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lobotomie - Mécedine.

Publié le 23/04/2013

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lobotomie - Mécedine. 1 PRÉSENTATION lobotomie, technique de psychochirurgie, aujourd'hui pratiquement abandonnée, consistant en la destruction ou l'ablation des lobes préfrontaux du cortex cérébral. Le terme lobotomie (de lobe et du grec tomê, « couper «) apparaît en anglais (lobotomy) à partir du milieu des années 1930 (il est attesté en français en 1950) ; il côtoie au début celui de leucotomie (de leukos, « blanc «, par référence à la matière blanche du cerveau), une technique antérieure similaire, mais moins radicale. 2 NAISSANCE DE LA PRATIQUE Les toutes premières tentatives de neurochirurgie voient le jour à la fin du XIXe siècle. En 1888, le neuropsychiatre suisse Gottlieb Burckhardt, directeur de l'hôpital psychiatrique de Préfargier (canton de Neuchâtel), décide -- bien qu'il n'ait aucune formation chirurgicale -- de tenter la chirurgie pour améliorer le comportement de six de ses patients schizophrènes. L'opération consiste, après avoir pratiqué des incisions sur le crâne, à détruire des portions du cortex frontal, qu'il choisit en se fondant sur les cartographies existantes des aires du langage et des fonctions cognitives. L'opération s'avère risquée : sur les six patients traités, un décède et un autre déclare une aphasie postopératoire. Aucune amélioration probante n'est constatée chez les autres patients traités. Gottlieb Burckhardt présente ses résultats à la communauté médicale en 1890 et 1891 ; il est discrédité aux yeux de cette dernière, qui l'accuse d'irresponsabilité. À la suite des expérimentations de Gottlieb Burckhardt, la psychochirurgie connaît une pause de quelques décennies. Elle renaît en 1935, avec les travaux du Portugais Egas Moniz. Celui-ci prend connaissance, lors d'un congrès de neurologie à Londres, des résultats de chercheurs ayant pratiqué l'ablation d'une partie des lobes frontaux d'une femelle chimpanzé très agitée, et obtenu une modification totale de son comportement. Il explore alors la piste de traitements similaires dans le but de soulager les personnes atteintes de psychoses sévères (schizophrénie, psychose délirante aiguë, etc.), pour lesquelles aucun traitement n'est connu. En 1936, il publie à Paris Tentatives opératoires dans le traitement de certaines psychoses, traité dans lequel il présente la méthode qu'il a expérimentée, la leucotomie. L'opération consiste à percer de petits trous dans l'os de la tempe, puis d'y introduire un instrument long et fin, le leucotome, pour sectionner les faisceaux de fibres qui relient les lobes préfrontaux au reste du cerveau (les petits éclats d'os sont ensuite remis en place de façon à reboucher les trous). À cette époque où n'existe aucun traitement contre les psychoses sévères, la méthode d'Egas Moniz est accueillie comme une avancée médicale majeure, comme en témoigne l'attribution au chercheur, en 1949, du prix Nobel de médecine ou physiologie « pour sa découverte de la valeur thérapeutique de la leucotomie dans certaines psychoses «. 3 LOBOTOMIES « À LA CHAÎNE « La leucotomie d'Egas Moniz est à l'origine d'une technique de psychochirurgie plus radicale, mise au point par le neurologue américain Walter J. Freeman, assisté du chirurgien James W. Watts. Ayant pris connaissance du traité d'Egas Moniz, ils commencent, en 1936, par appliquer la méthode de ce dernier, qu'ils rebaptisent lobotomy. Ils modifient ensuite progressivement la méthode opératoire. Ils commencent par pratiquer plus de trous dans la tempe, puis remplacent le leucotome par une lame. Ils mettent ensuite au point la « lobotomie standard de Freeman-Watts «, qui consiste à percer des trous de part et d'autre du crâne, puis à introduire de chaque côté une canule pour « tracer le chemin «, et enfin à y faire passer un scalpel émoussé. En 1946, Walter J. Freeman, insatisfait par cette technique, met au point un mode opératoire plus facile à mettre en oeuvre, et plus rapide : la lobotomie transorbitaire frontale. Radicale et imprécise, cette méthode consiste à introduire au-dessus de chaque oeil, entre le globe oculaire et la paupière, un leucotome (surnommé « pic à glace « en raison de sa forme -- à l'origine de l'appellation ice-pick lobotomy [« lobotomie au pic à glace «] sous lequel la pratique est également connue), pour pénétrer dans les lobes frontaux -- ce qui nécessite un léger coup de marteau pour passer la barrière osseuse. Des mouvements de balayage de chaque leucotome (comme avec une paire de ciseaux) sont ensuite effectués pour détruire les lobes frontaux. La théorie sous-tendant cette méthode, défendue par Walter J. Freeman, est que les maladies mentales sont dues à une suractivité émotionnelle et peuvent donc être guéries par la destruction des centres cérébraux impliqués, ne laissant intact que le cerveau « rationnel «. Opérant d'abord à l'hôpital d'Athens (Ohio), Walter J. Freeman ne tarde par à parcourir les États-Unis, puis l'ensemble du continent américain, pour promouvoir sa technique. Pratiquée sous anesthésie provoquée par électrochocs, et nécessitant