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L’Etranger de Camus - lecture analytique 4

Publié le 02/06/2011

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camus

Moment crucial du procès jour du verdict, derniers discours du procureur juste avant la demande de peine.

* Montrer que ce discours est une satire de la justice.

 

I. Langage qui a pour fonction de tromper

 

A. Discours rapporté objectivement par Meursault

* Aucun commentaire, impartialité totale.

* Propos rapportés au style direct l.10 à 20 et l.30, 33 et l.47 à la fin, quelquefois au style indirect : formules marque exactitude propos « selon-lui » (l.33-40), « dit-il » + « ils s’étaient penchés…messieurs les jurés » au style indirect libre.

 

B. Mise en scène du discours

* Procureur = acteur donc il travaille sa voix : effets de mise en valeur arrêts pour faire monter la pression (M se réveille), parle à voix basse, effet de crescendo à la fin (« j’en suis très…la voix » [l.48]) pour donner de l’autorité façon de parler pas du tout naturelle.

* P qui s’assure que auditoire écoute : « Messieurs les jurés », « cette même cour Messieurs » [l.31], « j’en suis persuadé, Messieurs » [l.48].

C. Procédés rhétoriques

* Phrases longues, bien tournées, complexes pour impressionner le peuple, beaux enchaînement [l.39], contrastes avec phrases courtes (« il doit être puni…conséquence »).

* Il emploie des mots que l’on ne connait pas pour impressionner.

* « je n’en avais point » négation avec un caractère précieux.

* « saurit acquérir » on aurait pu mettre le verbe « pouvoir » à la place.

* Voc soutenu, peu hésité : « doit se nuer » [l.15] (= se transformer), « le cédait » [l.38].

* Figures de style : « celui qui tuait »…de ces jours » belle phrase bien construite + périphrase : « l’auteur de ses jours » = manière emphatique de dire les choses.

* Images : âme présentée comme un creux métaphore filée : « creux » [l.4], « vide » [l.14], « gouffre » [l.15] + « imagination recule » personnification, allégorie.

* P opposé langage naturel, sincère, langage GRANDILOQUENT (éloquence emphatique). Habile usage rhétorique mais pas honnête.

 

II. Un jugement injuste

 

A. Meursault n’est pas jugé pour son crime

* P parle de tout sauf du crime : parle de l’âme de M (« le P s’est mis à parler de mon âme ») notion religieuse, personne ne peut prétendre connaître l’âme de qui que ce soit : P avec prétention folle, déplace le sujet.

* « mais il a été… de mon crime » : au lieu de parler crime, autre chose il veut susciter la haine du public contre M.

* M s’endort lorsque ça ne l’intéresse pas : « je n’ai plus senti que la chaleur de cette matinée » sensations qui dominent M qui a le souci de la justesse.

* M plus jugé pour la mort de l’arabe mais pour ce qu’il est : « l’homme qui est assis…juger demain » raisonnement faux qui passe pour vrai.

 

B. Un raisonnement spécieux (= apparence rigueur mais enfaite absurdité)

* « cette même cour…d’un père » : à partir de là, le P assimile ce crime à celui de M.

* M coupable d’ « insensibilité », « il a tué moralement sa mère » + gradation : « préparait », « annonçait », « légitimait » raisonnement qui a l’air logique et P dit que le meurtre de M est plus grave que le parricide.

* Groupe ternaire (gradation) puis à la fin non sens, contre-vérité « l’homme assis…juge demain ».

* Enchaînement habile, effets qui rendent invisible la fausseté du raisonnement sophistes (gens qui font des raisonnements).

 

C. Enjeu : présenter M comme un monstre à éliminer

* M présenté comme un monstre (= qqn qu’on montre du doigt) car il n’a rien « d’humain » à cause de son attitude et « pas d’âme ».

* Il devient forcément dangereux pour la société, devient un « gouffre » [l.15] P veut susciter un sentiment de haine, de peur auprès des jurés.

* P dit que M « s’est [retranché] de la société des hommes » : la société doit se protéger de lui, pas de scrupules à condamner un homme qui s’est lui-même retiré de la société.

* « la tolérance…de la justice » [l.12-13] ici, justice = condamner purement et simplement.

Conclusion :

* Satire justice car pas juste, méchants = juges (surtout P)

* Texte objectif car rapporté par M

* Satire institution judiciaire car on juge le P qui est haineux pour M.

* Habileté du P qui sait s’adapter à son public, choisit ses arguments (pas par hasard).

* Finalement M condamné pour sa personnalité et non pas pour son crime.

* Rhétorique grossière mais public non initié qui s’y laisse prendre.

* Pouvoir du langage : texte pas impartial. Camus s’exprime pour faire abolir la peine de mort (il ne verra l’abolition).

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