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Le Heros Romantique

Publié le 28/09/2010

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Le héros d’une histoire est souvent une variante de l’archétype du héros sans peur et sans reproche. Or, le héros romantique est par bien des aspects, différent de ce modèle. Au début du dix-neuvième siècle, le héros devient romantique. Mais qu’est-ce qu’un héros romantique ?  D’un genre nouveau, ce héros en possède cependant toutes les caractéristiques. Ce personnage est d’abord un héros qui souffre non pas physiquement, mais psychologiquement. Il se focalise alors sur lui-même et mène son combat contre la société de son temps mais aussi contre lui-même. Finalement, ces actions en font un rebelle. 

 

Le héros romantique est un héros qui souffre du « mal du siècle «. Il est toujours seul, et quand il est en compagnie d’autres personnages, il cherche à s’isoler. Dans René (1802), de René de Châteaubriand,  le personnage parle de son isolement du reste du monde : « Comment exprimer cette foule de sensations fugitives que j’éprouvais dans mes promenades ? «. René utilise ces promenades non seulement pour échapper aux autres personnages dans l’œuvre, mais pour s’échapper du monde entièrement en utilisant son imagination. Dans ce passage, il se compare à un « guerrier errant au milieu des vents «, et à un pâtre, chantant seul devant un petit feu. L’auteur montre le mal-être du héros romantique dans sa quête pour s’échapper du monde dans lequel il se sent confiné. Le héros romantique est donc est un héros qui souffre, mais qui accepte cette souffrance, et parfois même, la recherche. Dans Les Souffrances du jeune Werther (1774) de Johann Wolfgang von Goethe, le personnage principal décrit par une antithèse, cette souffrance comme une source de bonheur, car elle lui fait entrevoir une autre dimension du monde qui l’entoure. Il commence à décrire un monde de rêveries, et le catégorise comme faux, infâmes, menteur. « Mais celui qui, dans son humilité, de tout cela perçoit l’issue […] celui-là connais la paix, il créé un monde qu’il tire de soi même et il est heureux parce qu’il est homme. « Le héros romantique de ce livre explique en fait que pour être heureux, pour trouver cette « issue «, il faut souffrir. Mais le héros romantique souffre aussi du désir d’évasion temporelle comme spatiale. De par l’instabilité politique et la Révolution récente, on retrouve ce besoin d’ailleurs, sous différentes formes chez certains auteurs à travers leurs personnages. Certains auteurs, comme Senancour, pense que l’existence est bonne, mais triste : on voit ceci à travers Oberman, qui dans la lettre XVIII, décrit son existence en une phrase : « Ma situation est douce, et je mène une triste vie. «. D’autres répandent que c’était une époque horrible ; Musset le manifeste dans La confession d’un enfant du siècle 1836, lorsqu’il explique que « Toute la maladie su siècle présent vient de deux causes : le peuple qui a passé par 93 et par 1814 en porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n’est plus – tout ce qui sera n’est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos mots. « Les références que fait Musset sont évidemment la Révolution Française, et la chute du règne de Napoléon 1er. Le héros romantique souffre donc plus ou moins du « mal du siècle «. Il se sent seul au monde, recherche une autre vision du monde à travers l’évasion.

 

