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Le Lion Et Le Moucheron

Publié le 29/09/2010

Extrait du document

 

Le Lion et le Moucheron a été écrit par le célèbre fabuliste Jean De La Fontaine sous le règne du roi Soleil, Louis XIV. Cette fable est dans le livre II, fable 9. La Fontaine a utilisé deux animaux - le lion et le moucheron en occurrence- en tant que personnages principaux, ce qui peut nous paraître plutôt inhabituel. Inhabituel, certes. Mais tellement plus agréable à raconter ou à écouter ! Car il ne faut pas oublier que le but premier de la fable est de plaire. Et instruire aussi avec l'intermédiaire d'une morale, qui ne concerne bien sûr pas les animaux, mais plutôt ce qu'ils signifient ou représentent. 

Les deux axes que je vais traiter parleront de la structure de la fable (forme et fond, le lien qu'il y a entre les deux) et des protagonistes (leurs portraits ainsi que ce qu'il représentent). 

 

Pour commencer, nous pouvons relever la structure binaire avec un blanc typographique, qui sépare la fable en "corps" (le récit) et en "âme" (la moralité). 

Le Lion et le Moucheron comporte 39 vers, notamment des octosyllabes et des alexandrins. Mais comme il faut toujours relier le fond à la forme, nous pouvons remarquer que l'auteur utilise les octosyllabes quand il parle du moucheron et des alexandrins pour le lion. Et ce pourquoi ? Les vers courts nous donnent une impression de vivacité et d'agilité : «Puis prend son temps, fond sur le cou «, alors que les vers plus longs font ressortir une emphase royale : «Il rugit; on se cache, on tremble à l'environ«. 

La fable débute avec un dialogue «Va-t'en chétif insecte, excrément de la terre !«, comme au théâtre, ce qui nous montre que l'action est déjà commencée (in medias res).

Nous observons aux vers 20-21, la répétition du mot "tantôt" («Tantôt pique l'échine, et tantôt le museau, Tantôt entre au fond du naseau.«) qui est une anaphore. Cela rythme la fable et souligne encore une fois l'agilité du moucheron.

Ensuite, décrivons le portrait du lion et du moucheron. Déjà, leur portrait social. Qui sont-ils, qui représentent-ils ? 

Le lion symboliserait le roi : «Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de Roi« et le moucheron un courtisan, car le fait qu'il tutoie le lion montre leur rapport plus ou moins proche. Mais au fond, cela est peut-être une insulte ou bien tout simplement un signe d'arrogance. Car arrogant, il l'est bel et bien : «Comme il sonna la charge, il sonne la victoire, Va partout l'annoncer«, «Un boeuf est plus puissant que toi : Je le mène à ma fantaisie«. Mais, sa majesté le lion n'est pas en reste. Il pense que sa taille imposante et son statut sont des motifs suffisants pour provoquer et ridiculiser le moucheron en l'insultant (V1).

Passons au portrait physique. Le lion a une description qui montre bien sa force, sa violence et son animalité (V 15, 20 et 24), alors que le moucheron est représenté comme un animal petit et fragile.

Le fait que le moucheron, ce petit animal insignifiant aux yeux du lion, gagne "la bataille" donne une dimension comique et parodique à la fable.  

 

En conclusion, La Fontaine nous donne deux morales à propos de la prétention et le fait de juger sur les apparences physiques. Le lion est arrogant et fier, mais est finalement abattu par un simple moucheron ! Comme quoi, comme le dit si bien La Fontaine : «Les plus à craindre sont souvent les plus petits«. 

De son côté, le moucheron également fait preuve de vanité et est aussi fier de son exploit. Mais à trop se vanter, on finit par se faire prendre aussi : «Va partout l'annoncer, et rencontre en chemin L'embuscade d'une araignée ; Il y rencontre aussi sa fin.«

 

« excessive : « Il me mena aussitôt chez un banquier de sa connaissance, qui m'avança cent pistoles sur son billet, car il n'était rienmoins qu'en argent comptant.

J'ai déjà dit qu'il n'était pas riche.

».

Ainsi Tiberge apparaît tel un adjuvant puisqu'il se fait soutienmoral et financier.

Mais est-ce à dire qu'il ne réprouve pas la conduite du chevalier, qu'il n'essaye pas de le mener vers d'autrechemin.

Il est vrai que l'homme d'Eglise prône la religion de la vertu par opposition à Des Grieux qui lui prône celle de l'amour.Tiberge tente de détourner son ami des chemins bien sombre du libertinage :Ainsi pareil à un opposant, il réfute la conduite bien hasardeuse de notre héros.

Elle est aux antipodes de la religion et donc auxantipodes de la pensée du prêtre qui essaye tant bien que mal de remettre son ami sur le droit chemin.

Tiberge s'oppose à sonami d'une part par son statut social, un religieux n'a pas les mêmes convictions qu'un libertin.

L'argent n'a pas de valeur à ses yeuxayant fait voeux de pauvreté, il s'intéresse plus aux biens spirituels.

Le prêtre se manifeste tel un opposant, en effet il désapprouvela conduite de Des Grieux, et tente de le ramener à la raison, sur la voie de la vertu.

