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Macédoine, Ancienne République yougoslave de [ARYM]

Publié le 11/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Macédoine, Ancienne République yougoslave de [ARYM], en macédonien Poranešna Jugoslovenska Republika Makedonija, pays d’Europe orientale, situé dans la péninsule des Balkans. Sa capitale est Skopje.

L’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) est bordée au nord par la Serbie, à l’est par la Bulgarie, au sud par la Grèce, au sud-ouest et à l’ouest par l’Albanie.

Membre de l’ancienne République fédérative de Yougoslavie, la République de Macédoine a proclamé son indépendance en septembre 1991. Un litige avec la Grèce, portant sur son nom et sur son drapeau (l’une des provinces de Grèce porte le même nom), n’a rendu sa reconnaissance internationale effective qu’en 1993, date à laquelle le nouvel État a été admis à l’ONU sous le nom officiel de FYROM (Former Yougoslav Republic of Macedonia), soit en français l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM).

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

La superficie de l’ARYM est de 25 713 km². C’est un pays où alternent vallées profondes, montagnes et collines accidentées. Son relief s’articule autour de la vallée du Vardar, fleuve qui traverse le pays du nord-ouest au sud-est et constitue l’unique voie de pénétration vers la Grèce. À l’est, s’étend le massif serbo-macédonien, dont l’altitude moyenne atteint 1 800 m, et les premiers contreforts du massif du Rhodope qui culminent à l’Osogovo (2 252 m). À la frontière avec la Bulgarie s’étendent le bassin et les plaines fertiles de la Strumica qui longent le mont Balkan, prolongement des Carpates. À l’ouest, des chaînes de montagnes inscrites dans le système des Alpes Dinariques ont une altitude moyenne plus élevée, avec les massifs de la Šar Planina (la « Vieille Montagne «) et du Korab, point culminant du pays situé à la frontière albanaise (2 764 m). C’est dans cette partie du pays que se trouvent les plaines fertiles du Polog et de la Pélagonie.

Le territoire ne possède aucune façade maritime. Le Vardar, qui prend sa source dans le nord-ouest du pays, est le plus long fleuve de l’ARYM ; il coule en direction du sud-est où il atteint la Grèce (il devient alors l’Axis) et se jette dans la mer Égée. Le pays compte de nombreuses sources thermales et minérales, ainsi que plusieurs lacs parmi lesquels le lac d’Ohrid (349 km2), partagé avec l’Albanie, et le lac de Prespa (274 km2), réparti entre les territoires albanais, macédonien et grec.

L’ARYM se trouve dans une zone de forte activité sismique et Skopje a été dévastée par un violent tremblement de terre en 1963.

2.2 Climat

L’ARYM possède plusieurs types de climats, de continental modéré à méditerranéen, en particulier dans la vallée du Vardar. Les régions montagneuses sont caractérisées par des étés et des automnes chauds et secs, tandis que les hivers sont froids et accompagnés de fortes chutes de neige. Dans les vallées et les cuvettes, les températures sont plus douces toute l’année.

2.3 Végétation et faune

Les forêts, qui couvrent plus du tiers du territoire de l’ARYM, essentiellement à l’ouest du pays, se composent de hêtres, de pins et de chênes. On y rencontre encore quelques ours bruns, des loups et des sangliers, tandis que les régions montagneuses comptent de nombreux rapaces (faucons, aigles, vautours). Les différents lacs, enfin, attirent une abondante faune ornithologique : aigrettes, hérons, grues, pélicans, cormorans, cigognes.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population de l’ARYM était estimée à 2,1 millions d'habitants, soit une densité moyenne de 82,9 habitants au km². Avec un indice de fécondité de 2 enfants par femme, le taux de croissance de la population est faible (0,26 p. 100 en 2006) ; le recensement effectué en 1994 a d’ailleurs révélé une baisse de près de 5 p. 100 de la population par rapport à 1991. Au milieu des années 2000, la part des moins de 15 ans dans la population totale est évaluée à 19,8 p. 100, celles des individus âgés de 65 ans et plus, à 11,1 p. 100. L’espérance de vie moyenne est de 75 ans.

Les Macédoniens, d’origine slave, représentent environ 64,2 p. 100 de la population. Les Albanais constituent la minorité la plus importante du pays (25,2 p. 100 selon le recensement de 2002) et sont concentrés en Macédoine occidentale, dans la région du Kosovo, à la frontière avec la Serbie. Les Turcs (3,9 p. 100), les Roms (2,7 p. 100), les Serbes (1,8 p. 100) et autres (2,2 p. 100) constituent les autres minorités.

