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les scpectacles comiques ne demande aucune reflexion des spectateurs

Publié le 30/05/2011

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Il est difficile de définir l’expression « spectacle comique ». Le mot spectacle implique sans aucun doute l’idée de représentation, mais l’adjectif comique peut porter à discussion. En effet, selon les dictionnaires, le comique est quelque chose qui divertit, fait rire, ou relève du genre théâtral de la comédie. Le dernier sens est évidement erroné puisque tout ce qui est comique n’appartient pas forcément au théâtre. Mais on s’interrogera ici sur le bien fondé des deux premiers sens qu’offre le dictionnaire de ces registres, en se demandant également si le comique ne suppose aucune réflexion de la part du spectateur comme le prétend un des personnages de Marcel Pagnol dans Le Schpountz. Pour cela, on verra tous les arguments qui appuient ces définitions, mais l’on y opposera ensuite une analyse nuancée du spectacle comique, où le lecteur doit être absolument actif. On prendra nos exemples dans l’ensemble des représentations où le registre comique est principal, sans se limiter à la comédie, bien qu’elle en soit l’exemple le plus évident.

 

 

 

Selon le personnage de Pagnol, les spectacles comiques ne poseraient aucun problème aux spectateurs, qu’il serait donc facile de les comprendre. Effectivement, toutes les formes de comédie s’appuient en général sur une intrigue légère. Il s’agit de mariage contrarié, de ridicule des personnages … Les trahisons et les tromperies qui sont mise en scène sont relativement futiles. Ainsi, Jean-François Regnard, avec sa comédie d’intrigue Le Légataire universel met en scène Crispin, un valet rusé, qui trompe pour son maître  un vieillard antipathique nommé Géronte, dans l’espoir de récupérer son héritage. Les tromperies de cette pièce n’ont aucune conséquence dramatique pour les personnages, et l’utilisation du système de l’arroseur arrosé permet de relativiser toutes ces péripéties. Mais l’exemple le plus frappant de ces intrigues faciles est sûrement la farce, qui était à la fin du moyen-âge associée aux classes populaires. En effet, aucune connaissance n’était requise pour la comprendre, puisqu’elle mettait en scène les préoccupations du peuple, comme l’argent, la nourriture et l’amour, et utilisait un comique assez grossier où s’accumulent les bouffonneries. On retrouvera d’ailleurs l’influence de ce type de pièce chez Molière dont Les fourberies de Scapin sont une évolution. Ces sujets relativement légers s’opposent aux actions complexes que proposent les tragédies, qui mettent en scène des personnages aux prises avec des forces qui les dépassent et les aliènent, évoquant la fatalité et les passions humaines. Le point central de ces tragédies est souvent l’amour, comme dans les comédies, mais s’organise autour de lui dans les tragédies l’expression de différents sentiments qui rendent l’intrigue difficile. Ainsi dans Zaïre, Voltaire montre comment les affres de la jalousie deviennent l’expression de la fatalité. D’ailleurs d’après Aristote, l’effet catharsis n’existe que dans la tragédie. D’autre part, les comédies ont de tout temps mis en scène des personnages du quotidien, venus des classe moyennes (des valets, des servants, des bourgeois …) alors que les tragédies présentent des personnages issus de la mythologie, de l’histoire grecque ou latine, ou du moins de la noblesse selon les règles classiques. La proximité avec les spectateurs, leur permettent sans difficultés de s’identifier aux personnages et comprendre leurs problématiques qui sont les siennes. Il est difficile, d’autre part, de tout à fait comprendre Britannicus si l’on ne connait au préalable quelque détail sur l’empereur Néron, particulièrement sa cruauté et sa folie exacerbées au fil de son règne, et présagées dans la pièce. L’utilisation de personnages connus facilite donc la compréhension du spectateur qui n’a besoin d’aucune référence. Les personnages sont également souvent stéréotypés, ce qui permet de prévoir leur comportement, leur réaction. On retrouve, ainsi, dans les pièces de Vaudeville toujours un homme trompé, un mari stupide, une femme légère, une ingénue … 

Et si l’intrigue des comédies, étant plus légère que celle des tragédies et mettant en scène des personnages communs, demande aux spectateurs moins de réflexion, la caractéristique principale des comédies, qui viendrait appuyer les dires du personnage de Pagnol, est sa fin heureuse. En effet, traditionnellement, la comédie se finit bien, les mariages contrariés sont finalement organisés, les bons personnages sont récompensés, et vice versa. Ainsi lorsque cette convention n’est pas respectée le spectateur est fortement étonné. Au dénouement du Misanthrope, par exemple, le lecteur peut être très étonné par le fait que la pièce ne se finisse classiquement par l’union d’Alceste et de Célimène. Dans tout autre genre littéraire, le même final ne serait absolument pas choquant. C’est en ce sens que l’on peut dire que le dénouement d’un spectacle comique ne posera aucun problème au spectateur.

