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L'Univers Selon Voltaire Dans Micromégas

Publié le 26/09/2010

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Voltaire, dans son conte Micromégas, révèle sa perception de l'univers et le rôle que l'homme y joue. L'homme peut mieux comprendre son rôle s'il applique quelques principes philosophiques à son analyse de l'univers. La relativité, un concept qui se trouve souvent répété dans le conte, est le plus important de ces principes.  Voltaire emploie la taille de ses personnages pour donner à ses lecteurs une image concrète de la relativité sur le plan physique et ce de la façon la plus évidente. Le nom même de Micromégas est un exemple clair de cette relativité qui est le centre du conte. Pour les humains qu'il rencontre, Micromégas semble l'être le plus grand de l'univers, mais ces humains ne peuvent savoir que le héros de Voltaire est tout à fait microscopique par rapport à d'autres êtres que celui-ci a déjà rencontrés et par rapport à l'univers dans son entier. Si l'on regarde Micromégas de la perspective des êtres humains, on le perçoit d'une façon bien différente de celle d'un autre être plus grand que lui. La taille de Micromégas est donc parfaitement relative à la personne qui la perçoit, ce qui explique l'oxymoron de son nom.  Le recours à un géant étranger n'est pas une création littéraire appartenant seulement à Voltaire. François Rabelais avait déjà attribué cette caractéristique à ses personnages principaux dans ses romans Gargantua et Pantagruel, Jonathan Swift en avait fait autant dans son oeuvre célèbre Gulliver's Travels. Toutefois, on pourrait dire que Voltaire le fait d'une manière vraiment unique en ce qui a trait à la précision avec laquelle il l'applique à ses personnages. Rabelais avait négligé de temps en temps ce devoir de précision et de cohérence et quelquefois il semblait que son héros n'était pas vraiment un géant, le résultat étant que son roman contient beaucoup d'incongruités par rapport à la taille de ses personnages et perd un peu de son efficacité. Le renforcement constant de l'idée de la taille du géant et la précision de Voltaire rend l'effet beaucoup plus puissant et efficace.  Plusieurs exemples de la taille de Micromégas renforcent le concept de la relativité des réalités terrestres. Ce concept de relativité est bien sûr dû à la position de l'observateur. Puisqu'il ne nous est pas possible de connaître tous les points de vue d'un objet que nous percevons, nous avons la mauvaise habitude, selon Voltaire, de faire de notre petit point de vue le seul qui soit possible. Les humains ont la tendance d'agir comme si leur perception, leur manière de voir les choses, était la seule exacte, était un " absolu " dans l'univers entier. D'abord, par rapport à Micromégas, le Saturnien est décrit comme un " nain ". En traversant l'Océan Atlantique, Micromégas à peine " avait-il mouillé son talon " tandis que le nain s'était mouillé " à mi-jambe " (p19). Pourtant, de la perspective de petits êtres humains, le " nain " semble néanmoins être aussi gigantesque que le géant Micromégas. De plus, selon la perspective de Micromégas, les êtres humains ne sont d'abord que des " atomes intelligents ". (p29) En plus, un bâton ferré enfoncé d'un pied dans l'index de Micromégas le chatouille bien que le même bâton puisse facilement tuer n'importe quel autre être sur la Terre.  Après que Voltaire nous a innondé d'images extraordinaires ayant toutes en commun les différences dans la perception des choses réelles et des faits selon que l'on soit géants ou humains, Micromégas, ici porte-parole du philosophe Voltaire, nous prévient " qu'il ne faut juger de rien sur sa grandeur apparente " (p28) voulant dire qu'il ne faut pas se laisser emporter par des impressions fausses sans considérer la chose dont il est question selon une autre perspective.  En plus de la taille, le temps est un exemple employé par Voltaire pour exprimer son point de vue sur la relativité des choses et des phénomènes terrestres. Micromégas et le Saturnien comprennent tous les deux que leur vie n'a aucune importance dans un univers d'une grandeur aussi remarquable. Le Saturnien ressent son insignifiance et admet à Micromégas qu'il se sent " comme une goutte d'eau dans un océan immense ". Il remarque aussi que " notre existence est un point, notre durée un instant, notre globe un atome " (p13), voulant dire quelle que soit sa taille physique, il serait toujours le plus minuscule des êtres car sa vie n'est qu'une seconde dans toute une éternité. Bien qu'il soit plus grand et qu'il vive plus longtemps que le Saturnien, Micromégas avoue que pour lui aussi la durée de la vie ne veut rien dire face à la mort et que " quand ce moment de métamorphose est venu, avoir vécu une éternité, ou avoir vécu un jour, c'est précisément la même chose ". (p13) Il appelle ce phénomène une " loi universelle de la nature " (p13), ce qui amène une conclusion qui peu paraître paradoxale: la seule chose qui soit absolue dans l'univers, peu importe que l'on soit nain ou géant, que l'on vive une heure ou cent ans, c'est que l'univers ne peut être perçu que d'un point de vue particulier à un observateur et que la perspective sur le monde de cet observateur est relative à ce point de vue particulier. Le seul absolu, selon ce que veut nous démontrer Voltaire, c'est la relativité de l'expérience que nous faisons de l'univers physique et des phénomènes qui lui sont reliés.  Le livre blanc à la fin du conte est la dernière et la plus frappante façon par laquelle Voltaire démontre cette relativité de l'expérience humaine. Le livre est tout blanc à l'intérieur parce qu'il est censé contenir toute la vérité philosophique de la vie, mais étant donné que la relativité affecte tout dans l'univers, il ne peut pas y avoir de vérité absolue. Le livre représente le seul absolu de la vie: qu'il n'y a rien d'autre d'absolu que ce propre fait parce que tout est relatif. Voilà une façon très habile pour le philosophe de convaincre son lecteur qu'il " doute " et que, la meilleure manière de vivre c'est de " chercher " constamment puisque les vérités absolues n'existent pas.  La philosophie de Voltaire et sa vision de l'univers sont très allumées, même selon une perspective moderne. Lorsqu'on le compare à ses contemporains (surtout ceux qu'il critique lui-même d'ailleurs), on voit très clairement jusqu'à quel point sa philosophie est à l'avant-garde. Voltaire, par la voix de son porte-parole Micromégas, remarque que parmi les philosophes du bateau, ceux qui citent Aristote et Descartes ne peuvent pas expliquer leur raisonnement, et pour celui qui se tient à Malbranche " autant vaudrait ne pas être ". (p34) Seul le partisan de Locke fait une petite impression positive sur les géants. En plus, lorsqu'on considère que la théorie philosophique de la relativité de Voltaire se développe à peu près deux cents ans avant la théorie scientifique de la relativité d'Einstein, les idées de Voltaire deviennent même plus impressionnantes.

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