Caractéristique de toute la zone balkanique pour le brassage de sa population, l’ARYM connaît les mêmes tensions ethniques que ses voisins, notamment entre la population albanaise et la majorité macédonienne.

Forts de la place qu’ils occupent dans la République yougoslave de Macédoine, les Albanais réclament une plus grande autonomie dès la fin des années 1960, tandis que les Macédoniens redoutent particulièrement une éventuelle sécession de la partie occidentale, et la formation d’une République à population albanaise avec le Kosovo. À partir de 1981, les autorités de la République yougoslave de Macédoine s’efforcent très activement de mettre fin aux manifestations du nationalisme albanais, notamment dans les domaines linguistiques et scolaires.

Les Albanais répondent à ces mesures discriminatoires par des manifestations massives à la fin des années 1980. Les communistes, alors au pouvoir, amendent la Constitution de la République et proclament la Macédoine comme étant l’État des Macédoniens, omettant de mentionner les minorités. La nouvelle Constitution de 1991 refuse également de faire de la Macédoine la « patrie « des Albanais. Cependant, pour que le pays soit enfin reconnu par la communauté internationale, le Parlement accepte de supprimer de la Constitution l’article faisant du macédonien la langue officielle.

Les conflits s’intensifient vers le milieu des années 1990, se traduisant par des manifestations de violence de plus en plus fréquentes, à l’exemple de celles qui entourent la création de l’université albanaise de Tetovo, en février 1995, et qui se soldent par l’arrestation des dirigeants de l’université, Fadil Sulejmani (finalement libéré en mai) et Miljaim Fejzu. Entre janvier et août 2001, l’Armée de libération nationale des Albanais de Macédoine (UCK) mène une guérilla violente pour défendre les droits des Albanais et affronte les forces gouvernementales dans le nord du pays.

Comme l’ensemble des anciennes républiques yougoslaves, l’ARYM a subi de nombreux déplacements de population. Environ 20 000 musulmans de Serbie se sont réfugiés sur le territoire macédonien, ainsi que 50 000 musulmans bosniaques en 1992 puis 350 000 Albanais du Kosovo en 1999. En revanche, près de 200 000 Macédoniens ont quitté leur pays pour la Grèce et près de 50 000 pour la Serbie.

3.2 Découpage administratif et villes principales

Sur le plan administratif, le pays est divisé en 85 communes.

En 2003, près de 60 p. 100 de la population macédonienne vit en milieu urbain. Les villes principales sont la capitale, Skopje (515 419 habitants en 2004), située dans le nord-ouest du pays, sur le Vardar ; Tetovo (200 000 habitants), dans la même région ; Kumanovo (103 200 habitants en 2002), au nord-est ; Bitola (95 385 habitants en 2004), ville universitaire au sud, à proximité de la frontière grecque, et Prilep (73 925 habitants en 2001), au centre.

3.3 Institutions et vie politique

Après la proclamation de l’indépendance, le 17 septembre 1991, le Parlement adopte, dès le mois de novembre, une nouvelle Constitution garantissant les droits fondamentaux des citoyens de la République, c’est-à-dire des personnes vivant dans le pays depuis au moins quinze ans. Parmi ceux-ci figure le droit de vote dès l’âge de 18 ans. Le multipartisme est également reconnu.

3.3.1 Organisation des pouvoirs

Le chef de l’État est le président de la République, élu au suffrage universel pour cinq ans. Également chef du gouvernement, il nomme, avec l’approbation de l’Assemblée, un Premier ministre, qui gère les affaires courantes. Le président ne peut opposer son veto à une loi votée par les deux tiers de l’Assemblée.

Le Parlement national est constitué d’une Assemblée nationale unicamérale de 120 membres (Sobranje), élus au suffrage universel pour quatre ans.

L’Assemblée nationale nomme les juges de la Cour de justice, qui juge en dernier ressort les affaires criminelles, et ceux de la Cour constitutionnelle de la République.

