Le pré-carré latino-américain

Les États-Unis considèrent la démocratie et les réformes sociales comme les fondements de la stabilité ouest-européenne; mais elles constituent à leurs yeux des obstacles à la stabilité du continent latino-américain. Pour l'administration américaine, la culture politique du sous-continent ne permet pas de soutenir une démocratie assez forte pour résister au communisme. Dans le nouveau cadre de la guerre froide, Washington choisit donc de soutenir les régimes autoritaires garants du maintien de leur hégémonie dans la région. Face aux désirs de démocratie des classes moyennes et populaires, les autorités -le complexe militaro oligarchique- se tournent vers les États-Unis pour préserver le système traditionnel. Si cette dépendance politique de l'Amérique latine envers les États-Unis n'est pas nouvelle, elle s'institutionnalise après la seconde guerre mondiale : la conférence de Bogota en 1948 crée une organisation des Etats américains. Les dépendances économiques et militaires sont renforcées par le pacte de Rio en septembre 1947, et par une série d'accords bilatéraux qui permettent à Washington de contrôler les fournitures d'armes et de former les officiers, ce qui leur confère le contrôle exclusif sur les politiques militaires du sous continent. Enfin, l'insertion dans la charte des Nations Unies des articles 51 et 52 autorisant la constitution de pactes régionaux, marque la détermination de Washington d'éviter toute intervention étrangère dans ce qu'elle considère comme sa zone d'influence.