Mais si un spectacle comique pose à première vue relativement peu de problème, il lui permet, de plus, d’éloigner les spectateurs de ses pensés à travers le divertissement qu’il lui propose.  Il répond, en fait, à la fonction principale de tout spectacle. Ce divertissement est assuré par tout ce qui est propre à une représentation, les costumes, le décor, mais aussi le jeu des personnages. D’ailleurs, selon le critique Michel Cournot « nous allons au théâtre pour penser, une heure ou deux, à autre chose. Pour nous distraire, nous émouvoir ». Les spectacles comiques permettent en plus, à la différence de la tragédie, de faire rire le spectateur. Or lorsque l’on rit, le cerveau relâche des hormones responsables du stress, permettant donc d’oublier quelques instants nos pensés préoccupantes, comme le prétend le personnage de Pagnol, ou du moins comme l’on pourrait interpréter son opinion. L’auteur pour faire rire son public peut user de quatre procédés comiques: le comique de geste, de mot, de caractère, de situation. Les exemples de tel comique ne manque pas, chaque comédie y a recours. Dans Dom Juan, Sganarelle reçoit le soufflet destiné à Pierrot. Ici évidemment c’est la situation qui prête à sourire, mais cette situation est crée par la gestuelle du personnage. Ce comique de geste fut souvent associé à un comique grossier, que l’on retrouve par exemple dans la commedia dell’arte, qui a elle même fortement inspiré le théâtre de marionnette, dont Guignol est le personnage principal, maintenant destiné aux enfants. Le comique de mot, qui joue sur la syntaxe, le vocabulaire, ou les accents, a été très utilisé par Plaute, auteur romain, à travers les calembours. On retrouve ce procédé dans le théâtre de l’absurde, qui cherche à montrer l’absence de sens de l’existence grâce, entre autre, à une destruction du langage. Dans la pièce de Jean Tardieu « Un mot pour un autre », comme le titre l’indique, l’auteur joue constamment avec le vocabulaire. Les dramaturges ne sont pas les seuls à utiliser ce type de comique, les humoristes jouent également constamment sur les mots. Raymond Devos en fut un spécialiste, ainsi il dit dans un de ses spectacles « C'est pour satisfaire les sens qu'on fait l'amour, et c'est pour l'essence qu'on fait la guerre ». On peut également reconnaitre le comique de caractère qui réside dans la personnalité, les manières, le phrasé, les défauts et les manies des personnages. Un personnage incarne souvent un défaut précis, comme Harpagon dans l’Avare. De nombreuses situations drôles seront engendrées par l’obsession du personnage, comme la scène où il accuse son domestique de lui avoir volé de l’argent. Enfin, le comique de situation repose sur le paradoxe, ou l’incongruité de certaines situations. Dans le Misanthrope, Alceste est amoureux d’une coquette médisante alors que lui-même répugne l’hypocrisie. C’est nombreux comiques, ainsi que la fonction principale de divertissement associé à tous les œuvres théâtrales, permettent au lecteur d’échapper à ses pensés quotidiennes. Si la relative compréhension de la pièce ne lui posera aucun problème, la place du rire permettra aux spectateurs d’oublier le temps de la représentation ses soucis réels. Plus que de ne pas faire penser, le théâtre, et particulièrement la comédie fait oublier.

 

 

 