3.3.2 Partis politiques

L’Alliance sociale-démocrate de Macédoine (SDSM), connue sous le nom de Ligue communiste jusqu’en 1989, a été au pouvoir de l’indépendance de 1991 à 1998 et de 2002 à 2006. La coalition libérale VMRO-DPMNE – Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne-Parti démocratique pour l’unité nationale macédonienne – a assuré l’alternance en 1998 et en 2006. Les autres partis (plus de 30 sont officiels) ont tous été constitués au début des années 1990.

À l’issue des élections législatives de 2006, les principaux partis politiques macédoniens représentés à l’Assemblée nationale sont le VRMRO-DPMNE, le SDSM, la coalition de l’Union démocratique pour l’intégration (qui a succédé à l’UCK, acteur de la guérilla contre les forces macédoniennes en 2001) et du Parti de la prospérité démocratique (DUI-PDP, albanophone), le Parti démocratique albanais (PDS), le Nouveau parti social-démocrate (NSDP, gauche) et l’Organisation révolutionnaire-Parti du peuple (VMRO-NARODNA, ultranationaliste). Le système électoral garantit la représentation des minorités, notamment albanophones.

3.3.3 Défense nationale

L’ARYM possède une armée de 10 890 hommes. La durée du service militaire, mis en place en 1992, est de neuf mois.

3.4 Langues et religions

La langue la plus utilisée est le macédonien, d’origine slave. Proche du bulgare, elle utilise des caractères cyrilliques. Cependant, les Grecs ne reconnaissent pas le terme « macédonien « pour désigner cette langue et les Bulgares estiment qu’elle n’est qu’un dialecte de leur propre idiome.

La plupart des Macédoniens sont orthodoxes ; ils appartiennent à l’Église orthodoxe de Macédoine, autocéphale depuis 1967, ou aux Églises orthodoxes de Serbie ou de Grèce. Les musulmans représentent environ 30 p. 100 de la population ; ils sont présents surtout dans les communautés albanaise et turque.

3.5 Éducation

En 2002-2003, 3,5 p. 100 du produit national brut (PNB) est consacré au secteur de l’éducation. L’enseignement primaire est gratuit et obligatoire pendant un cycle de huit ans. En 2002-2003, 85 p. 100 de la classe d’âge concernée suit des études secondaires et 27 p. 100, des études supérieures (contre 54 p. 100 et 16 p. 100 respectivement dix ans auparavant). Le pays compte environ 10 p. 100 d’analphabètes. L’université de Skopje (1949) et l’université de Bitola (1979) sont les deux universités nationales.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

La République de Macédoine était, avec le Monténégro, la république la moins développée économiquement de la République socialiste fédérative de Yougoslavie et dépendait fortement du soutien financier de l’État fédéral. L’éclatement de la Fédération yougoslave a donc eu des conséquences dramatiques pour la République de Macédoine, d’autant que ses échanges commerciaux s’effectuaient à plus de 60 p. 100 avec la Serbie voisine, qui, à partir de 1992, a été sous le coup d’un embargo commercial international. L’absence de reconnaissance diplomatique internationale jusqu’en 1993 a découragé les investissements étrangers, et le blocus économique intermittent imposé par la Grèce à la nouvelle république indépendante a achevé de désorganiser complètement l’économie du pays.

En 1992, la production industrielle a chuté de 75 p. 100 en raison de la pénurie de combustibles et de matières premières, cette baisse n’était plus que de 10 p. 100 trois ans plus tard, mais la reconstruction du tissu industriel demeurait un objectif prioritaire. Le taux de chômage avoisinait les 40 p. 100 et le produit intérieur brut (PIB), d’une valeur de 1 653 milliards de dollars en 1994 (soit le 177e rang mondial), accusait une croissance annuelle négative, de l’ordre de - 3 p. 100.

En décembre 1993, une réforme monétaire a permis de juguler de façon significative l’inflation annuelle qui dépassait 120 p. 100 au début de l’année. À la fin de 1995, le taux d’inflation était tombé au-dessous de 16 p. 100. Le gouvernement a introduit une série de réformes, parmi lesquelles la vente de quelques entreprises publiques, visant à libéraliser le marché. En 1996, environ 2 000 entreprises avaient été privatisées.

En outre, la reconnaissance de la Macédoine par l’Organisation des Nations unies en avril 1993 (sous le nom de FYROM, soit Ancienne République yougoslave de Macédoine, ARYM en français) a permis au pays de devenir membre du Fonds monétaire international (FMI), de nouer des relations économiques avec de nouveaux partenaires et de sembler trouver la voie du redressement économique.

