Le conservatisme de l'appareil

Alors que le volontarisme de Khrouchtchev devient un obstacle à la stabilité à laquelle aspirent aussi bien l'appareil politico-administratif que la société soviétique, la crise cubaine entame définitivement son prestige. Khrouchtchev est mis en minorité par le comité central et démis de ses fonctions. Le soucis de la nouvelle direction collégiale est désormais d'établir un système ordonné et légal. Au cours des années 70, l'URSS proclame sa conformité avec le droit international. Brejnev, promu secrétaire général du parti au XXIIIéme congrès en avril 1966, met en oeuvre une politique qui concilie à la fois les intérêts des diverses bureaucraties et la normalisation des institutions. Il s'agit de tempérer les aventures volontaristes, de maintenir le rôle dirigeant du Parti, d'établir un mode de gouvernement « régulier » et, par la constitution de 1977, d'entériner législativement le retour à la « légalité socialiste ». Brejnev renonce à promettre l'avènement du communisme et avance le concept de « socialisme développé ». Les avancées techniques et scientifiques sont censées apporter à plus ou moins long terme le bien être général. En réalité, l'idéologie perd de son importance. Après des années de bouleversements, la société soviétique est avant tout avide de profiter de l'amélioration du niveau de vie et de l'apaisement du régime. Quant à l'État, il se satisfait du conformisme de façade des citoyens.