Ainsi le religieux se range du côté des bravesgens comme le père de Des Grieux, le Supérieur de Saint Sulpice… Il est redoutable par ses prérogatives même si tout d'abord ilsemble clément et indulgent puisqu'il montrera par mille et une façons que le chemin à suivre est celui de l'amour de la religion «…il me flatta si adroitement sur la bonté de mon caractère et sur mes inclinations, qu'il me fit naître dès cette première visite, uneforte envie de renoncer comme lui à tous les plaisirs du siècle pour entrer dans l'état ecclésiastique …».

Il souhaite que soncompagnon retrouve la raison tandis que Des Grieux désire poursuivre sa voie vers l'amour passion bien plus attrayant que la viemonotone et rangée de son ami.Cependant l'acharnement de notre sage ne sera pas sans récompense, au terme de l'histoire lorsque Tiberge viendra secourir DesGrieux en Louisiane son ami lui avoue que « tout ce qui lui est arrivé depuis son départ de France, et pour lui causer une joie àlaquelle il ne s'attendait pas, je lui déclarai que les semences de vertu qu'il avait jetées autrefois dans mon coeur commençaient àproduire des fruits dont il allait être satisfait.

»Nous observons donc un personnage aux multiples facettes et très complexe se faisant au premier abord adjuvant puis dans unsecond coup d'oeil il paraît idem à la série des représentant de l'ordre puisqu'il condamne la liaison qu'il entretient avec Manon ettend de sortir son ami des routes bien obscures du libertinage, du bien matériel, de la passion. Tiberge détient dans l'oeuvre de Prévost un rôle symbolique important.

Il représente en effet la religion.

Constat que l'on peutavancer grâce à sa profession mais aussi aux nombreuses valeurs qui le caractérisent.

Il est un homme bienveillant, généreux,sage, vertueux, et profondément dévoué à Dieu.

Tiberge devient un guide pour le chevalier, même si ce dernier place Manon au-dessus de la religion.

Il incarne un modèle de vertu qui ne cessera jamais de croire au retour de Des Grieux sur la voie de laraison et donc de la foi.

Ce déterminisme fait de lui un parfait homme de Dieu.Il est alors nécessaire de parler d'une notion très importante qui apparaît dans Manon Lescaut : le jansénisme.

Le Jansénisme estun courant religieux et politique qui se déploya aux XVIIe et XVIIIe siècles en France, Belgique, Hollande, Italie et Allemagne.Notons que les jansénistes prônent une morale très rigoriste, contrairement aux jésuites qui, face au péché, demeurent indulgents.Il existe une « querelle de la grâce » entre les jansénistes et les jésuites.

En effet pour les premiers l'homme ne possède pas delibre-arbitre puisque son destin est déjà écrit.

Dieu est tout-puissant et détermine lui-même la destinée de chacun, il n'accorde sagrâce qu'à de rares élus.

Pour les jésuites, l'homme détient un libre-arbitre, lui-seul bâtit son avenir et le chemin vers la grâce.

Apartir de 1637, les jansénistes, installés à Port-Royal dans une abbaye, fondent les Petites Ecoles (notamment fréquentées parRacine) où l'enseignement sera porté sur la théologie et l'étude littéraire.

Condamnés par le collège de la Sorbonne, Port-Royalsera rasé en 1710 par le pouvoir royal favorable aux jésuites.Dans Manon Lescaut le jansénisme apparaît grâce au thème du destin et de la fatalité.

Dans cette oeuvre, le chevalierreprésenterait un chrétien pécheur, soumis aux plaisirs des sens et à l'amour.

La grâce de Dieu lui est ainsi interdite.

En revancheTiberge se montre détaché de toute cupidité et incarne un homme d'Eglise vertueux, attaché à des valeurs spirituelles profondesqui font de lui un être destiné à être gracié.

Des Grieux se sent victime de son destin, et souffre de se voir, aux moments les pluspaisibles et agréables de sa vie, accablé par ce destin : « J'ai remarqué, dans toute ma vie, que le Ciel a toujours choisi, pour mefrapper de ses plus rudes châtiments, le temps où ma fortune me semblait le mieux établie ».

Ici le destin joue un rôle trèsimportant, même essentiel : si le chevalier, élève d'un collège jésuite, souhaite garder une attitude vertueuse, il ne peut absolumentrien faire et se voit entraîné par l'amour inévitable qu'il porte à Manon.

Un amour comparable à celui de Phèdre et d'Hyppolite,les célèbres personnages de Racine.

Des Grieux reste toujours conscient de son impuissance face à la fatalité: « Je vais perdre mafortune et ma réputation pour toi, je le prévois bien ; je lis ma destinée dans tes beaux yeux ; mais de quelles pertes ne serai-jepas consolé par ton amour ! ».

L'attitude janséniste du chevalier apparaît lorsqu'il tente d'oublier Manon, et prie Dieu de l'aider.Après les infidélités de Manon avec Monsieur de B…, Des Grieux se tourne vers la religion et souhaite mener « une vie sage etchrétienne » où il s'occuperait « de l'étude et de la religion » qui lui permettront « de ne point de penser aux dangereux plaisirs del'amour ».

L'un des discours du jeune homme fait à Tiberge semble être effectivement janséniste : « Etablissez bien que les délicesde l'amour sont passagères, qu'elles sont défendues, qu'elles seront suivies par d'éternelles peines, et ce qui fera peut-être encore. »

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