La faible croissance (0,73 p. 100 pour la période 2000-2004) ne permet pas de faire baisser le taux de chômage qui touche plus d’un tiers de la population. Bien que l’inflation soit faible (0,5 p. 100 en 2005), les indicateurs économiques restent préoccupants. Le produit intérieur brut (PIB) était estimé en 2004 à 5,3 milliards de dollars ; il a dépassé en 2004 son niveau de 1999. L’afflux de plus de 350 000 réfugiés du Kosovo a encore pesé d’avantage sur la situation économique du pays. Toutefois, au milieu des années 2000, un vaste programme de réformes et d’investissements publics est mis en place sous l’égide du FMI et le pays obtient en décembre 2005 le statut de pays candidat à l’UE, statut qu’il attendait depuis quinze ans et qui l’incite à aller de l’avant sur la voie du redressement économique.

4.2 Agriculture, forêts, pêche

Au début des années 2000, le secteur primaire représentait 13,2 p. 100 du PIB et occupait 22 p. 100 de la population active.

L’essentiel de la production est issue de petites exploitations familiales. L’élevage ovin et les produits laitiers sont les domaines les plus importants ; la viande d’agneau et le fromage figurent en bonne place parmi les exportations agricoles du pays. Les nombreuses terres arables, issues notamment de la mise en valeur de plusieurs vallées, et les pâturages de qualité rendent l’ARYM généralement autosuffisante en matière agricole. Les principales cultures sont le tabac (25 000 t de tabac brut par an dans les années 2000), la vigne, les céréales, les pommes de terre (186 653 tonnes en 2006), le riz, le coton et les cultures maraîchères (fruits, primeurs).

4.3 Mines et industries

Au début des années 2000, le secteur secondaire représentait 27,8 p. 100 du PIB et occupait 34 p. 100 de la population active.

Le pays est relativement riche en ressources minérales : fer et chrome extraits dans la région de Raduša, à l’ouest du pays, plomb et zinc concentrés vers Kratovo, à l’est. Le charbon arrive en tête des productions minières avec 7,5 millions de tonnes en 2003.

Caractérisée par des unités de production de petite ou moyenne taille, qui côtoient l’artisanat et le petit commerce, l’industrie fournit une gamme de produits assez variés : automobile, biens de consommation, textiles (tapis), chaussures, produits chimiques, agroalimentaire (tabac). La sidérurgie est présente dans la région de Skopje.

4.4 Secteur tertiaire

Au début des années 2000, le secteur tertiaire représentait plus de 58,9 p. 100 du PIB et occupait 44 p. 100 de la population active (contre 20 p. 100 au début des années 1990).

En avril 1992, le gouvernement a mis en circulation des coupons, prélude à l’introduction de la nouvelle monnaie, le denar, divisé en 100 deni. La monnaie a été réévaluée en mai 1993, devenant le nouveau denar. La Banque de Macédoine est devenue la Banque centrale du pays en avril 1992. Dans un pays où le mark circulait largement, l’euro a commencé à se diffuser dans les échanges à partir du 1er janvier 2002.

Le tourisme était une source importante de revenus, mais les affrontements dans la région ont brusquement fait diminuer le nombre de visiteurs au début des années 1990. Les revenus générés par le tourisme sont en progression dans les années 2000 mais restent très faibles.

4.5 Commerce extérieur

Le commerce de l’ARYM a particulièrement souffert de la désintégration de la Fédération yougoslave, partenaire à 60 p. 100 du total de ses échanges (en particulier la Serbie). Le blocus exercé par la Grèce à partir de 1992 a également eu des conséquences négatives sur les échanges commerciaux du pays. Cependant, la levée de ce blocus, en octobre 1995, a permis d’améliorer la situation entre les deux partenaires, et la Grèce est désormais le premier investisseur et le premier partenaire commercial de l’ARYM.

L’ARYM a aussi des liens économiques étroits avec la Bulgarie et la Serbie tandis que l’Union européenne se trouve également parmi ses partenaires privilégiés.

5 HISTOIRE
5.1 Des origines à la fin de la domination ottomane

Comme l’ensemble de la région, la Macédoine a connu la domination ottomane dès la fin du XIVe siècle. Voir aussi Alexandre le Grand ; Macédoine (région) ; Ottoman, Empire.

