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Le retour de la musique ancienne

Publié le 22/02/2012

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1991 -   1986-1991. Cinq petites années qui comptent peu dans l'histoire de la musique. A peine le temps pour un compositeur d'écrire un opéra ou une grande pièce d'orchestre, de mesurer l'évolution des langages.    Si révolutions il y a, elles touchent aujourd'hui les interprètes et les rapports qu'ils entretiennent avec la carrière, le métier, la musique, le public.    1986-1991. Eugen Jochum, Evgeny Mravinsky, Herbert von Karajan, Leonard Bernstein sont morts. Des chefs de ce calibre, il n'en reste plus que cinq. Mais Sergiu Celibidache, Kurt Sanderling, Carlo Maria Giulini et Sir Georg Solti sont trop âgés pour se fixer auprès d'un orchestre. Et Carlos Kleiber ne veut pas en entendre parler... Leur métier, tel que nous l'a légué la première moitié du XXe siècle, est mort. La carrière de leurs sept ou huit outsiders finira-t-elle en apothéose ? Ils ont une soixantaine d'orchestres qui les attendent...    Non, 1986-1991, a vu la musique ancienne triompher. Partis avec peu d'argent en poche, beaucoup d'idées en tête, une foi à soulever les montagnes, ceux que l'on avait baptisés du sobriquet de baroqueux ont aujourd'hui les faveurs du public au concert, à l'opéra, au disque et au cinéma ( un million et demi d'entrées pour Tous les matins du monde, le film d'Alain Corneau). Ils remontent le temps, grignotent peu à peu le répertoire des chefs traditionnels, abordent même aux rivages contemporains puisque l'on écrit à nouveau pour la flûte en bois, le clavecin ou la viole de gambe. Plus importants peut-être en termes de sociologie de la musique, ils n'obéissent pas aux lois qui régissent les autres musiciens : ils manient moins d'argent, ne sont pas fonctionnarisés, ils se cooptent comme les musiciens d'avant la seconde guerre mondiale. Leurs prestations témoignent le plus souvent d'un soin dans la préparation oublié depuis longtemps des réseaux traditionnels. Leurs programmes laissent une large part à la découverte d'oeuvres oubliées. Ils ignorent le star-system, jusqu'au jour où, peut-être, un nouveau Karajan leur arrivera. ALAIN LOMPECH Février 1992

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