Mais tout cela doit être nuancé. Si une comédie semble aisément compréhensible, il n’en est rien de l’ensemble des scènes. Nous avons défini un spectacle comique, comme une représentation dont le registre principal serait le comique. Par définition, une comédie possède d’autres registres. Dans Ubu roi d’Alfred Jarry le roi dont parle le titre est complètement tyrannique. La folie de ce personnage offre de nombreuses situations comiques, mais laisse place aussi à des scènes de terreur. Pour arriver au trône, il a en effet du assassiner le monarque en place,  et de par ses nouvelles fonctions, décide de lancer une vaste politique de massacre des nobles, des magistrats et des financiers. Cette opposition entre un univers farcesque mais inquiétant ne laisse pas le spectateur indifférent, et pourra donc lui poser quelques problèmes, contrairement à l’opinion du personnage de Pagnol. Cette tonalité dramatique n’est pas la seule à être utilisé par les auteurs comiques. Molière fut ainsi l’un des premiers à s’affranchir des personnages stéréotypés caractéristiques jusque là des spectacles comiques. Il peut offrir dans ses scènes des discours philosophiques, ou apparaissent la psychologie complexe des personnages. Dom Juan essaye ainsi de justifier à son valet ses travers amoureux, qui n’est autre que sa conception de la vie. S’ensuit un certain débat idéologique qui oblige le lecteur à s’interroger sur la position de chacun des personnages, celui d’un homme en marge et de son valet représentant la société. Il fait de ce personnage une étude magistrale de caractère, celui du libertin athée. Au XVIIIème,  Marivaux se distingue par l’étude du sentiment amoureux, et privilégie la peinture psychologique.

Et si les comédies peuvent comporter certains passages plus difficiles à comprendre, c’est la caractéristique principale du comique qui peut surtout réfuter l’affirmation du personnage de Pagnol. En effet, le comique est crée par un décalage de ce qui est attendu. La chute immédiate de l’action n’est donc pas prévisible par le spectateur. On peut dire de ce fait que l’emploi du comique peut dans certains cas poser un problème, soit par le fait qu’elle détourne la situation attendue et du coup interpelle le lecteur, ou par le fait que l’humour est parfois difficile à saisir. Cette dernière caractéristique est surtout valable pour l’ironie qui désigne toutes les formes de décalage entre ce qu’écrit un auteur et le message qu’il veut faire passer au lecteur, ce qu’il pense réellement. La compréhension de l’ironie implique donc une réflexion du lecteur et parfois des connaissances extérieures.  Il s'agit de comprendre que le locuteur est ironique, il faut ensuite rejeter le sens littéral et chercher le sens implicite de l'énoncé.  Ainsi il a été montré que les enfants ont souvent du mal à saisir des propos ironiques. La compréhension d’une pièce comique n’est donc pas toujours aussi aisée. Il est vrai que les farces du moyen-âge, faisant appel à un comique asses grossier et mettant en scène des personnages répétitifs et stéréotypes, posent moins de problème que les pièces de Molières.

Mais si la difficulté de compréhension des pièces en elles-mêmes varie selon les époques et les auteurs, l’ensemble des spectacles comiques portent le spectateur à réfléchir sur d’autres problématiques. Ainsi, le plus souvent elles offrent une critique de caractère ou de mœurs. Il s’agit alors de dénoncer le comportement d’un individu ou d’un groupe social. Chez Plaute comme chez Molière, certains personnages caractérisent un défaut précis, qui est mis en évidence et tourné en ridicule. L’avarice d’Harpagon le fait tomber dans la folie, terrifié dans la pièce par une crainte obsédante, qu’on lui vole une cassette remplie d’argent qu’il a dissimulée dans son jardin. Ce sujet est d’ailleurs fortement inspiré d’une comédie de Plaute intitulée La Marmite. Dans d’autres cas, la critique porte sur un groupe social entier. Molière, encore, s’est attaqué à la préciosité de certaines femmes de son époque, dans les Précieuses ridicules, souhaitant toujours dénoncer le ridicule de ses personnages absurdes par leurs excès ou victimes d’une mode. Au siècle suivant, Alain-René Lesage stigmatise le comportement des parvenus dans sa comédie Turcaret. Les spectacles comiques peuvent également servir de support à un message politique. L’école des Femme est ainsi un véritable hymne à l’amour et à la jeunesse. Molière présente dans cette pièce une jeune fille étouffée par une éducation tyrannique, mais à qui l’amour donne de l’esprit, et qui, prenant conscience d’elle-même, de son cœur et de ses désir, défend résolument sont droit à la vie et finit par l’emporter sur son tuteur. La pièce n’apporte pas seulement un discours féministe, il s’attaque également à la religion. Ses contemporains voient dans le « sermon » d’Arnolphe et dans les maximes du mariage une parodie des pratiques de la religion. Au siècle des Lumières, les philosophes opposent le théâtre comique à l'église comme lieu de l'éloquence profane et sanctuaire des idées nouvelles. Dans Turcaret, dont nous avons déjà parlé, Alain-René Lesage critique le règne de l’argent et la corruption. Au XXème siècle, nombreux sont les humoristes engagés.  Coluche en se présentant à l’élection présidentiel dénonce les agissements du gouvernement français, son slogan étant « Ils nous prennent pour des imbéciles, alors votons pour un imbéciles ».  Plus que la compréhension d’un spectacle comique, c’est le message social ou politique qu’il défend qui peut poser certains problèmes aux spectateurs ; les obligeant à réfléchir sur la thèse présentée.

