Le festin (chapitre 1)
Publié le 02/05/2012
Extrait du document
Dans ce chapitre d'exposition, la part de localisation est minimale et magistrale : elle se limite à la première phrase, remarquable. Puis c'est un tableau qui est proposé. On peut ainsi observer la mise en scène et le décor, et les convives.
1) la mise en scène et le décor
Au centre du tableau, les soldats sont comme installés dans le décor. Le cadre est naturel, avec une grande variété de végétaux. Le palais, enfin, est l'objet de la description.
· La topographie. Une localisation rapide, des lieux antiques et des noms historiques, jouant sur des sonorités, avec la célébrissime assonance en [a]. Référence est faite à des événements (Eryx) qui ancrent la narration dans l'épopée, mais avec une grande économie de moyens.
La nature elle-même bénéficie de cette splendeur, elle " resplendit ", " s'épanouit ", les vignes sont " chargées de grappes ", les cyprès sont élevés au rang d' " obélisques noirs ", en une métaphore solennelle. Les fruits sont partout, dans le paysage comme dans les effluves. Bois et matériaux précieux ajoutent la note de luxe voulue par les humains : or, ébène, marbres à foison, ornent une architecture gigantesque, et impressionnante.
· Richesse et abondance. Les pluriels nombreux, les expressions évoquant masses et quantités se joignent au foisonnement de la description. L'énumération somptueuse se charge de couleurs riches : " sable noir, corail, pourpre… "
Les allusions guerrières abondent, avec le rappel des galères vaincues. Le monde décrit est cruel, et l'évocation ternaire des lieux de douleur semble remplir tout l'espace : la cour des éléphants, les fosses des bêtes féroces, et la prison des esclaves. Le palais lui-même est " barricadé ", les " esclaves effarés " répondent aux " gazelles qui fuyaient " pour créer une atmosphère de panique et de menace.
· Exotisme. La richesse du lexique concernant la flore et la faune, la variété des tons, des odeurs, des formes, concourent à une impression d'étrangeté, d'un caractère oriental. Ainsi de la présence des scorpions et des éléphants. Les matériaux eux-mêmes renvoient à un Orient de légende : les marbres numidiques se joignent à l'ébène.
· Cruauté et violence. La couleur du sang, les armes, le sable noir et rouge, tout comme la porte rouge avec sa croix, le tapis écarlate et le soleil couchant, composent une symphonie en rouge du plus inquiétant effet.
2) les convives
· Une foule grouillante. De nombreux verbes de mouvement évoquent une multitude d'êtres agités, et des métaphores les présentent comme " des torrents ".
· Un brassage de population. Diverses ethnies sont décrites, avec des caractéristiques inhérentes à leur race.
· Le narrateur les dessine. Ils sont bruyants, et l'auteur utilise toutes les ressources sonores pour en témoigner : leurs voix sont analysées, et l'emploi de métaphores et de comparaisons les associe aux chars de bataille, ou au chacal, dans un rapprochement menaçant.
· Fierté et sauvagerie les caractérisent : comparés à des animaux (ils " se rassasient " comme " des lions "), ils semblent violents et agressifs. Une allusion aux victimes avec leurs béquilles rappelle le contexte guerrier.
Ainsi le narrateur installe-t-il une atmosphère faite d'exotisme, de grandeur épique, et d'histoire, mais aussi entachée de menace et de violence. La relecture permet de repérer des indices prémonitoires : les croix, le sang, le mélange de races qui concernera Mathô et Salammbô. On perçoit aussi l'importance du thème de l’assouvissement.
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