Le héros romantique est aussi narcissique. Le monde qu’il décrit est centré autour de lui, et rien n’est plus important que lui-même : le héros romantique transcende l’ego. Dans La Nuit de mai de Musset, un  poète perd sa muse. Le poète nous décrit sa misère : « Pourquoi mon cœur bat il si vite ? / Qu’ai-je en moi qui s’agite / Dont je me sent épouvanté ? / Pourquoi frappe-t-on pas à ma porte ? / […] Je suis seul «. Avec la première personne du singulier utilisé abondamment, le poète, ici héros romantique, concentre la scène sur lui. On retrouve cette focalisation du héros romantique dans l’art de cette période. Dans le Voyageur contemplant une mer de nuages, de Caspar Friedrich, les lignes de forces du tableau sont sécantes au centre du tableau. Au centre, on trouve le voyageur, qui observe le monde devant lui. L’ego est donc un trait proéminent du héros romantique. Le héros romantique est aussi un personnage aux émotions fortes, représentées à travers la nature : celle-ci reflète l’humeur du héros. Dans le Fingal de Didier-Privat, lorsque Colma appelle son bien aimé, elle panique car il ne vient pas au rendez-vous prévu. Plus elle panique, plus la nature se déchaine ; finalement, elle plaide : « Vents, cessez de mugir ! Torrents, apaisez-vous afin que je fasse entendre ma voix à mon bien aimé ! «. Le vent et les torrents s’adoucissent, et l’héroïne romantique se calme, juste au moment où la lune, sereine, apparaît. On trouve un autre exemple dans le troisième chant du Pèlerinage de Charles Harold de Lord Byron. Le héros romantique est tourmenté, et s’adresse à la nature autour de lui : « Le ciel est changé, et quel changement ! O nuit, orages, ténèbres, vous êtes prodigieusement forts, et pourtant beaux dons votre force, comme la lumière noire des yeux d’une femme. […] le roulement lointain de vos voix est le glas de ce qui en moi ne dors pas, si jamais je repose. Mais où donc, o tempêtes, est votre terme ? Etes vous pareilles à celle qui agitent le cœur d’un homme, ou trouvez-vous enfin, comme les aigles, quelque nid dans sur les hauteurs ? « Ici, le héros romantique s’adresse à la nature déchainée, et lui demande si elle est comme la tempête qui fait rage dans son cœur, ou si elle au moins trouvera un peu de repos. Le héros romantique utilise aussi beaucoup de lyrisme pour se décrire, comme l’explique Mme de Staël : « Il faut […] errer par la rêverie dans les régions éthérées, oublier le bruit de la terre pour écouter l’harmonie céleste, et considérer l’univers entier comme un symbole des émotions de l’âme «. Le héros se décrit donc comme magnifique. Cependant,  si le héros romantique est narcissique et qu’il prend la nature à témoin pour refléter ses émotions, et exprimer son lyrisme, c’est encore une fois dans l’optique d’un dépassement de soi. Les éléments déchainés  et la grandeur de la nature sont une métaphore  de l’aspiration du héros romantique à un « au-delà « où il pourra s’accomplir et assouvir son désir de grandeur.

 

Le héros romantique est finalement un héros contestataire et rebelle. On trouve notamment ce héros indomptable dans l’Hernani de Victor Hugo. Le personnage d’Hernani dans cette pièce est celui d’un bandit qui tombe amoureux d’une femme, qui elle est aussi convoitée par son oncle, et par le Roi d’Espagne Il ira les affronter jusqu’à la mort. Ce personnage, contrairement au héros typique, rivalise avec ses supérieurs, et tente plusieurs fois de faire fuir celle qu’il aime, car il a peur de lui faire du mal.  Dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, le personnage principal, Julien Sorel, critique la noblesse et la bourgeoisie  mais il utilise les personnes autour de lui pour monter l’échelle sociale,  et notamment les deux femmes qui l’aimaient. Le héros romantique est aussi rebelle car il a besoin de s’évader dans le temps et dans l’espace. Le héros  se réfère naturellement aux mythes et légendes, comme dans les œuvres de Victor Hugo et Delacroix.. L’allégorie de la Liberté est surtout connue dans le tableau d’Eugene Delacroix, La Liberté guidant le peuple, ou l’on la voit à moite dénudée levant un drapeau tricolore, et, comme l’indique le titre, guidant le peuple vers la révolte. Victor Hugo écrit même, dans son œuvre William Shakespeare, que « tous, tous, tous, dérivent de la Révolution Française. Ils viennent d’elle et d’elle seule. « Napoléon Ier est un autre personnage mystifié par les héros romantiques. Beaucoup d’auteurs romantiques étaient connectés d’une façon ou d’une autre à Napoléon : Les pères d’Hugo et de Dumas étaient généraux napoléoniens, et Stendhal s’était engagé dans l’armée napoléonienne. C’est surtout les évènements après l’échec des Cent Jours, c’est-à-dire Waterloo, l’exil et la mort, qui ont aidé à bâtir le mythe Napoléonien. Le héros romantique est donc un héros contestataire, qui a besoin de s’évader et de mystifier d’autres personnages importants pour assouvir son besoin de grandeur, de dépassement de soi.

 

Le héros romantique est donc un  personnage qui ressent le monde qui l’entoure à fleur de peau. Atteint du « mal du siècle «, il recherche la solitude afin d’explorer ses sensations et se trouver en communion avec la nature. Cet effet de miroir avec les éléments naturels ainsi que l’exaspération du « moi « si caractéristique du Romantique n’est que la traduction d’une quête vers le dépassement de soi, vers un « au-delà «. Afin d’accomplir cette mission, le héros romantique se rebelle contre son temps, contre la société qui l’entoure. Il a finalement besoin de s’évader dans le temps ou l’espace afin de trouver les modèles qui lui conviennent par l’idéalisation des hommes, de leurs actions et de leurs émotions.

 

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