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Le Chêne Et Le Roseau

Publié le 26/09/2010

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Le conte à une visée divertissante, il emmène le lecteur dans un univers en partie irrationnel, il le conduit aussi à retrouver des traits du monde réel et de la société, et à en dégager une possible réflexion personnelle. Mise en rapport de l'incipit et de la conclusion pour faire émerger les notions d'apprentissage et de revanche du héros.  Quels indices au début du récit nous indiquent qu'il s'agit d'un conte ? Les indices du merveilleux propres au conte : l'ogre, les bottes, le retour en une journée. Le héros surmonte tous les obstacles.  En quoi le conte est-il ancré dans la réalité ? A quel contexte fait-il référence ? Le conte se lit parfois comme un témoignage très concret d'un contexte socio-historique précis. Ici Perrault fait référence aux grandes famines du règne de Louis XIV : l'histoire du petit Poucet renvoie à la précarité de la vie paysanne et à la condition de l'enfant qui était en général la première victime de la misère.  Où se déroule l'essentiel de l'action ? En quoi s'agit-il d'un lieu symbolique ? Que permet ce lieu ? A quoi peut-il être comparé ?  Demander aux élèves de citer d'autres contes qui se déroulent dans la forêt    Rappeler le débat entre nature et culture. La culture désigne d'abord l'ensemble de ce qui fait l'objet d'un apprentissage, l'ensemble de ce qui ne nous est pas donné à la naissance, mais qu'il nous appartient de découvrir au cours de notre vie. Ce terme désigne aussi, non plus seulement le processus de formation de l'individu, mais les institutions, les comportements, dans le cadre desquels il accomplit cette formation. La nature, qui vient du latin « nascor « signifiant « naître «, désigne l'ensemble de ce qui nous constitue originellement, que nous le voulions ou pas. Dire « c'est dans ma nature «, c'est dire « c'est plus fort que moi «. C'est l'instinct, l'espace où l'homme n'a pas mis son empreinte.  L'essentiel de l'action du conte se passe dans la forêt, espace dans lequel l'univers social et culturel ne pénètre pas, où la nature est maîtresse. Il s'agit d'un lieu de prédilection pour les aventures et les rites de passage. Au XVIIème siècle, la forêt reste un lieu inquiétant car on y rencontre des créatures inquiétantes. La forêt représente l'enjeu d'une épreuve initiatique : le héros grandit symboliquement au cours de sa traversée. En ce sens on peut l'interpréter comme un rite de passage qui va révéler à chacun les grands traits de son destin. Il fonctionne comme le labyrinthe des mythes grecs. Thésée et le fil d'Ariane, il abat le Minotaure. Dédale enfermé par Minos s'envole. Le Petit Poucet se sert des cailloux, et dépouille l'ogre de ses bottes. Sa sortie du labyrinthe symbolise sa sortie de la misère et son élévation sociale.  Quelle est la nature de l'ogre ? Que peut-on dire de sa maison ? L'ogre est un croqueur de chair fraîche (homophage). Héritier du Titan Cronos qui dévore ses enfants (notamment les siens), il est représenté comme un géant doté d'une force titanesque (ogre vient de Hongrois peuplade guerrière qui a ravagé une partie de l'Europe).il renvoie au cannibalisme et à la voracité animale. La demeure de l'ogre est elle aussi codifiée : chaumière au fond des bois, espace à l'écart des routes. Quand elle est visible elle apparaît comme un refuge pour les personnes en détresse : la lueur est celle de l'espoir dans un monde inquiétant et inconnu. Les personnages sont souvent trompés par un leurre.  Quels sont les destinataires du conte ? On voit que les destinataires ne sont pas les enfants, mais les parents : l'enrichissement de la bourgeoisie et de l'aristocratie se faisait souvent par le biais des enfants (mariage,…)  En quoi la moralité de ce conte est-elle une leçon de vie ? Le conte fonctionne comme un apologue, une histoire à valeur morale : la vraie force réside ni dans le physique, ni dans la puissance sociale, mais dans l'intelligence et l'astuce. Cette histoire qui met en scène le triomphe du plus petit peut aussi rappeler l'épisode biblique de la lutte entre David et Goliath. La lutte du petit contre le grand constitue un motif légendaire traditionnel que l'on retrouve dans de très nombreux récits mythologiques : les Dieux de l'Olympe combattants les Titans, les Pygmées attaquant Hercule, Ulysse trompant l'énorme cyclope. Le Petit Poucet est à l'image du berger David qui deviendra roi des Hébreux après avoir vaincu le géant Goliath. La progression du conte va de la désintégration d'une famille à la fondation d'un nouvel équilibre : le héros revient chez lui, les parents repentants lui font fête ; il n'est pas rancunier et les enrichit. Par conséquent les valeurs prônées sont à la fois sociales et morales.  Cependant le héros recourt à la ruse et à la tromperie pour triompher. Comme le Chat Botté, le héros ne ressent aucun problème de conscience, il assure sa promotion sociale te celle de sa famille. Le Petit Poucet est devenu Grand dans tous les sens du terme. Ce conte célèbre la métamorphose de l'individu. Au terme de l'initiation le Petit Poucet a quitté le monde de l'enfance, pour entrer dans l'âge adulte. Dans cette apologie de la réussite individuelle, y a-t-il une place pour la morale.

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