 

 

Les auteurs comiques à travers leur spectacle font donc passer des messages qui demandent au spectateur une certaine réflexion. Mais plus qu’un support quelconque, le spectacle comique est un lieu, voir le lieu, privilégié pour défendre des idées. Une des devises théâtrale n’est elle pas « castigat ridendo mores » ? Selon cet adage du XVIIème siècle, l’essence de la comédie est de corriger les mœurs en riant. Cela s’explique tout d’abord par l’utilisation du comique. En effet, il est une des armes les plus efficaces pour soutenir une thèse, essentiel dans l’art de la rhétorique par exemple. Ce n’est pas par simple plaisir que les hommes politiques usent de l’humour dans leur discours. Il possède, en effet, plusieurs fonctions permettant de renforcer l’adhésion du lecteur, ou de l’interlocuteur, à la thèse énoncée. La première est sûrement la connivence qu’elle permet d’établir entre locuteur et interlocuteurs. Dans le théâtre, cette sympathie est établie entre le spectateur et un personnage. Ce rapprochement par le rire est assez difficile à expliquer, mais facile à illustrer. Dans la vie quotidienne, l’humour est une des qualités les plus appréciables, ne dit-on pas « Femme qui rit, à moitié dans son lit » ! Pour en revenir au théâtre, l’auteur fera d’ailleurs porter son opinion par le personnage qui suscitera la sympathie du spectateur. L’humour permet de la renforcer. Si le spectateur ne prend pas parti pour un personnage, il aura du mal à adhérer à la thèse qu’il défend. Si l’on revient à la rhétorique, cette fonction permet de persuader le spectateur, puisqu’elle fait appel aux sentiments plus qu’à la raison. Le comique possède bien d’autres avantages pour un auteur qui cherche à appuyer une thèse. Il permet également de capter l’attention des spectateurs, et de les mettre en de meilleures dispositions pour recevoir des arguments. En effet, contrairement à un discours engagé linéaire, le comique permet de déguisé son engagement. Ainsi lorsque l’on entend un homme politique s’exprimer, on se place immédiatement dans un état de réflexion propice à l’analyse des paroles prononcées. En revanche, l’utilisation de l’humour permet de décontracter le spectateur qui ne s’attend pas à recevoir des idées. Il sera donc plus enclin à rejoindre la thèse de l’auteur puisqu’il n’était pas préparer à s’opposer au point de vue défendu. Le choix d’utiliser l’humour, et particulièrement l’ironie, oblige le spectateur à être actif, puisque, comme nous l’avons vu, le véritable sens d’une parole ironique est au second degré. Mais cette activité n’est pas antinomique du relâchement que provoque le comique. Dans le premier cas, le rire permet de décontracter le public avant l’énoncé des idées, dans le second ce sont les idées mêmes qui sont exprimés avec humour, obligeant le spectateur à y réfléchir. D’autre part, la compréhension de l’ironie, comme nous l’avons vu, suppose souvent certaines connaissances, elle peut être subtile, et son emploi, dans ce cas, valorise le lecteur : ceux qui saisissent l’ironie se reconnaissent mutuellement  une certaine finesse d’esprit.