Au XIXe siècle, le réveil des sentiments nationaux des populations balkaniques sous le joug d’un Empire ottoman à l’aube de son déclin conduit à des revendications d’autonomie de plus en plus fortes et aboutit à l’indépendance de la Grèce (1832), puis de la Bulgarie et de la Serbie (1878). Ainsi le 5 novembre 1893 est créée l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne qui réclame l’autonomie de la Macédoine ; progressivement, ce mouvement se transforme en organisation terroriste. L’insurrection d’Ilindan conduit, le 2 août 1903, à la proclamation de la république de Kruševo, mais celle-ci est vite dissoute au cours d’une répression.

Pendant la première guerre balkanique, les États grec, bulgare et serbe arrachent la Macédoine de l’Empire ottoman. Mais un conflit entre les alliés de la veille oppose la Bulgarie à la Serbie, au Monténégro et à la Grèce et est à l’origine de la seconde guerre des Balkans. Par le traité de Bucarest (10 août 1913), l’intérieur du territoire macédonien revient à la Serbie, les régions côtières à la Grèce ; en revanche, la Bulgarie n’en reçoit qu’une petite partie : la vallée de la Strumica.

5.2 La Macédoine dans la Yougoslavie
5.2.1 La patrie des Slaves du Sud

Le démantèlement de l’Empire austro-hongrois à l’issue de la Première Guerre mondiale aboutit à la satisfaction des revendications politiques des populations slaves du Sud : le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, intégrant la Serbie et le Monténégro, États indépendants, est constitué en 1918 et prend le nom de Yougoslavie dès 1929. Au sein de cette fédération, la Macédoine devient la banovine du Vardar.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les puissances de l’Axe envahissent et démembrent la Yougoslavie. Les forces bulgares s’approprient une grande partie de la Macédoine yougoslave et le reste du pays est partagé entre les Allemands, les Italiens et les Hongrois. Le Comité antifasciste de libération de la Macédoine lutte aux côtés de Tito, organisateur de la résistance yougoslave et chef du gouvernement révolutionnaire clandestin, constitué à son initiative dès 1941.

En novembre 1944, les représentants de tous les mouvements de résistance de Yougoslavie décident que la Macédoine yougoslave fera partie de la future Fédération yougoslave. La Macédoine yougoslave devient donc officiellement l’une des six composantes de la République populaire fédérative de Yougoslavie proclamée en 1946. Tito est le premier à reconnaître la Macédoine yougoslave comme une entité politique à part entière. Il favorise la création d’une Église orthodoxe macédonienne indépendante et la diffusion de la langue macédonienne.

5.2.2 La désintégration de la Fédération yougoslave

En 1980, la mort du maréchal Tito crée un vide politique en Yougoslavie. Durant les années qui suivent, les différentes républiques yougoslaves connaissent une résurgence du nationalisme, longtemps étouffé sous le régime titiste, qui exacerbe le mécontentement croissant envers le gouvernement fédéral. En 1989, la république yougoslave de Macédoine admet le multipartisme. En 1990, quand le Parti communiste renonce à ses pouvoirs au niveau fédéral, les républiques commencent à œuvrer en faveur d’une plus grande indépendance. Des élections libres se déroulent en décembre 1990 et en janvier 1991, le nouveau Parlement élit Kiro Gligorov à la présidence de la République yougoslave de Macédoine.

En juin 1991, la Croatie et la Slovénie déclarent officiellement leur indépendance et sont reconnues par la communauté internationale. En République yougoslave de Macédoine, un référendum sur l’indépendance a lieu le 8 septembre 1991 ; 95 p. 100 des votants y sont favorables, mais le boycott par les Serbes et les Albanais de Macédoine conduit à une grande tension entre la république et le gouvernement fédéral, sous présidence serbe. Le conflit armé est évité de justesse et le 17 septembre, la République yougoslave de Macédoine proclame son indépendance.

5.3 La Macédoine indépendante sous le nom d’ARYM
5.3.1 Le problème de la reconnaissance internationale

La république de Macédoine nouvellement proclamée n’est pas immédiatement reconnue par la communauté internationale. Un premier désaccord éclate avec la Grèce voisine au sujet du nom du pays. Il existe déjà une « Macédoine « grecque et la Grèce, revendiquant l’héritage hellénistique de la région, s’oppose à ce que ce nom soit repris et refuse de reconnaître le nouvel État tant que son nom n’aura pas été modifié. De plus, la Grèce refuse que la république de Macédoine utilise sur son drapeau l’étoile à seize pointes, le soleil de Vergina, symbole d’Alexandre le Grand.