comme seuls instruments deux « pics à glace «, celle-ci peut être mise en oeuvre ailleurs que dans une salle d'opération, ce qui contribue à son succès. Walter J. Freeman se transforme en véritable « showman « de la psychochirurgie, un pic dans chaque main, pour une opération d'une durée d'à peine dix minutes. Il effectue lui-même, en tout, plus de 3 400 lobotomies. Nombreuses et diverses sont les indications qui conduisent à ces lobotomies : maladies psychotiques (psychose délirante aiguë, shizophrénie, maniaco-dépression, troubles obsessionnels convulsifs, etc.), anxiété paroxystique chronique, agitation et insomnie, névrose obsessionnelle, mélancolie (au sens psychiatrique du terme), mais aussi comportements sociaux réprouvés (violence, agressivité, etc.), dépression postnatale, etc. Certains patients subissent deux, parfois trois, lobotomies si leur psychiatre n'obtient pas les résultats escomptés. La lobotomie est ainsi pratiquée de façon massive dans les années 1940 et jusqu'au début des années 1950. Elle connaît un développement très important non seulement aux États-Unis (entre 1936 et la fin des années 1950, on estime qu'entre 40 000 et 50 000 lobotomies ont été pratiquées aux États-Unis), mais aussi au Canada (selon une technique inspirée de celle de Freeman), ainsi qu'en Europe, bien que, sur ce continent, l'adhésion à la lobotomie soit moins enthousiaste. Entre 1942 et 1954, plus de 10 000 patients sont toutefois lobotomisés dans le seul Royaume-Uni. À Londres, le neurochirurgien Wylie McKissock pratique lui-même quelque 2 000 opérations, selon la technique dite de leucotomie rostrale (le leucotome est introduit par des trous pratiqués sur le dessus de la tête). 4 L'ABANDON D'UNE OPÉRATION IRRÉVERSIBLE ET MUTILANTE Malgré une large adoption de ces diverses techniques, il apparaît assez tôt que, dans la majorité des cas, la leucotomie, et plus encore la lobotomie, opérations irréversibles, sont profondément mutilantes. Les effets secondaires de la lobotomie présentent toutefois des variations importantes selon les patients, les interventions étant pratiquées « à l'aveugle «, et les centres préfrontaux détruits variant donc selon les patients. Bien que quelques patients soient capables de reprendre une vie normale, la plupart montrent une perte totale de leur personnalité, de leur autonomie et de leurs acquis sociaux et intellectuels (les lobes préfrontaux jouent, en effet, un rôle majeur dans les fonctions cognitives et les émotions). Beaucoup présentent une apathie permanente ou une euphorie puérile, et il est nécessaire de leur réapprendre tous les gestes élémentaires du quotidien, comme manger ou se laver. Certains développent un comportement agressif, ou deviennent épileptiques. Mais c'est l'arrivée sur le marché, en 1952, du premier neuroleptique, la chlorpromazine (un antipsychotique et anti-schizophrénique dont l'effet est souvent qualifié de « lobotomie chimique «), de manipulation plus aisée qu'une intervention chirurgicale, puis, à partir de 1957, des premiers antidépresseurs, qui signe l'abandon progressif de la lobotomie. De fait, les véritables critiques contre la lobotomie, fondées sur des questions éthiques, ne se font réellement jour que dans les années 1970. Dans les années 1980 puis 1990, la lobotomie fait l'objet d'interdictions (France, Belgique, Allemagne, Japon, une grande partie des États-Unis), ou de restrictions considérables de ses applications. Au niveau de l'Union européenne, elle est soumise à des règles éthiques strictes. La recommandation 1235 de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe relative à la psychiatrie et aux droits de l'homme, adoptée en 1994, stipule que « la lobotomie et la thérapie par électrochocs ne peuvent être pratiquées que si le consentement éclairé a été donné par écrit par le patient lui-même ou par une personne choisie par le patient pour le représenter, soit un conseiller soit un curateur, et si la décision a été confirmée par un comité restreint qui n'est pas composé uniquement d'experts psychiatriques « (article 7, alinéa ii.b). Parallèlement, des interventions moins étendues, détruisant des portions de tissu cérébral plus restreintes et précises, ont été développées : ces techniques constituent la neurochirurgie fonctionnelle. Cette dernière, proposée pour certaines pathologies mentales sévères résistant à toute thérapeutique chimique et comportementale (certains cas de troubles obsessionnels compulsifs [TOC] majeurs par exemple), n'est toutefois mise en oeuvre qu'en dernier recours. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Parallèlement, des interventions moins étendues, détruisant des portions de tissu cérébral plus restreintes et précises, ont été développées : ces techniques constituent laneurochirurgie fonctionnelle.

Cette dernière, proposée pour certaines pathologies mentales sévères résistant à toute thérapeutique chimique et comportementale (certainscas de troubles obsessionnels compulsifs [TOC] majeurs par exemple), n’est toutefois mise en œuvre qu’en dernier recours. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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