Les atteintes du marais de st-gond

 Quelles sont les atteintes auxquelles est exposé le marais?

Le drainage intensif est lié à une volonté d'exploitation agricole du marais. Pour recueillir et évacuer les eaux des fossés de drainage ont été creusés autour des parcelles créant un réseau de plusieurs km de long à l'intérieur du marais destiné à assécher les parcelles en vue de les cultiver. En même temps le réseau hydrographique naturel composé du Petit Morin et de ses quelques affluents a été intensément rectifié, recreusé et ensuite régulièrement curé. Ces travaux ont été entrepris dès le XIX ème siècle grâce à la création d'un syndicat d'assèchement des marais de Saint-Gond. Ce syndicat de propriétaires (privés et communes), l'ASA des marais de Saint-Gond, existe encore actuellement et règle le niveau de l'eau grâce à un système de vannages. Les travaux d'assèchement du marais se sont poursuivis et intensifiés durant le XX ème siècle au cours duquel la politique agricole a entraîné une augmentation de la pression anthropique sur

les marais. La transformation des parcelles en pâture puis en culture a entraîné une diminution de 33% de la surface des marais entre 1947 et 1996. On estime que la surface du marais est ainsi passée de plus de 8 000 hectares au début du XX ème siècle à à peine 1 500ha actuellement.

D'autre part, cet assèchement des sols a entrainé une invasion progressive par des arbres (essentiellement des saules). L'abandon du pâturage extensif dans les années 60 a intensifié cet envahissement.

Les marais de Saint-Gond sont en fait une tourbière, c'est à dire un endroit où se forme de la tourbe. Il comporte des écosystèmes particuliers comprenant des plantes adaptées à la vie en milieu humide (roseaux, carex...). Après leur mort ces plantes s'accumulent sous l'eau et leur matière organique n'est pas minéralisée contrairement à ce qui se passe lorsque les végétaux morts sont en contact avec l'air. C'est ainsi que se forme peu à peu de la tourbe constituée par jusqu'à 90% de matière organique (avec 33% de carbone). Dans les espaces entre les végétaux accumulés les espaces sont plus ou moins comblés par de l'eau dont la tourbe peut ainsi stocker de grandes quantités. Dans la zone aval de Marais de Saint-Gond, les dépôts tourbeux peuvent atteindre 4 mètres d'épaisseur.

La tourbe des marais de Saint-Gond a presque toujours été exploitée. Pendant longtemps l'exploitation a été artisanale et familiale afin de servir aux besoins locaux. À partir de la dernière guerre, l'utilisation d'engins mécaniques a permis d'intensifier l'exploitation et de prélever de plus gros volumes de tourbe, d'où une destruction accélérée du marais.

Cette exploitation a entraîné la formation de fosses de tourbage dans les marais. Pendant longtemps ce n'étaient que de petites fosses qui ont été progressivement comblées par la végétation, mais l'exploitation intensive a généré d'immenses fosses de plusieurs hectares remplies d'eau dont les pentes abruptes et la profondeur (3 à 4 m) empêchent tout espoir de re-colonisation par la végétation et la faune et donc de reconstitution de la tourbière.

L'exploitation de la tourbe est actuellement soumise à des demandes d'autorisation et à des contraintes d'exploitation tellement sévères qu'on peut la considérer comme terminée.