Les pressions internationales amènent l’Assemblée macédonienne à réviser sa Constitution : la République n’aura plus aucune revendication territoriale, en Grèce ou ailleurs. Pourtant les négociations engagées avec la Grèce à propos du nom du pays échouent et les autres membres de la Communauté européenne (actuelle Union européenne), solidaires, s’abstiennent de reconnaître la Macédoine indépendante. Dans l’impasse, les deux pays s’adressent à l’Organisation des Nations unies au début de l’année 1993.

Sans véritable statut, dans l’impossibilité de s’adresser aux institutions financières internationales pour obtenir des prêts et devant faire face à un blocus commercial mis en place par la Grèce, le pays voit son économie se détériorer rapidement et profondément. Le blocus provoque l’épuisement de toutes les réserves de combustibles en septembre 1992, obligeant la plupart des entreprises à arrêter la production. De plus, le respect par l’ancienne république yougoslave de Macédoine des sanctions de l’ONU envers la République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) signifie pour elle la perte de deux partenaires commerciaux privilégiés.

Dans le même temps, les tensions politiques et ethniques s’accroissent à l’intérieur des frontières. La minorité albanaise intensifie ses manifestations en faveur d’une plus grande reconnaissance, la moitié de la communauté réclamant plus de représentation politique et l’autre moitié boycottant toute participation. Des émeutes éclatent à Skopje à l’automne 1992. L’arrivée de quelque 50 000 réfugiés de Bosnie-Herzégovine aggrave encore la situation.

5.3.2 La stabilisation politique et économique

Après la chute du gouvernement au cours de l’été 1992, le président Kiro Gligorov, élu en janvier 1991, désigne Branko Crvenkovski au poste de Premier ministre. Celui-ci forme un gouvernement de coalition comprenant des membres de l’Alliance sociale-démocrate, du parti pour la Prospérité démocratique (albanais) et du Parti libéral.

Le 8 avril 1993, la République se voit enfin totalement reconnue par la communauté internationale lorsqu’elle devient membre de l’Organisation des Nations unies, sous le nom de FYROM (Former Yougoslavian Republic of Macedonia), soit ARYM (Ancienne République yougoslave de Macédoine) en français, compromis acceptable dans l’attente d’un accord final. Membre de l’ONU, l’ARYM peut aussi adhérer au Fonds monétaire international (FMI) et obtenir le statut d’observateur à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). Durant la première moitié de 1993, l’ONU envoie 1 000 hommes chargés de maintenir la paix dans la région afin d’empêcher que la guerre en Bosnie ne s’y propage.

Reprises au début de l’année 1993, les négociations avec la Grèce sont à nouveau interrompues avec le retour d’Andréas Papandréou au poste de Premier ministre en octobre 1993. Une nouvelle fois, un embargo commercial et un blocus sont imposés à l’ARYM en février 1994. Malgré l’opposition des pays membres de l’Union européenne, la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) décide en juin que la Grèce est en droit de poursuivre l’embargo.

En décembre 1994, un autre gouvernement de coalition est mis en place, toujours sous la direction de Branko Crvenkovski, comprenant cette fois l’Alliance sociale-démocrate, le Parti socialiste et le Parti libéral. La coalition obtient 95 sièges à l’Assemblée et l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, le principal parti d’opposition, n’obtient aucun siège après avoir boycotté le second tour des élections. Gligorov est également réélu président avec 52,4 p. 100 des suffrages.

En novembre 1994, les États-Unis signent un accord militaire avec l’ARYM et mettent en place des mesures d’urgence pour envoyer 1 500 soldats supplémentaires dans la région frontalière du Kosovo. Les tensions entre la population albanaise et le gouvernement subsistent, sous la forme d’un boycottage du Parlement par les députés albanais et de violentes manifestations de la part de la population pour obtenir la création d’une université en langue albanaise à Tetovo ; celle-ci est finalement inaugurée en février 1995.

