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Londres, Albert - écrivain.

Publié le 28/04/2013

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Londres, Albert - écrivain. 1 PRÉSENTATION Londres, Albert (1884-1932), journaliste français, globe-trotter de l'entre-deux-guerres. Les reportages d'Albert Londres ont passionné des millions de lecteurs entre 1914 et 1932. Il a laissé son nom à un prix qui couronne chaque année, depuis 1933, le meilleur grand reporter de la presse écrite et, depuis 1985, celui de l'audiovisuel. 2 LES PREMIERS « FAITS D'ARMES « Né à Vichy, issu d'un milieu modeste, Albert Londres se fixe d'abord à Lyon, où il est employé de bureau. Ami d'Henri Bérault et de Charles Dullin, il consacre ses heures de liberté à la poésie. En 1903, il tente l'aventure parisienne et publie quatre recueils. Correspondant parisien du Salut public de 1904 à 1906, il entre ensuite au Matin, où il est échotier parlementaire lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale. Le 20 septembre 1914, il signe son premier article, un reportage sur le bombardement de la cathédrale de Reims. Propulsé correspondant de guerre, il réalise de nombreux reportages sur le front et sur les combats de l'armée d'Orient (1915) . Après la guerre, il suit pour Excelsior la conquête de Gabriele D'Annunzio sur Fiume (1919) et se rend dans la Russie déchirée par la guerre civile. Témoin des souffrances du peuple, il porte des jugements tranchés sur la dictature du prolétariat et sur Lénine. En 1922, il enquête au Japon, en Chine et en Inde. 3 LE POURFENDEUR DES INJUSTICES En 1923, Albert Londres effectue pour le Petit Parisien une série de reportages décisifs sur le bagne de Cayenne, dénonçant l'inhumaine condition des prisonniers (« Le bagne n'est pas une machine à châtiment bien définie, réglée, invariable. C'est une usine à malheur, qui travaille sans plan et sans matrice «). Ses articles, publiés sous le titre Au bagne en 1924, suivis par une « Lettre ouverte à Monsieur le ministre des Colonies «, émeuvent ses lecteurs et attirent l'attention des pouvoirs publics qui fermeront l'institution -- en 1924, décision est prise de rapatrier tous les prisonniers en métropole. En 1924 également, Albert Londres, en Afrique du Nord, recueille des témoignages accablants sur les établissements pénitentiaires militaires : 19 articles parus sous le titre « Biribi « -- et une lettre au ministre de la Guerre (« C'est une honte pour la France «) -- conduisent à l'envoi d'une commission d'enquête sur place. Son reportage est publié peu après : Dante n'avait rien vu (1924). Il enquête ensuite sur les maisons d'aliénés (Chez les fous, 1925), dont il dénonce le fonctionnement et la cruauté (« Les trois quarts des asiles sont préhistoriques, les infirmiers sont d'une rusticité alarmante, le passage à tabac est quotidien « ; « Camisoles, ceintures de force, cordes coûtant moins cher que les baignoires, on ligote au lieu de baigner «), ainsi que l'inutilité thérapeutique (« Quand ils guérissent, c'est que le hasard les a pris en amitié «), concluant « Notre devoir n'est pas de nous débarrasser du fou, mais de débarrasser le fou de sa folie. Si nous commencions ? «. En 1926, il s'embarque pour le Brésil. Il y retrouve Eugène Dieudonné, rencontré lors de son enquête à Cayenne, et évadé du bagne guyanais trois ans plus tôt. Condamné à perpétuité après avoir été accusé à tort de faire partie du groupe anarchiste de la bande à Bonnot, celui-ci demande la révision de son procès. Albert Londres s'engage en sa faveur et l'aide à établir son innocence ; la grâce d'Eugène Dieudoné est obtenue en 1927. Le reporter bénéficie alors d'une grande popularité. Son enquête, l'Homme qui s'évada (1928), est adaptée au théâtre dans une pièce où l'ancien forçat tient son propre rôle. Albert Londres enquête également sur la traite des blanches en Argentine (le Chemin de Buenos Aires, 1927), et fait le portrait de Marseille, porte du sud (1927). Au cours d'un voyage de quatre mois en Afrique-Occidentale française (1928), il découvre et révèle l'horreur des chantiers de la voie ferrée Brazzaville-Pointe-Noire et des exploitations forestières, où des Africains meurent par milliers. Son reportage, qui dénonce l'exploitation humaine et le cynisme de l'administration (« Comme le pas des esclaves est docile ! Des hommes resteront sur le chemin, la soudure sera vite faite ; on resserra la file. / On pourrait les transporter en camion ; on gagnerait vingt jours, sûrement vingt vies. Acheter des camions ? User des pneus ? Brûler de l'essence ? La caisse de réserve maigrirait ! Le nègre est toujours assez gras ! «), lui vaut l'hostilité des pouvoirs coloniaux ; il est publié en 1929 sous le titre Terre d'ébène. 4 UNE DISPARITION MYSTÉRIEUSE À la fin des années 1920, il gagne l'Europe de l'Est, où il découvre l'ostracisme et les persécutions dont sont victimes les Juifs. Son périple (Le juif errant est arrivé, 1930) le mène en Palestine, où il rencontre sionistes et Arabes. Il part ensuite pour la mer Rouge enquêter sur les Pêcheurs de perles (1931). Sa dernière enquête publiée décrit les mécanismes du terrorisme des Comitadjis (1932), nationalistes macédoniens. En 1932, Albert Londres est en Chine pour le Journal et couvre l'invasion par les Japonais. Pressé de revenir en France et de publier ses découvertes (il a gardé le secret sur son reportage, mais il y est sans doute question de trafics d'armes et d'opium, des communistes chinois), il meurt sur le chemin du retour, dans l'incendie déclaré à bord du paquebot Georges Philippar, au large d'Aden (mer Rouge), le 16 mai 1932. Quelques mois après sa disparition, sa fille Florise et d'anciens compagnons de route créent le prix Albert Londres, décerné pour la première fois en mai 1933, première date anniversaire de sa mort. 5 LE « PRINCE DES REPORTERS « Inlassable voyageur, Albert Londres promène sa frêle silhouette, sa barbe brune et sa pipe sur tous les points chauds de la planète à une époque où les moyens de transmission et de transport sont rudimentaires et relativement lents : chemin de fer, bateau, télégraphe puis téléphone. Son approche humaniste, ses talents littéraires et sa verve le font surnommer « le prince des reporters «. Fidèle à sa devise « Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie «, il n'hésite jamais à affirmer ses positions, et contrairement à la règle qui préconise aujourd'hui de distinguer information et commentaire, il mêle ses impressions au récit. Il a constamment recours aux dialogues soigneusement mis en scène, et ses formules font mouche ; en 1924, appelé à couvrir le Tour de France, il titre : « les Forçats de la route «. Ses enquêtes, publiées chaque année par Henri Bérault à partir de 1924, ont été depuis rééditées ; elles se lisent comme des romans. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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