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Le mode de production(1) de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale

Publié le 21/10/2015

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Le mode de production(1) de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. A un certain degré de leur développement, les forces productives(2) matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de production existants, ou avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors, et qui n'en sont que l'expression juridique. Hier encore formes de développement des forces productives, ces conditions se changent en de lourdes entraves. Alors commence une ère de révolution sociale. Le changement dans les fondations économiques s'accompagne d'un bouleversement plus ou moins rapide dans tout cet énorme édifice. Quand on considère ces bouleversements, il faut toujours distinguer deux ordres de choses. Il y a le bouleversement matériel des conditions de production économique (?). Mais il y a aussi les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques, philosophiques, bref les formes idéologiques, dans lesquelles les hommes prennent conscience de ces conflits et les poussent jusqu'au bout. On ne juge pas un individu sur l'idée qu'il a de lui-même. On ne juge pas une époque de révolution d'après la conscience qu'elle a d'elle-même. Cette conscience s'expliquera plutôt par les contrariétés de la vie matérielle, par le conflit qui oppose les forces productives sociales et les rapports de production. Marx, Critique de l'économie politique. 1 Organisation économique (féodalisme, capitalisme etc.) 2 Ce que le mode de production mobilise ; il s'agit du moteur de la production (outils, travail des hommes, etc.) «Le psychique en toi ne coïncide pas avec ce dont tu es conscient ; ce sont deux choses différentes, que quelque chose se passe dans ton âme, et que tu en sois par ailleurs informé. Je veux bien concéder qu'à l'ordinaire le service de renseignements qui dessert ta conscience suffit à tes besoins. Tu peux te bercer de l'illusion que tu apprends tout ce qui revêt une certaine importance. Mais dans bien des cas, par exemple dans celui d'un conflit pulsionnel de ce genre, il est en panne, et alors, ta volonté ne va pas plus loin que ton savoir. Mais dans tous les cas, ces renseignements de ta conscience sont incomplets et souvent peu sûrs ; par ailleurs, il arrive assez souvent que tu ne sois informé des événements que quand ils se sont déjà accomplis et tu ne peux plus rien y changer. Qui saurait évaluer, même si tu n'es pas malade, tout ce qui s'agite dans ton âme et dont tu n'apprends rien, ou dont tu es mal informé ? Tu te comporte comme un souverain absolu, qui se contente des renseignements que lui apportent les hauts fonctionnaires de sa cour, et qui ne descend pas dans la rue pour écouter la voix du peuple. Entre en toi-même, dans tes profondeurs, et apprends d'abord à te connaître, alors tu comprendras pourquoi tu dois devenir malade, et tu éviteras peut-être de le devenir.» C'est ainsi que la psychanalyse a voulu instruire le moi. Mais ces deux élucidations, à savoir que la vie pulsionnelle de la sexualité en nous ne peut être domptée entièrement, et que les processus psychiques sont en eux-mêmes inconscients, ne sont accessibles au moi et ne sont soumis à celui-ci que par le biais d'une perception incomplète et peu sûre, reviennent à affirmer que le moi n'est pas maître dans sa propre maison. Freud, L'inquiétante étrangeté. Pour ce qui est de la superstition des logiciens, je ne me lasserai jamais de souligner un petit fait que ces esprits superstitieux ne reconnaissent pas volontiers à savoir qu'une pensée se présente quand «elle» veut, et non pas quand «je» veux ; de sorte que c'est falsifier la réalité que de dire : le sujet «je» est la condition du prédicat «pense». Quelque chose pense, mais que ce quelque chose soit justement l'antique et fameux «je», voilà, pour nous exprimer avec modération, une simple hypothèse, une assertion, et en tout cas pas une «certitude immédiate». En définitive, ce «quelque chose pense» affirme déjà trop ; ce «quelque chose» contient déjà une interprétation du processus et n'appartient pas au processus lui-même. En cette matière, nous raisonnons d'après la routine grammaticale : «Penser est une action, toute action suppose un sujet qui l'accomplit, par conséquent...» C'est en se conformant à peu près au même schéma que l'atomisme ancien s'efforça de rattacher à l'« énergie » qui agit une particule de matière qu'elle tenait pour son siège et son origine, l'atome. Des esprits plus rigoureux nous ont enfin appris à nous passer de ce reliquat de matière, et peut-être un jour les logiciens s'habitueront-ils eux aussi à se passer de ce «quelque chose», auquel s'est réduit le respectable «je» du passé. Nietzsche, Par delà le bien et le mal. - De l'unité originairement synthétique de l'aperception(1). Le : Je pense doit nécessairement pouvoir accompagner toutes mes représentations ; car si tel n'était pas le cas, quelque chose serait représenté en moi qui ne pourrait aucunement être pensé - ce qui équivaut à dire que la représentation ou bien serait impossible, ou bien ne serait du moins rien pour moi. La représentation qui peut être donnée avant toute pensée