À la fin de l’année 1995, la situation se stabilise enfin grâce à la signature, le 15 septembre, d’un compromis gréco-macédonien : sous la pression américaine, l’ARYM accepte de modifier son drapeau et la Grèce lève le blocus économique dès le mois suivant. Pourtant la question du nom « Macédoine « reste en suspens. En octobre 1995, le pays devient membre à part entière du Conseil de l’Europe et de la CSCE ; il adhère également au partenariat pour la paix, mis en place par l’OTAN.

En avril 1996, la République fédérale de Yougoslavie et l’ARYM signent un accord de reconnaissance mutuelle. Les anciennes relations commerciales sont rétablies après que la suspension en octobre 1996 des sanctions économiques imposées à la Serbie et au Monténégro a permis la réouverture de la frontière nord, et un projet de coopération économique est signé. Si le différend avec la Grèce n’est pas encore totalement réglé, si une force de l’ONU stationne toujours de façon préventive sur son sol, l’ARYM, désenclavée et reconnue par la communauté internationale, espère pouvoir désormais se consacrer au redressement de son économie et à la stabilisation des relations avec les minorités ethniques, malgré l’attentat qui blesse le président macédonien le 3 octobre 1995, et dont la responsabilité peut être attribuée aux ultranationalistes.

Malgré la rigueur monétaire et un programme de privatisations important, l’économie de l’ARYM connaît une stagnation inquiétante. Surtout, le regain des affrontements entre Serbes et Albanais au Kosovo en mars 1998 s’accompagne de nouvelles tensions interethniques entre les Macédoniens et la forte communauté albanaise, tandis que des bandes armées en provenance d’Albanie se livrent à des incursions et à des attentats en ARYM. En novembre 1998, le Parti social-démocrate (SDSM, ex-communiste), parti du Premier ministre Branko Crvenkovski, perd les élections législatives. L’union d’opposition formée par le parti VRMO-DPMNE (droite modérée) de Ljupco Georgievski et l’Alternative démocratique (DA, centre) de Vasil Tupurkovski obtient 58 sièges sur 120. Elle forme un gouvernement de coalition avec un parti représentant la communauté albanaise, forte de 500 000 personnes en ARYM. Lors de la crise du Kosovo, l’ARYM doit absorber, souvent avec réticence, un afflux massif de réfugiés albanais du Kosovo (plus de 300 000 entre fin mars et début juin 1999) chassés par la politique de purification ethnique conduite par les forces serbes. La majorité de la population macédonienne (d’origine slave) manifeste son soutien aux Serbes et son opposition aux frappes de l’OTAN, ce qui entraîne un accroissement de la tension entre les Slaves et les Albanais de Macédoine.

En novembre 1999, Boris Trajkovski, jusque-là vice-ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de centre-droit et candidat du VRMO-DPMNE, l’emporte avec 53 p. 100 des suffrages lors de l’élection présidentielle qui l’oppose à Tito Petkovski, candidat du SDSM. La forte minorité albanaise du pays contribue à son élection. Premier ministre depuis novembre 1998, Ljubco Georgievski est reconduit dans ses fonctions en décembre 1999.

5.3.3 La crise de 2001 et l’accord d’Ohrid

Encouragée par l’action de l’UCK du Kosovo, une Armée de libération nationale des Albanais de Macédoine (qui prend également le sigle d’UCK) se lance en janvier 2001 dans une rébellion active et affronte les forces gouvernementales dans le nord du pays. Cette guérilla affirme se battre pour les droits des Albanais et la fin des discriminations. Le gouvernement de l’ARYM réagit en lançant une vaste offensive militaire soutenue implicitement par l’OTAN et les pays européens, qui craignent une propagation du conflit. Les rebelles macédoniens, dirigés par Ali Ahmeti, réclament l’amendement de la Constitution macédonienne afin d’obtenir pour la minorité albanophone la reconnaissance des mêmes droits que pour la majorité slave ; le gouvernement propose seulement d’étendre l’autonomie linguistique et politique des albanophones et de leur garantir un meilleur accès à la fonction publique.

Après six mois d’affrontements, un accord est signé à Ohrid (13 août 2001) sous la pression de l’Union européenne. Il est paraphé par les dirigeants des quatre partis, deux macédoniens et deux albanais, qui forment la coalition gouvernementale. Le principal point de l’accord concerne la reconnaissance officielle de l’albanais comme seconde langue officielle. Autre compromis délicat, la police devra intégrer 23 p. 100 d’Albanais (contre 3 p. 100 jusqu’alors) d’ici 2003, au prorata de leur pourcentage dans la population, tandis que les députés albanais disposeront d’un droit de blocage à l’égard des lois concernant les droits de leur minorité. En outre, l’enseignement supérieur en albanais recevra des subventions de l’État. Enfin et surtout, l’entrée en vigueur de l’accord sera conditionnée par le désarmement des rebelles albanais par l’OTAN.