Toutes ces caractéristiques permettent donc de renforcer l’adhésion du spectateur, faisant du comique une arme privilégié pour la défense d’une thèse. De ce fait, le spectacle comique en est un genre privilégié. Mais là n’est pas son seul avantage. Il permet avant tout d’élargir la portée de l’auteur. Comme nous l’avons vu les spectacles comiques ont souvent été associés, à juste titre, à un public populaire. Les personnages sont issues de leur classe social, les registres de langues sont variés, et la critique qu’ils offrent s’opposent souvent aux classes dominantes. La tragédie limite la portée de la pièce, car elle est souvent réservée aux élites sociales. Au contraire la comédie s’adresse à  l’ensemble de la population. Cependant, son public n’est pas toujours total, et c’est là l’unique restriction qu’on peut lui opposer. En effet, les classes dirigeantes qui se voient attaquer dans ces œuvres ont du mal à les accepter. Dans L’impromptu de Versailles, Molière se met en scène avec ses comédiens pour tourner en dérision ses détracteurs, petits marquis et fausses prudes, tous appartenant à la noblesse, d’après le dramaturge. Cependant, il a réussi à s’attirer les faveurs du roi et de son entourage, le talent prévalant surement sur la critique. Certaines catégories de spectacle comique, comme les farces, ont d’autre part été jugées trop grossières par la noblesse. C’est donc leur manque d’intérêt littéraire, ou au contraire leur trop grand  intérêt politique et social qui ont parfois écarté la haute société de telles pièces. Mais les auteurs préférant toucher la majorité de la population choisissent d’exprimer leurs idées dans les spectacles comiques, plutôt qu’à travers les autres genres littéraires réservés aux élites sociales, à cette époque seules élites intellectuelles. Enfin, l’utilisation du comique permet pour de nombreux auteurs d’éviter la censure. Il rend l’attaque indirecte et subtile, permettant d’échapper aux contrôles des gouvernants. Cependant, on ne peut pas tous dire sous le simple prétexte de leur traiter avec humour. Certains comiques actuelles, comme Dieudonné censuré pour racisme et antisémitisme, n’ont pu y échapper. D’autres, n’ont pu assez cacher leur portée critique. Le mariage de Figaro de Beaumarchais put être joué seulement six années après son écriture, censuré maintes fois par le roi de l’époque. Le comique, et les caractéristiques facilement appréciables par l’ensemble de la population des spectacles comiques, font de ces derniers un lieu privilégiés de combat, puisqu’il permet à la fois de convaincre plus aisément, et d’élargir la portée du discours de l’auteur.

Mais alors, pourquoi ne pas se contenter de rédiger des comédies, le spectateur deviendrait simple lecteur, et la pièce simple texte, laissant la représentation de côté. Surement que cette dernière elle-même offre à l’auteur un certain intérêt. En effet, l’illustration visuelle qu’elle permet d’offrir au spectateur ne peut être négligée. Cet avantage se retrouve au cinéma, ou à la télévision, l’image et le texte ont plus de force que celui-ci seul. Montrer les horreurs d’une guerre a plus d’impact que de les raconter. Il est vrai qu’un spectacle comique présente une fiction, l’effet n’est pas tout à fait le même qu’un reportage sur un fait réel. Mais dans les deux cas, l’image donne plus d’intensité á la parole. La lecture implique une plus grande part d’imagination, que la représentation anile, permettant de confronter le spectateur à l’impression que souhaite donner le metteur en scène. Cette illustration facilitera la révolte du spectateur contre ce que souhaite dénoncer l’auteur. Au contraire elle peut permettre d’offrir un miroir, souvent outrancier et grossi, du spectateur et de ses travers. Dans ce cas, la représentation permet, ou du moins tente, de faire prendre conscience au public lui-même de ces défauts. Dans un premier temps il s’identifiera au personnage à qui il croit ressembler, mais cette image étant exagérée, il éprouve dans un second temps de la répulsion envers lui. Certains appellent ce processus, la catharsis comique.  Son mécanisme est à certains égards le contraire de la catharsis tragique: au lieu de souffrir avec le protagoniste, ici on s'en désassocie, toute notre réaction est d'éviter de lui ressembler. Cette distanciation est accentuée par le rire. Le rire et la représentation sont donc complémentaires, et leur mariage rend le spectacle comique le lieu, privilégié de combat. A ce titre, il est également un endroit de réflexion intense.

 

 

 

Finalement, bien que les spectacles comiques soient à première vue souvent plus abordable que ceux des autres genres théâtraux, la simplicité de l’intrigue, le banal des personnages stéréotypés, et l’échappatoire intellectuelle que proposent de telles représentations, laissent place à un message engagé car le spectacle comique apparait avant tout comme le genre privilégié de combats idéologiques. Cette place fondamentale qu’occupe le message politique dans les comédies, mais aussi dans tous les autres genres théâtraux qui se rattachent au comique, demande au spectateur une grande part de réflexion, bien plus importante que celle de comprendre l’intrigue en elle-même. Evidemment les tragédies peuvent également occuper cette fonction. Ainsi, Victor Hugo dans Hernani prend de la distance vis-à-vis de la tradition littéraire classique, pour suggérer sa volonté idéologique, la prise de distance avec cette fois la tradition politique, anti-libertaire et injuste. Alors peut-on réellement faire un classement de demande intellectuelle entre les genres littéraires. Là n’est peut être pas l’intérêt, chacun apportant sa contribution, qu’elle soit purement artistique, idéologique.

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