L'Etranger de Camus, Incipit.
Publié le 29/05/2011
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L'étranger, Albert Camus L' Incipit : Introduction : Il s'agit de la première page du roman de l'Etranger d'Albert Camus, paru en 1942 qui connaît dès lors un vif succès. L'Etranger a reçu le prix Nobel de Littérature. I.) Un incipit original Un incipit « in media res » (Héritée du genre épique, cette technique à effet dramatique immédiat est surtout utilisée dans les romans du XX° siècle, différent d'un incipit « statique » comme chez Balzac ou dans les romans réalistes où la description est l'information sont très présentes) Le lecteur est jeté dans une histoire déjà commencée, sans explication préalable sur la situation, les personnages, le moment de l'action 1.) Une absence de description : a.) Du personnage On ne connaît pas l'identité du narrateur, son nom Pas de description physique, si c'est un journal c'est normal → le lecteur peut s'identifier au narrateur b.) Des lieux On sait juste que la scène se déroule en Algérie (Marengo, Alger) On ne sait pas où vit le narrateur Pas de description du paysage lors du voyage en bus → Le narrateur ne se soucie pas de ce qui l'entoure, est refermé sur lui-même Donc cadre spatio-temporel peu défini qui n'est perçu qu'à travers les perceptions sensorielles du narrateur : chaleur, mouvements (cahots), odeurs (essence), lumière (réverbération) 2.) L'écriture de Camus : un style original a.) Simplicité naturel : phrases courtes, concises Il n'y a qu'un verbe introducteur « dire » → L'art du roman est à la portée de tous Meursault est il cultivé, capable d'avoir une réflexion poussée ? Difficile d'écrire simplement, « écriture innocente » b.) Une écriture « orale » Les temps : Présent, Passé composé, Futur : temps de l'énonciation, de l'oral→ Camus écrit comme l'on parle, comme Meursault parle, avec des phrases parfois incorrectes : « Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut‑être hier, je ne sais pas » : erreurs de ponctuation mais qui marquent la réflexion du narrateur = parataxe (juxtaposition) différent de syntaxe (enchaînement causes, conséquences, mots de liaison) 3.) L'Hypothèse d'un journal Journal fictif dont Camus crédite Meursault Focalisation interne (perception des événements à travers Meursault), anaphore de la première personne et pronoms possessifs Simultanéité entre le moment où il écrit et le déroulement des événements. : lorsqu'il reçoit le télégramme, il semble qu'il consigne immédiatement les événements dans son carnet car les actions postérieures sont marquées du futur « je prendrai l'autobus à deux heures, j'arriverai dans l'après-midi » → chronologie Mais on voit mal un homme aussi fruste (grossier, inculte, bêta) tenir un journal intime. Avec quel recul consignerait-il ses impressions ? II.) Un personnage original et étrange 1.) Un personnage indifférent ? a.) Oui pas de manifestation sentimentale, seulement intellectuelle (se questionne sur les faits) : dort pendant tout le trajet se contente de constater les évènements se préoccupe seulement de l'organisation temporelle (cravate, congés) recherche d' éléments concrets → recherche de quelque chose de rigoureux, auquel on peut se raccrocher facilement Les notations qui pourraient être sentimentales (ex : étourdi) ne sont peut-être que des évocations matérielles c.-à-d qu'il est déstabilisé parce que cela change de l'ordinaire, de sa routine = ce n'est pas un malaise sentimental mais physique Meursault mange chez Céleste : on dirait qu'il ne s'est rien passé b.) Non « Maman » : marque d'intimité ? Proximité sentimentale ? Peut-être est-ce plus facile à accepter que de ne pas manifester d'émotions 2.) Un personnage étrange ou étranger ? a.) Une attitude étrange Qui maîtrise les codes sociaux : S'habille pour le deuil Mais présente ses congés comme une excuse, qui ne comprend pas, présente ses condoléances à son patron, note toutefois son absurdité Qui ne veut pas déranger : « ce n'est pas de ma faute » Soucieux du respect des usages : « je n'aurais pas dû » l.9 Routinier « J'ai mangé chez Céleste, comme d'habitude » b.) Un protagoniste étranger Asocial : « J’ai dit « oui » pour n’avoir plus à parler »
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