s'appelle intuition. Donc, tout le divers de l'intuition entretient une relation au : Je pense, dans le même sujet où ce divers se rencontre. Mais cette représentation est un acte de la spontanéité, c'est-à-dire qu'elle ne peut pas être considérée comme appartenant à la sensibilité. Je l'appelle l'aperception pure pour la distinguer de l'aperception empirique(2), ou encore aperception originaire, parce qu'elle est cette conscience de soi qui, en produisant la représentation : Je pense, laquelle doit pouvoir accompagner toutes les autres représentations et est une et identique dans toute conscience, ne peut être accompagnée d'aucune autre. Je nomme encore l'unité de cette représentation l'unité transcendantale(3) de la conscience de soi, pour désigner la possibilité de la connaissance à priori qui en procède. Car les diverses représentations qui sont données dans une certaine intuition ne constituent pas toutes ensemble mes représentations si elles n'appartiennent pas toutes à une conscience de soi, ce qui veut dire que tant qu'elles sont mes représentations (bien que je n'en aie pas conscience sous cette forme), elles doivent en tout cas, avec nécessité, se conformer à la condition sous laquelle seulement elles peuvent se réunir dans une conscience générale de soi, étant donné que sinon, elles ne m'appartiendraient pas complètement. Kant, Critique de la raison pure. 1 Conscience (perception) de soi 2 Empirique : dont la connaissance dérive de l'expérience 3 Qui peut se penser à priori de toute expérience Les maximes du sens commun sont les suivantes : 1- Penser par soi-même ; 2 - Penser en se mettant à la place de tout autre ; 3 - Toujours penser en accord avec soi-même. La première est la maxime du mode de pensée qui est libre de préjugés la seconde celle de la pensée élargie, la troisième celle de la pensée conséquente. La première est la maxime d'une raison qui n'est pas passive. La tendance à la passivité, par conséquent à l'hétéronomie de la raison, c'est là ce qu'on appelle le préjugé (?). En ce qui concerne la deuxième maxime de cette manière de penser, nous sommes bien accoutumés à appeler par ailleurs «étroit d'esprit» (borné, au sens du contraire d'élargi) celui dont les talents ne suffisent pas à un travail d'une certaine ampleur (notamment, à un usage intensif). Simplement, il n'est pas question ici du pouvoir de la connaissance mais de la manière de penser qui consiste à faire de la pensée un usage conforme à sa fin ; et c'est de cette manière de penser qui, si restreint selon l'extension et le degré que soit ce dont l'homme se trouve doué naturellement, témoigne cependant que l'on a affaire à un être dont la pensée est élargie - savoir sa capacité à s'élever au dessus des conditions subjectives et particulières du jugement, à l'intérieur desquelles tant d'autres sont comme enfermés, et à réfléchir sur son propre jugement à partir d'un point du vue universel (qu'il ne peut déterminer que dans la mesure où il se place du point de vue d'autrui). La troisième maxime, celle de la manière de penser conséquente, est celle à laquelle il est le plus difficile d'accéder, et on ne peut même y parvenir qu'en associant les deux premières maximes et après les avoir suivies assez longtemps pour que leur pratique soit devenue une habitude. On peut dire que la première de ces maximes est celle de l'entendement, la seconde celle de la faculté de juger, et la troisième celle de la raison. Kant, Critique de la faculté de juger. Quand celui qui nous aurait créé serait tout puissant, et quand même il prendrait plaisir à nous tromper, nous ne laissons pas d'éprouver une liberté en nous qui est telle que, toutes les fois qu'il nous plait, nous pouvons nous abstenir de recevoir en notre croyance les choses que nous ne connaissons pas bien, et ainsi nous empêcher d'être jamais trompé. Descartes, Principes de la philosophie. Les choses de la nature n'existent qu'immédiatement et d'une seule façon, tandis que l'homme, parce qu'il est esprit, a une double existence ; il existe d'une part au même titre que les choses de la nature, mais d'autre part il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense et n'est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi. Cette conscience de soi, l'homme l'acquière de deux manières : Primo, théoriquement, parce qu'il doit se pencher sur lui-même pour prendre conscience de tous les mouvements, repris et penchants du c?ur humain et d'une façon générale se contempler, se représenter ce que la pensée peut lui assigner comme essence, enfin se reconnaître exclusivement aussi bien dans ce qu'il tire de son propre fond que dans les données qu'il reçoit de l'extérieur. Deuxièmement, l'homme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu'il est poussé à se trouver lui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui s'offre à lui extérieurement. Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres déterminations. L'homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme extérieure de sa propre réalité. Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de l'enfant ; le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l'eau, admire en fait une ?uvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité. Hegel, Esthétique.

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