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Les rafles

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

« Au début du fascisme, la population juive de Rome était bien intégrée à la vie nationale. Pour vous donner un exemple personnel, mon arrière-grand-père a été député dans le premier Parlement du Royaume d'Italie. Dans ma famille, il y a des gens qui sont morts au front pendant la première guerre mondiale, d'autres qui ont été décorés. Certains Juifs italiens, et romains, ont même rejoint les premiers fascistes. Moi-même, j'avais prié ma mère de m'inscrire aux Balillà car, pour les enfants, être fasciste cela voulait dire jouer avec les autres, faire le petit soldat, aller skier... Mon père lui-même, en 1922, prend sa carte du parti fasciste. Il le quitte au moment de l'affaire Matteotti, puis se réinscrit en 1932 par nécessité professionnelle. Mon père n'a pas vécu cette période comme juif mais comme tous les citoyens italiens. Peut-être quelque chose a-t-il changé en 1929, au moment du Concordat, qui fut, selon moi, un événement funeste pour les Juifs romains, avant même la persécution raciale. Pour nous, qui avions une culture laïque, l'éducation religieuse catholique à l'école a introduit une transformation importante. Bien sûr, nous étions dispensés de l'enseignement religieux, mais cela même nous distinguait des autres, nous donnait le sentiment d'être différents. » Témoignage du responsable S.S. de la rafle, du 16 octobre 1943 « Aujourd'hui, l'action antijuive a été commencée et conclue (...). Vu l'impossibilité de faire confiance à la police italienne, sa participation ne lui a pas été demandée. Certaines rues n'ont pu être complètement isolées compte tenu des impératifs de « ville ouverte » et en raison du nombre insuffisant de policiers allemands, c'est-à-dire trois cent soixante-cinq (...). On a assisté à des tentatives pour cacher des Juifs dans des habitations voisines à l'arrivée des forces allemandes. Elles ont souvent été couronnées de succès. La population n'a donné aucun signe de collaboration antisémite... » Cité d'après Marie-Anne Matard, La rafle du ghetto in Françoise Liffran (sous la direction de), Rome 1920-1945. Le modèle fasciste, son Duce, sa mythologie, Éditions Autrement, série Mémoires n°7, Paris, 1991, p. 93 et p. 95