La mise en œuvre du dernier point de l’accord commence à la fin du mois d’août. L’OTAN déploie un contingent de 3 500 hommes chargés de collecter et de détruire les armes des rebelles de l’UCK. Cette opération, baptisée « Moisson essentielle «, est inédite dans sa forme ; elle est suivie par une opération de maintien de la paix plus classique baptisée « Amber Fox « (Renard roux). Conformément à l’accord d’Ohrid, la Constitution est révisée en novembre 2001, une loi sur le renforcement des pouvoirs locaux est adoptée en janvier 2002 et la conférence des donateurs (38 pays et 19 organisations internationales), réunie au mois de mars suivant, promet une aide de 307 millions d’euros à l’ARYM pour l’année 2002.

Les élections législatives de septembre 2002 se déroulent dans le calme et se traduisent par une défaite des nationalistes du VRMO-DPMNE (24,4 p. 100 des voix et 34 sièges) et par une victoire de l’Alliance sociale-démocrate de Macédoine (SDSM), à la tête de la coalition « Ensemble pour la démocratie « (40,5 p. 100 des voix et 59 sièges). La coalition sortante est donc battue, tandis que l’Union démocratique pour l’intégration (DUI), représentant la minorité albanaise et dirigé par Ali Ahmeti, l’ancien chef de l’UCK, obtient 11,9 p. 100 des voix (16 sièges). Le leader du SDSM, Branko Crvenkovski, est chargé de former le nouveau gouvernement.

En mars 2003, les forces de l’OTAN sont remplacées par une mission militaire de l’Union européenne (UE), la première jamais envoyée dans un pays. Elle est aussi chargée de veiller à la mise en œuvre de l’accord de 2001. En février 2004, alors qu’il vient de présenter une demande officielle d’adhésion de l’ARYM à l’UE, le président de la République, Boris Trajkovski, trouve la mort dans un accident d’avion. Élu en 1999, incarnant la nouvelle génération de responsables politiques pro-européens, il était connu comme un homme de dialogue et un fervent partisan des accords d’Ohrid. Au mois d’avril 2004, le Premier ministre en exercice, Branko Crvenkovski, est élu à la présidence de la République pour succéder à Boris Trajkovski. Candidat de l’Alliance sociale-démocrate (SDSM), il obtient 60,6 p. 100 des voix. Le parti de son adversaire, le VMRO-DPMNE, dénonce des irrégularités et une fraude électorale. Vlado Buckovski, nouveau leader du SDSM, devient Premier ministre. Le 4 novembre 2004, les États-Unis reconnaissent le pays sous le nom de Macédoine, ce qui provoque la colère de la Grèce.

5.3.4 Un pays candidat à l’Union européenne

Au terme d’une campagne axée sur la situation économique du pays, dont plus d’un tiers de la population est au chômage, et émaillée par de nombreux incidents, les élections législatives de juillet 2006 se déroulent dans le calme et sont marquées par une faible participation (53,2 p. 100). Véritable test démocratique aux yeux de la communauté internationale, elles sont remportées par la principale formation d’opposition, l’Organisation révolutionnaire macédonienne-Parti démocratique pour l’unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE) qui recueille 32,5 p. 100 des suffrages et 45 sièges sur 120. L’Union sociale-démocrate, parti majoritaire de la coalition sortante, obtient 23,3 p. 100 des suffrages et 32 sièges. Les formations albanophones disposent de 24 sièges. Nikola Gruevski, le leader du VMRO-DPMNE, ancien acteur de théâtre et ancien ministre des Finances (1998-2002) forme un gouvernement de coalition VMRO-DPMNE, PDS (albanophone) et NSDP (gauche). La priorité du nouveau gouvernement et de tous les partis politiques macédoniens est l’adhésion à l’Union européenne, alors que le Conseil européen de décembre 2005 a accordé à l’ARYM le statut de pays candidat à l’UE, reconnaissant qu’il avait le mérite d’avoir accueilli plus de 360 000 réfugiés et s’était attaché à mettre en œuvre les accords d’Ohrid.

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