Le quatrième mandat d'Helmut Kohl
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
Ce n'est pas le moindre paradoxe du Monde que, créé sur l'initiative du pouvoir politique, il deviendra rapidement un symboled'indépendance et d'esprit critique, une sorte de contre-pouvoir.
Hubert Beuve-Méry reste hanté par le souvenir de la presse d'avant-guerre, de ses compromissions politiques et de sesrapports étroits avec l' " argent ".
Il s'estime " le libre gestionnaire d'un service du public ".
Le professeur René Courtin représente dans le comité de direction de1944 la sensibilité libérale protestante et la Résistance, Christian Funck-Brentano la sensibilité gaulliste.
Le 18 décembre 1944 paraît le premier numéro du Monde.
Hubert Beuve-Méry s'est installé dans le bureau solennel, tour àtour étouffant et glacial, où siégeait le conseil d'administration du Temps.
A l'équipe venue du Temps s'adjoindrontprogressivement de jeunes rédacteurs.
Pour eux, Hubert Beuve-Méry est le " patron ", une sorte de père qui règne par la forcede ses silences et de son courage.
Il intervient directement fort peu lors des réunions du matin qu'il instituera au bout de quelquesannées, où tout le monde est debout autour de son bureau.
Hubert Beuve-Méry mènera de là une série de rudes batailles.
D'abord pour la survie du très fragile journal qui vient de naître.Pour lui, l'entreprise n'a d'intérêt que moral et intellectuel.
C'est-à-dire si elle porte à son public le respect qui lui est dû enl'informant sans céder aux pressions quelles qu'elles soient, en se plaçant s'il le faut à contre-courant des opinions officielles.
La crise de 1951
Très vite, cependant, au sein du comité de direction, des tensions se firent sentir.
René Courtin, libéral, européen, partisanpassionné du pacte atlantique, était surtout en désaccord avec les articles du grand médiéviste Etienne Gilson et avec ceuxd'Hubert Beuve-Méry lui-même.
On baptisa " neutralisme " les positions de l'un et de l'autre.
Objet du débat : l'Europe et sonrôle entre les Deux Grands.
Pour Etienne Gilson, elle doit être puissante et indépendante de l'Est comme de l'Ouest.
Pour Beuve-Méry, beaucoup plusnuancé quoi qu'on en ait dit, une Europe forte ne doit pas se lier trop étroitement avec les Etats-Unis.
Elle doit rester maîtresse deson destin.
René Courtin ne put admettre ces thèses.
Après de nombreux rebondissements, il refusa de poursuivre sa collaboration auMonde, qu'il attaqua même dans d'autres journaux.
Hubert Beuve-Méry, constatant la rupture de l'accord originel, annonça, le27 juillet 1951, qu'il quitterait le 1 e novembre suivant la direction du journal.
La rédaction, " anciens " et " nouveaux " confondus, se refusait à un changement de direction qui l'amènerait, comme le dit lecritique littéraire de l'époque Emile Henriot, qui jeta son épée d'académicien dans la balance, " à être vendue avec les meubles ".Il fallut d'abord convaincre Hubert Beuve-Méry de renoncer à s'en aller.
Non sans peine.
Il fallait ensuite reconstituer unemajorité en sa faveur.
C'est à cette occasion que, transformant en participation un droit de veto de fait, fut crée une société des rédacteurs, disposantde 80 des 280 parts du journal.
Le 12 décembre, celles-ci assurèrent le maintien à la barre d'Hubert Beuve-Méry.
La guerre d'Algérie sera aussi l'occasion d'une des plus rudes batailles qu'il aura menées.
Non que, dès le début, le directeur duMonde réclamât l'indépendance.
Mais très vite il discerna la paralysie de la politique extérieure française qu'entraînait ce nouveauconflit, le pourrissement des institutions qu'il provoquait, le pourrissement des consciences aussi...
Après avoir, dans ses éditoriaux, lancé de vains avertissements, tenté des démarches personnelles auprès des présidents duconseil et des ministres responsables, il se résigna à publier les rapports qui décrivaient et dénonçaient certaines méthodesemployées par une armée que l'incohérence du pouvoir politique avait enfoncée dans une tragique impasse.
Les gouvernants del'époque, Guy Mollet notamment, ne le pardonnèrent ni au journal ni à son directeur.
La guerre d'Algérie
Lors de l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle, qui d'ailleurs n'annonçait en rien, bien au contraire, la politique qu'il allaitsuivre en Algérie, Hubert Beuve-Méry ne se résigna pas sans peine au " oui ".
Un " oui " chargé de " mais ".
Entre le général et lui,peu d'atomes crochus.
Ils se ressemblaient trop par leur pessimisme souverain.
Et Sirius se défiait du pouvoir personnel.
Face augénéral, qui l'avait reçu avec une hauteur sarcastique, il exerça du haut de sa chaire du Monde une forme d'opposition morale.
Ilchercha sous les mots du grand manieur de mythes français le grain des choses et les prolongements dangereux.
Cette sorte dedialogue agaçait le général qui, l'apostrophant un jour, cita Goethe en allemand : " L'esprit qui toujours nie.
" Sirius ne cessa de se.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Helmut Kohl - Geschichte.
- D'Helmut Kohl, on connaît la taille (1m 93) et le sens politique qui permit, moins d'une année après la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, la réunification de l'Allemagne.
- Kohl, Helmut : Le décès de François Mitterrand (Podcast)
- Helmut Kohl - Biography.
- Kohl Helmut