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L'indépendance de l'inflation à la croissance

Publié le 15/05/2020

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Depuis 1 973, le moins que l'on puisse dire est que la situation a changé. La relation positive taux d'inflation — taux de croissance n'existe plus. On en a un exemple assez frappant dans le cas français où, depuis 1974, de très grandes fluctuations du taux de croissance du P.N.B. ne se sont pas accompagnées de fluctuations comparables et de même sens du taux d'inflation. Celui-ci reste, quelles que soient les mesures prises, fixé aux alentours de 1 0 % et devient désormais l'invariant de la conjoncture. La situation est, à cet égard, presque totalement opposée à celle de la grande croissance où la conjoncture évoluait autour d'un taux de croissance quasi permanent. C'est désormais autour d'un taux d'inflation quasi fixe que s'ordonnent les fluctuations de toutes les autres variables significatives de l'activité économique. Mais ceci n'est pas propre à notre seul pays. Si l'on considère l'ensemble des pays de l'O.C.D.E. et que l'on mesure, pour chacun d'entre eux, la variation des taux de croissance et des taux d'inflation depuis 1 973, on obtient le graphique ci-contre où apparaît avec force \\'indé-pendance de l'inflation à la croissance. Presque tous les pays ont vu leur croissance diminuer de moitié; mais l'accélération de leur inflation varie de 1 à plus de 3. ET l'on ne saurait trouver dans les corps théoriques existants d'explication satisfaisante. L'invocation néo-classique à l'évolution de la masse monétaire est, ou tautologique, ou pire, infirme. Pourquoi donc la masse monétaire évidemment liée de façon positive à la croissance de la production nominale a-t-elle autant augmenté? Au demeurant la relation de la théorie quantitative souffre aujourd'hui comme toujours (Aftalion) de très sérieuses approximations. L'appel, marxiste, aux difficultés accrues des économies capitalistes, s'il n'est pas dénué d'intuition, ne dépasse guère ce stade et ne débouche sur aucune administration scientifique de la preuve de sa vérité. Quant aux keynésiens, ils sont tenus de garder un silence prudent en attendant le retour à àes situations plus conformes à leurs capacités. Chacun attend; qui la fin de capitalisme; qui la renaissance de croissances tendues; qui des gouverneurs de banque centrale « forts » et « bien supportés ».

L'explication de l'indépendance actuelle de l'inflation à la croissance est, pourtant, assez simple, au moins dansses grandes articulations. Mais elle a l'inconvénient de se situer hors le champ des certitudes multiples. Elle a pour origine première la conjugaison d'une évolution à long terme, celle d'une intégration croissante de l'espace mondial ayant rendu toutes les économies nationales «ouvertes», et d'une circonstance spécifique, celle de l'ampleur particulière du transfert impliqué par la modification des prix relatifs des biens énergétiques et industriels. On a montré, en utilisant d'ailleurs un concept, celui d'absorption, qui peut contenir les enchaînements keynésiens et néoclassiques, qu'en situation de plein emploi (ce qui était le cas en 1 973) tout transfert implique nécessairement la baisse du taux de croissance. Le transfert de ressources nationales n'est, en effet, possible que si le taux de croissance des biens absorbés à l'intérieur du territoire (consommation et/ou investissement) baisse. Et toute baisse est, par nature, cumulative. Elle l'est même tellement qu'elle doit être limitée par des actions de contrôle compensateur tel le déficit budgétaire, qui varie désormais entre 3 et 12 % du P.N.B., ce que Keynes lui-même n'aurait pas osé préconiser, même durant la Seconde Guerre mondiale. La réduction de la croissance dépend donc de l'ampleur du trans

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