Les échanges inégaux

L'économie du Reich ne peut, à elle seule, supporter l'effort de guerre. D'autant que le conflit se prolonge plus longtemps qu'Hitler ne l'avait prévu : la résistance de l'URSS et l'entrée en guerre des États-Unis, en décembre 1942, ont changé la donne. Le Führer refusant de faire peser sur la population allemande les besoins en armements et en produits de toute nature, il impose aux pays dominés de ravitailler l'Allemagne et les troupes de la Wehrmacht. La mise en coupe réglée de l'Europe, bientôt chapeautée par Albert Speers, est plus ou moins draconienne, suivant les pays. Alors qu'à l'Est, les nazis pratiquent le pillage pur et simple des économies locales, ils mettent des formes pseudo-légales pour pressurer les nations de l'Ouest. La France, la Belgique, les Pays-Bas, la Norvège, la Grèce et l'ex-Yougoslavie doivent supporter les frais d'entretien des troupes allemandes stationnées sur leur sol, à des tarifs dépassant très largement le prix réel. Avec ce surplus, les autorités allemandes achètent, bien en dessous de leur valeurs, des produits industriels et agricoles. Ils imposent également des accords entre entreprises locales et firmes germaniques, toujours plus favorables aux intérêts allemands. Ils fixent enfin des taux de change monétaires très pénalisant pour les pays conquis. Ces spoliations aboutissent à une situation de pénurie de plus en plus difficile à vivre pour les populations. Le rationnement est partout de mise et le marché noir se développe.