Le classiscisme
Publié le 02/12/2012
Extrait du document
Le Classicisme 1. L'histoire d'un mot a. Origines latines « Classique « est issu de classicus, qui signifie d'abord « de première classe «, parmi les catégories de fortune selon lesquelles les citoyens romains sont répartis. Classicus se spécialise ensuite avec la formule classici scriptores, désignant les « écrivains de première valeur « dont il est recommandé de suivre l'exemple pour bien user de la langue. b. Sens français Introduit au XVIe siècle, « classique « reprend le second sens latin. Au siècle suivant, les « classiques « désignent les écrivains considérés comme des modèles à imiter, dignes d'être étudiés en classe. C'est dans l'Encyclopédie que Voltaire emploie ce terme pour qualifier les auteurs français qui, sous Louis XIV, ont élaboré un art de la mesure et de la raison, dans le respect des Anciens. Dérivé de « classique «, le mot « classicisme « n'apparaît qu'au XIXe siècle pour désigner le courant esthétique dans lequel s'inscrivent ces classiques de la seconde moitié du XVIIe siècle. 2. L'avènement du classicisme a. Le besoin de stabilité o Désordre La fin du règne de Louis XIII et la Fronde sont marquées par l'instabilité. Dans le domaine des arts, le baroque caractérisé par le mélange et l'outrance domine. O Unité Si Richelieu (1624-1642) puis Mazarin (1643-1661) ont travaillé à affermir l'État, cette tendance s'accentue sous le règne de Louis XIV (1661-1715), qui inaugure un nouveau type de pouvoir, absolu (concentré sur la seule personne du roi). La figure royale est allégorisée : l'aura du Roi-Soleil, via le mécénat, rayonne dans les sciences, les arts et les lettres. b. La fixation de normes O Les Académies En 1635, Richelieu a créé l'Académie française, qui codifie la langue . Le Dictionnaire en est le garant, et juge de la conformité des oeuvres nouvelles aux codes fixés. Louis XIV augmente le nombre de ces institutions destinées à promouvoir et contrôler la vie intellectuelle. O Les salons Louis XIV augmente le nombre de ces institutions destinées à promouvoir et contrôler la vie intellectuelle : Les salons Les lettrés et les mondains s'y côtoient, les écrivains y présentent leurs oeuvres.Les salons contribuent ainsi à diffuser et à asseoir les normes du goût. 3. L'idéal classique Les lettrés se tournent vers deux valeurs sûres : la raison humaine et la tradition antique, qui vont constituer les bases d'un art nouveau. a. objectifs L'art classique relève d'une exigence triple : Élever l'âme à la Vérité universelle et éternelle (exigence éthique) ; Parvenir au Beau, seul moyen de prétendre à cette Vérité (exigence esthétique) ;Imiter fidèlement la Nature, seul moyen de parvenir au Beau (exigence poétique). b. Moyens L'art classique a pour ambition première l'imitation de la Nature (mimesis).Il y parvient de diverses manières. O Le recours au modèle antique Les Anciens sont les garants d'une perfection indépassable. Il est donc logique de prendre pour modèle : Les philosophes (Platon, Sénèque, Épicure).L es textes de théorie littéraire (La Poétique d'Aristote, l'Art Poétique d'Horace).La littérature et la mythologie (La Fontaine s'inspire d'Ésope, Molière de Térence, Racine d'Euripide ou de Sophocle). O Le recours à la raison dans l'écriture L'art classique est un médiateur nécessaire entre la Nature et sa représentation.Faute de pouvoir tout montrer, l'artiste doit faire des choix. Guidé par la raison, il va extraire les vérités essentielles et éternelles de la Nature, pour les restituer, dans le respect de l'harmonie, avec clarté, mesure et équilibre ; autant de qualités propres à assurer la pérennité de l'oeuvre. O La création de règles La hiérarchisation des genres : elle est fonction des sujets traités, selon qu'ils élèvent plus ou moins l'âme. Les trois grands genres sont (dans l'ordre) le poème épique, la tragédie et la comédie. Vraisemblance et bienséance : elles ont pour souci le naturel. La première suppose de montrer ce qui se rapproche du réel et c'est en son nom que le théâtre doit obéir aux trois unités (temps, lieu, action). La seconde préconise l'ajustement d'un sujet au genre qui le traite, du langage à son sujet, et bannit l'excès et l'indécence. c. Conséquences O Toucher, plaire et instruire Toute oeuvre parvenue à la perfection ne peut manquer d'émouvoir, et ce faisant, de plaire, et, en plaisant, d'instruire celui qui la reçoit. La triple exigence de l'art classique est ainsi satisfaite.Plus précisément, la tragédie, en suscitant terreur et pitié, purge l'âme de ses passions mauvaises (catharsis). Quant à la comédie, selon un processus dérivé de la catharsis, elle corrige les moeurs par le rire, au spectacle des laideurs de l'âme. O La formation de l'honnête homme Fort de cet enseignement, l'homme va pouvoir se conformer à un idéal de comportement : l'honnêteté. Cultivé, mesuré et discret, l'honnête homme fuit le pédantisme*. Sociable, naturel et tolérant, il manie l'art de la conversation avec délicatesse. Cet idéal social est la clé de toute société harmonieuse. L'essentiel Appellation tardive, le classicisme désigne l'idéal esthétique du règne de Louis XIV. Via l'exercice de la raison et l'imitation des Anciens, il prône, dans une perspective morale,l'équilibre et la mesure, sources d'harmonie.