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Le mythe de narcisse

Publié le 04/03/2015

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Voici le poème qui accompagnait le tableau « La métamorphose de Narcisse » par Salvador Dali : Quand l'anatomie claire et divine de NarcisseSe penche sur le miroir obscur du lac, Quand son torse blanc plié en avantSe fige, glacé,Dans la courbe argentée et hypnotique de son désir,Quand le temps passe,Sur l'horloge des fleurs du sables de sa propre chair, Narcisse s'anéantit dans le vertige cosmique,Au plus profond duquel chante,La sirène froide et dionysiaque de sa propre image.Le corps de Narcisse se vide et se perdDans l'abîme de son reflet,Comme le sablier que l'on ne retournera pas. Narcisse, tu perds ton corps,Emporté et confondu par le reflet millénaire de ta disparition,Ton corps frappé de mortDescend vers le précipice des topazes aux épaves jaunes de l'amour,Ton corps blanc, englouti,Suit la pente du torrent férocement minéralDes pierreries noires aux parfums âcres,Ton corps...Jusqu'aux embouchures mates de la nuitAu bord desquellesEtincelle déjà Toute l'argenterie rougeDes aubes aux veines brisées dans « débarcadères du sang » Narcisse,Comprends-tu ?La symétrie, hypnose divine de la géométrie de l'esprit, comble déjà ta tête de ce sommeil inguérissable, végétal, atavique et lentQui dessèche la cervelleDans la substance parcheminéeDu noyau de ta proche métamorphose. La semence de ta tête vient de tomber dans l'eau.L'homme retourne au végétalEt les dieuxPar le sommeil lourd de la fatigueEt les dieuxPar le sommeil lourd de la fatigue Par l'hypnose transparente de leurs passions.Narcisse, tu es si immobileQue l'on croirait que tu dors.S'il s'agissait d'Hercule rugueux et brun,On dirait : il dort comme un troncDans la posture D'un chêne herculéen.Mais toi, Narcisse, Formé de timides éclosions parfumées d'adolescence transparente,Tu dors comme une fleur d'eau.Voilà que le grand mystère approche,Que la grande métamorphose va voir lieu. Narcisse, dans son immobilité, absorbé par son reflet avec la lenteur digestive des plantes carnivores, devient invisible. Il ne reste de luiQue l'ovale hallucinant de blancheur de sa tête,Sa tête de nouveau plus tendre, Sa tête, chrysalide d'arrière-pensées biologiques,Sa tête soutenue au bout des doigts de l'eau,Au bout des doigts,De la main insensée,De la main terrible,De la main coprophagique,De la main mortelle,De son propre reflet.Quand cette tête se fendra, Quand cette tête se craquellera,Quand cette éclatera,Ce sera la fleur,Le nouveau Narcisse, Gala - Mon NarcisseSalvador Dali, 1937

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