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Madame Bovary – La casquette de Charles

Publié le 11/09/2006

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bovary

• SITUATION : Début du roman (incipit) La présentation de Charles Bovary encadre, dans le roman, l’histoire d’Emma. On a considéré comme une maladresse le fait que Flaubert commence par Charles. Mais deux raisons à cela : 1- Ne plus interrompre par la suite l’histoire d’Emma. 2- L’histoire d’Emma est incompréhensible sans la connaissance de Charles. • COMPOSITION - 3 temps forts : -Description générale de la classe - Focalisation de la description sur la casquette - Paroxysme du ridicule à la révélation du nom (Charbovari, qui évoque un charivari !) I) Un personnage vaincu 1) Description physique de Charles La description de Charles suscite d’emblée la surprise par son ridicule qui implique une mise à l’écart immédiate, d’autant plus qu’il est « nouveau « (insistance marquée par les répétitions du substantif « le nouveau « mis de plus en évidence par les caractères italiques). Double inadaptation au milieu : « nouveau « et « campagne « opposés à « initiés « et « ville «. Charles est originaire de la campagne, il est plus âgé que les autres, plus grand, avec des mains et des poignets rouges = détails physiques peu avantageux. Il porte des habits démodés, mal ajustés, inhabituels, qui accusent son manque d’aisance. Noter les détails péjoratifs tels que son « pantalon jaunâtre «. Il a de gros souliers « mal cirés, garnis de clous «, qui alourdissent la démarche et évoquent un pays de boue et une allure de paysan. 2) Son caractère Il transparait à travers ses attitudes. Charles est placé en situation d’infériorité par Flaubert. Le terme « nouveau « traduit sa difficulté à s’intégrer seul et en pleine année scolaire dans un groupe déjà constitué. Il est en effet étranger : • Aux leçons qui se récitent • Aux coutumes (telles que le « lancer de casquette «) • Aux règles de vie collégienne (enfant tardivement scolarisé) Cette difficulté d’intégration ne pourrait être surmontée que par un garçon ayant une forte personnalité ou un sens de l’humour particulièrement développé. Or, Charles apparaît comme quelqu’un de : • Timide : « Resté dans l’angle, derrière la porte, n’osant même croiser les cuisses «, « bredouillant «. • Gauche : maladresse lorsqu’il se lève et fait tomber sa casquette = comique de geste involontaire + comique de répétition. Bêtise même puisqu’il ne sait qu’en faire. • Résigné lorsqu’il est confronté aux moqueries de ses camarades (s’essuie le visage sans réagir lorsqu’il reçoit une boulette). 3) La préfiguration de l’adulte Cette présentation de Charles enfant annonce l’être faible et médiocre qu’il sera toute sa vie. C’est un collégien appliqué, minutieux et tranquille mais qui n’a pas vraiment de caractère. Charles est certes un futur médecin, mais qui ne réussira que grâce à un travail acharné. Dans son rapport aux autres : l’élève moqué, qui suscite par sa balourdise les railleries des élèves ainsi que du professeur préfigure le mari bafoué. Il devient ainsi l’objet d’une triple ironie: • Des personnages : cible des farces et des quolibets des autres élèves • De l’auteur : emploi de termes dépréciatifs dans la narration et la description • Du lecteur : associé à cette entreprise de dérision par le pronom personnel « nous «. II) La casquette 1) La description Dans la présentation de Charles, la casquette est l’objet le plus précisément décrit. Flaubert a recours, pour la définir, à cinq types de coiffes différentes (par leur forme, leur matière et leur utilisation) et dont le dénominateur commun est d’être exceptionnelles (cf. le chapska). La précision est poussée jusqu’à l’absurde, si bien que le réalisme confine ici au surréalisme. La casquette est détaillée jusque dans ses moindres parties, si bien que l’objet finit par prendre un aspect fantastique, à la limite de la personnification : « une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d’expression comme le visage d’un imbécile «. • Formes : dominante ronde (« ovoïde «, « renflée «, « boudin «, « « circulaire «), mais aussitôt interviennent de nouvelles notions géométriques (« losanges «, « polygone «, « croisillon « …). Forme en fait indéfinie : « une façon de sac «, « broderies compliquées « • Matières : multiples (« velours «, « fourrure «, « « carton «, « passementerie «, « fil d’or «, « visière «) • Couleurs dominantes : rouge et doré = objet clinquant et de mauvais goût + disproportion des éléments : « masse énorme, « sac « VS « cordon mince «, « petit croisillon «. Dernier défaut : « Elle était neuve « ! En réalité, toute représentation de la casquette de Charles est impossible ; sous le réalisme apparent, sa valeur est purement symbolique. 2) Un objet symbolique Cette casquette ridicule sert à révéler le personnage grotesque auquel elle appartient. C’est une manière de synecdoque (figure de style qui consiste à prendre la partie pour le tout) résumant Charles comme une partie intégrante de lui-même. Ce couvre-chef est donc symbolique, d’autant plus qu’il s’adapte à la tête de son propriétaire, siège de la pensée et de l’intelligence : par sa laideur, il stigmatise la bêtise de son propriétaire ! Le grotesque est encore accentué par l’allusion à l’œuf (« ovoïde «). C’est donc le lien entre l’homme et l’objet qui justifie la description. Cette valeur évocatrice de l’objet qui parle de lui-même prend en quelque sorte le relais du personnage ridicule et bégayant. Ainsi, il n’y a aucune personnalité dans cette laideur semblable au « visage d’un imbécile « (glissement vers une forme d’humanisation due à la métonymie* de l’objet pour la personne). * Ex. : le premier violon de l’orchestre (pour le violoniste) Le ridicule est enfin accentué par le fait que cette casquette est totalement inadéquate au personnage qui la porte et même en contradiction avec lui : la casquette demeure un objet tape à l’œil alors que Charles est un personnage timide et falot. Elle va donc contribuer à en faire une victime. CONCLUSION  Apprécier dans cet extrait la qualité de la description, non plus simplement ornementale, mais à valeur symbolique et participant même à la narration, dans la mesure où l’objet en question annonce ce que deviendront les personnages et ce à quoi ils semblent prédestinés.

