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LES ORIGINES DU SYNDICALISME DANS LE PUY DE DÔME

Publié le 03/11/2011

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LES ORIGINES DU SYNDICALISME DANS LE PUY DE DÔME

 

            Malgré l'industrialisation tardive du Puy-de-Dôme, le mouvement syndical s'organise et se développe localement selon des modalités et à un rythme proches de ceux du mouvement national. Ses fondements idéologiques sont identiques et son recrutement comparable. Tout au plus, luttes et poussée syndicale marquent le pas dans le département à partir de 1904.

            Ce sont les ouvriers qualifiés d'industries à fortes traditions artisanales qui inaugurent le mouvement à Clermont-Ferrand et à Thiers. Le syndicalisme prend ensuite de l'ampleur et se diversifie avec l'essor des bassins miniers qui emploient de gros contingents d'ouvriers-paysans à Saint-Eloy, Brassac et Messeix.

Les typographes clermontois se constituent en société mutuelle dès 1872, en chambre syndicale à partir de 1881, qui proposent formations réseaux de services, prône un réformisme prudent.

Les 30 000 professionnelles de la coutellerie de Thiers, qui travaillent à domicile ou en petits ateliers, commencent à se syndiquer vers 1883-1887. Mais jusque dans les années 1920-1925, où les adhésions à la CGT se multiplient, syndicats, chambres syndicales et Bourse du Travail (1901) rencontrent des discontinuités. Les émouleurs, organisés, nombreux et pugnaces, font figure d'exception et de modèle.

Les salariés des houillères, réunis en chambres syndicales et Fédération des mineurs du Centre, confortent activement et puissamment le mouvement syndical.

            En effet les femmes et les hommes qui se sont engagés dans le syndicalisme, au risque de leur carrière, de leur liberté, et parfois de leur vie, ont légué aux Puydômois comme à tous les Français de précieuses valeurs communes. Au chacun pour soi et au corporatisme, à l'isolement et au morcèlement, à la passivité et au fatalisme, aux conflits d'origines, de cultures, de philosophies et de religion, à l'ignorance, ils ont opposé ces règles d'or : s'unir, s'organiser, lutter, négocier, partager, apprendre.

            Le syndicalisme de Michelin

            Dans les décennies qui suivent la Libération, une suite de conflits entre patronats et syndicalistes jalonne le lent passage de Michelin à des relations sociales modernes au sein de l'entreprise

            Dès 1906, Michelin a mis en place un système paternaliste de gestion du personnel, associant des avantages salariaux liés à la discipline et à la productivité individuelle avec un contrôle social étendu à toute leur existence, personnel et familiale.

Entre les deux guerres mondiales la \"Maison\" a associé ce système à une répression qu'ont seulement contrecarrée les progrès de la CGT à l'époque du Front populaire.

Après 1945 la nouvelle législation des comités d'entreprise commence à mettre en question le principe d'autorité patronale absolue. Michelin, qui devient une multinationale d'envergure planétaire, s'engage dans une longue résistance, en déployant des stratégies antisyndicales accompagnées d'une intense propagande interne.

            Mais en janvier 1947, La direction Michelin a refusé de doubler la collecte faite par le personnel en faveur des vieux travailleurs de l'usine et a décidé de distribuer des primes exceptionnelles seulement à une partie des salariés (20%). Ces décisions, jugées injustes et exacerbées par de dures conditions de travail, provoquent un mouvement spontané que va encadrer Robert Marchalier.

Dès le 8 janvier 1947, l'usine est occupée tandis que des rencontres entre le préfet et les représentants de la CGT et de la direction ont lieu. Le pouvoir désigne un médiateur qui, le 14 janvier impose le versement d'une prime calculée sur des bases associant la présence, l'ancienneté et le mérite. En outre, la direction s'engage à respecter les \"décisions de la commission paritaire du 12 juin concernant la classification des ingénieurs et cadres\".

Le 24  novembre 1947, le mouvement national de grèbe touche Clermont-Ferrand. Le 25 novembre, la grève, fondée sur un cahier de revendications salariales commence : 10400 employés de la manufacture sur un effectif de 11000.

Comme dans les autres villes françaises, les ouvriers cégétistes et communistes dirigent la contestation dans une ambiance tendue. L'usine est occupée et les ouvriers redoutent une charge policière. A proximité, les ouvriers de Bergougnan, de l'usine métallurgique Pingeot, de la manufacture de vêtements Cochon-Quinette sont non-grévistes.

Chez Ollier, huit grévistes sont arrêtés tandis que des tensions éclatent au sein de la CGT.

Le 9 décembre, la majorité des salariés vote la reprise du travail, mais l'amertume domine.

En 1948, éclate une grève de solidarité Michelin pour les salariés de Bergougnan victimes de matraquages et de gaz lacrymogènes.

En 1950, il y a une nouvelle grève salariale. En effet la loi du 11 février 1950 rétablit la négociation des salaires et permet aux syndicats de conclure des accords avec les employeurs. Le 23 février, CGT et CGT-FO réclament une augmentation mensuelle hiérarchisée de 3000F, autrement dit une augmentation de 25%. Le 27 février la direction fait une contre-proposition a 8% et refuse de négocier.

Au début du mois de mars 1950, un référendum est organisé : 51% des votants se prononcent pour la grève et même 57% pour le personnel ouvrier.

Le 3 mars 1950, commence alors une grève de 63 jours. Et dans la deuxième quinzaine d'avril, des incidents interviennent entre grévistes et non-grévistes. Le 30 avril, FO se retire du comité de grèbe et accepte les propositions patronales.

La direction n'a pas cédé face au comité de grève, mais des avantages salariaux et sociaux sont accordés dans les mois qui suivent.

            Les syndicats obtiennent peu à peu que la gestion des œuvres sociales (colonies de vacances, culture et loisirs) soit remise au comité d'établissement. Michelin se soumet au principe de Sécurité sociale et se dessaisit progressivement de ses écoles, de ses magasins (SOPAP), de sa clinique, des jardins familiaux, des cités. Tandis que les principales forces syndicales se redistribuent au fil des années entre CGT (majoritairement en voix jusqu'à la fin des années 1970), CFDT et FO, de nouveaux militants entrent en scène.

Parmi eux, René Debas, ouvrier professionnel, secrétaire du syndicat CGT Michelin de 1950 à 1966, élu au comité d'établissement de 1951 à 1968: on le reconnait, place de Jaude, aux cotés de Charles Tissier (CFTC/CFDT).

Auprès de lui apparaissent  dans les années 1960 les militants CGT, Lucien Campion, Roger Peyraud, Jean-Jacques Perrier, Pierre Defemme, Bernard Jacqueson, ainsi qu'André Bellerose, embauché par le CE Michelin pour mettre en place une bibliothèque.

En 1970, la section FO reçoit le ralliement de Gérard Bellaigue, militant actif venu du trotskysme.

Nombre de militants chrétiens formés à la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) renforcent la CFTC, qui mue en une section CFDT combative: avant tout Charles Tissier, et avec lui Ennebond Guichard, Raymond Delair, Jean Bonaldi, Pierre Wanackier, puis Guy Tixier, Jean-Claude Poeuf, Robert Pinay, Jacqueline Viremot

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