du roman et n’en ressortira pas grandi. Elle est définitivement perdu  pour la société.

La Présidente de Tourvel a eu comme Cécile une éducation monastique, elle est totalement incapable de résisté au désir et à la passion amoureuse qui l’anime car il n’y a personne pour la remettre dans le droit chemin. Elle s’en remet systématiquement à Dieu ou Mme de Rosemonde cependant ils ne lui seront pas d’un grand secours face au piège machiavélique des libertins qui causerons sa perte.

Grâce aux personnages de Cécile et de la dévote Mme de Tourvel, Laclos dénonce l’éducation que l’on dispense aux femmes dans les couvents, une éducation religieuse cependant excluant toute culture générale, un enseignement vertueux de l’ignorance.

 

III)

 

Laclos utilise Mme de Merteuil comme moyen pour défendre la condition de la femme au 18ème  siècle,  en effet de part son éducation autodidacte, Merteuil ne doit rien a personne et encore moins aux hommes, elle s’est forgé son propre caractère et utilise ses propre armes pour sa « guerre des sexes «, elle le dit elle-même : «  je suis née pour venger mon sexe et maitriser le vôtre «, elle ne supporte pas l’injustice faites aux femmes, néanmoins elle n’approuve pas pour autant le comportement des autres femmes de son époque qu’elle trouve soumises. Elle n’accepte pas la soumission de la femme face à l’homme c’est pour cela qu’elle essait par la manipulation de son entourage d’atterrir au pouvoir pour ainsi devenir la « maîtresse du jeu «. C’est une femme de caractère, en effet, elle est orgueilleuse et essaye de réinventer les relations hommes et femmes traditionnelles. Elle se distingue tout a fait des autres, elle raisonne à la manière des lumières, elle dispose d’un esprit critique et d’un esprit d’examen très poussé. Contrairement aux autres femmes de son entourage, Mme de Merteuil ne recherche pas de passions sensuelles et amoureuses, en revanche elle veut se montrer plus méritante et prouvé sa supériorité et sa grandeur face aux autres. Pour échapper à la domination des hommes et ne pas être comme les autres femmes qui sont réduites à suivre des règles dictées par une société d’Hommes, elle s’est prescrit ses propres principes. 

Son auto-éducation vient de son refus des conditions des femmes de son époque dont elle veut se démarquer pour mener en solitaire sa guerre des sexes.

 

Conclusion :

 

Avec Cécile et Mme de Tourvel, nous avons un exemple de l’éducation dispensé aux femmes au 18ème siècle, c'est-à-dire une éducation stéréotypés et terriblement restreinte, le personnage de Mme de Merteuil nous montre une femme qui tend à faire évoluer la situation des femmes au 18ème siècle. En effet, c’est un exemple de contre-éducation, à travers ces personnages Laclos tend à dénoncer les défauts de l’éducation des femmes à son époque. La seule solution pour les femmes serait donc la révolution, à travers laquelle elles peuvent redevenir des femmes naturelles et, donc, égales aux hommes.

 

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