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Le gouvernement Balladur

Publié le 27/02/2008

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29 mars 1993 -   " Une équipe restreinte ", avait promis le nouveau premier ministre dans les minutes suivant sa nomination. M. Edouard Balladur n'a qu'en partie tenu parole. Son gouvernement comprend vingt-neuf membres en dehors de lui-même. C'est, certes, nettement moins que les précédentes équipes ministérielles des septennats de M. François Mitterrand (le gouvernement de M. Michel Rocard en comprenait quarante-huit, celui de M. Pierre Bérégovoy quarante et un), mais c'est assez loin des records de la Ve République, détenus par un homme qu'a bien connu l'actuel chef du gouvernement : Georges Pompidou  ses équipes ministérielles ont toujours compté moins de vingt-huit membres, l'une d'entre elles n'en comprenant même que vingt-cinq, secrétaires d'Etat compris. Ce titre, il est vrai, a complètement disparu du gouvernement d'aujourd'hui, ce qui est une " première " depuis 1958. Cela veut simplement dire que tous les membres de l'équipe de M. Balladur assisteront au conseil des ministres sous la présidence de M. Mitterrand.

   Une équipe équilibrée, avait aussi annoncé le premier ministre. Cet engagement-là a été parfaitement respecté. En comptant M. Balladur lui-même, il y a quatorze RPR, quinze UDF et une personnalité non adhérente à un parti politique, même si elle est proche de la mouvance centriste : Mme Simone Veil. L'équilibre est encore plus net au niveau des ministres autonomes, c'est-à-dire des ministre d'Etat et des ministres de plein exercice. Il y a onze RPR et autant d'UDF, plus Mme Veil. Au sein de l'UDF, les centristes, qui ont moins de députés que leurs amis du PR, ont réussi à être aussi nombreux qu'eux au gouvernement : ils sont cinq  les adhérents directs sont deux, MM. Mestre et Hoeffel  les membres des clubs giscardiens Perspectives et Réalités sont, aussi, deux : MM. de Charette et Lamassoure  on ne compte qu'un radical, M. Rossinot  les sociaux-démocrates de l'UDF ne sont pas représentés.

   Les seuls vrais perdants sont les opposants à Maastricht, dont M. Pasqua rappelait pourtant, il y a peu, qu'ils composent la majorité des électeurs de la droite.

   Ils ne sont que deux dans le gouvernement : M. Pasqua lui-même et M. François Fillon. Les " rénovateurs " de ce qui était, alors, l'opposition, au printemps 1989, sont plus nombreux, puisqu'ils sont cinq : MM. Bayrou, Bosson, Fillon, Barnier et Carignon.

   L'équilibre se retrouve, aussi, entre ceux qui ont déjà une expérience gouvernementale et ceux qui ne l'ont pas : quinze personnalités vont s'asseoir pour la première fois autour de la table du conseil des ministres  quinze autres en ont déjà eu l'occasion, dont treize sous la présidence de M. Mitterrand dans le premier gouvernement de la cohabitation. Seul M. Méhaignerie a aussi siégé sous la présidence de M. Valéry Giscard d'Estaing  Mme Veil et M. Hoeffel n'ayant été ministres que sous le septennat de celui-ci. En revanche, aucun membre de ce gouvernement ne vient de ce qu'il est convenu d'appeler la " société civile "  tous sont des élus, même si Mme Veil n'a jamais siégé au Parlement français. Quatre sont des sénateurs : MM. Pasqua, Puech, Romani et Hoeffel  deux sont des nouveaux députés, qui n'auront pas le temps de siéger à l'Assemblée nationale : MM. Roussin et Douste-Blazy. Trois sont des parlementaires européens : Mme Veil, Mme Alliot-Marie et M. Lamassoure, les deux derniers siégeant aussi au Palais-Bourbon. Les femmes ne sont que trois.

   Les nouveautés les plus grandes, en fait, apparaissent dans les structures ministérielles. Elles sont, soit la conséquence de la mise en place d'une équipe restreinte, soit le fruit de la nécessité d'un certain dosage ou de l'obligation de satisfaire quelques " appétits ",ce qui a, au contraire, obligé à des créations curieuses. La " ville " est rattachée au vaste ministère des affaires sociales et de la santé, dont la création est ancienne  comme cela a été souvent le cas, la santé dispose d'un ministre délégué.

   Très original, en revanche, est le rattachement de l'aménagement du territoire au ministre de l'intérieur cela n'a qu'un précédent, lorsque, dans le gouvernement Chirac du début du septennat giscardien, la DATAR dépendait de M. Michel Poniatowski, ministre d'Etat, ministre de l'intérieur, mais sans que cela n'apparaisse dans son titre. Son association, dans un ministère délégué, avec les collectivité locales, confirme que depuis la décentralisation, l'Etat ne peut agir dans ce domaine sans passer par elles.

   Autre rattachement, celui-là tout à fait nouveau, celui de la pêche à l'agriculture. Il était d'ailleurs réclamé par le président de la FNSEA, mais il entraîne la disparition du ministère de la mer, créé par M. Mitterrand lors de son arrivée à l'Elysée. Cette association fera du titulaire du poste un véritable " ministre bis " des affaires européennes. En revanche la " forteresse " Bercy reste éclatée. Non seulement le ministre du budget dépendra directement du chef du gouvernement, mais, prenant exemple sur M. Raymond Barre lorsqu'il avait cessé d'assurer, en avril 1978, la tutelle directe de l'économie et des finances, M. Balladur n'a pas donné à son ministre de l'économie le titre de ministre " de l'économie et des finances ". Comme la tradition en est maintenant solidement établie depuis le gouvernement Fabius, le commerce extérieur est associé à l'industrie, de laquelle dépendront aussi, comme cela a déjà été le cas, les PTT  mais le titulaire de ce vaste ministère ne sera pas aidé par un ou plusieurs ministres délégués.

   Tout à fait nouveau est le titre du ministère confié à M. Madelin. Si le regroupement des petites et moyennes entreprises avec le commerce et l'artisanat n'est pas original, l'appellation " ministre des entreprises et du développement économique " l'est. La frontière de cette fonction avec celle de l'industrie n'est pas très nette.

   Un certain nombre de fonctions ministérielles, traditionnelles ou dont la nécessité s'était fait sentir, ont complètement disparu :l'intégration, l'enseignement technique, le plan, la consommation, lamer, les handicapés, la famille et les personnes âgées, les droits des femmes, cela promet quelques jolies empoignades entre ministres lors de la préparation des décrets leur attribuant leurs compétences. 

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