 

 

 

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« Or, Charles apparaît comme quelqu'un de : • Timide : « Resté dans l'angle, derrière la porte, n'osant même croiser les cuisses », « bredouillant ». • Gauche : maladresse lorsqu'il se lève et fait tomber sa casquette = comique de geste involontaire + comique de répétition.Bêtise même puisqu'il ne sait qu'en faire. • Résigné lorsqu'il est confronté aux moqueries de ses camarades (s'essuie le visage sans réagir lorsqu'il reçoit une boulette). 3) La préfiguration de l'adulte Cette présentation de Charles enfant annonce l'être faible et médiocre qu'il sera toute sa vie. C'est un collégien appliqué, minutieux et tranquille mais qui n'a pas vraiment de caractère.

Charles est certes un futur médecin,mais qui ne réussira que grâce à un travail acharné. Dans son rapport aux autres : l'élève moqué, qui suscite par sa balourdise les railleries des élèves ainsi que du professeurpréfigure le mari bafoué. Il devient ainsi l'objet d'une triple ironie: • Des personnages : cible des farces et des quolibets des autres élèves • De l'auteur : emploi de termes dépréciatifs dans la narration et la description • Du lecteur : associé à cette entreprise de dérision par le pronom personnel « nous ». II) La casquette 1) La description Dans la présentation de Charles, la casquette est l'objet le plus précisément décrit.

Flaubert a recours, pour la définir, à cinqtypes de coiffes différentes (par leur forme, leur matière et leur utilisation) et dont le dénominateur commun est d'êtreexceptionnelles (cf.

le chapska). La précision est poussée jusqu'à l'absurde, si bien que le réalisme confine ici au surréalisme.

La casquette est détaillée jusquedans ses moindres parties, si bien que l'objet finit par prendre un aspect fantastique, à la limite de la personnification : « une deces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile ». • Formes : dominante ronde (« ovoïde », « renflée », « boudin », » « circulaire »), mais aussitôt interviennent de nouvelles notionsgéométriques (« losanges », « polygone », « croisillon » …).

Forme en fait indéfinie : « une façon de sac », « broderiescompliquées » • Matières : multiples (« velours », « fourrure », » « carton », « passementerie », « fil d'or », « visière ») • Couleurs dominantes : rouge et doré = objet clinquant et de mauvais goût + disproportion des éléments : « masse énorme, « sac » VS « cordon mince », « petit croisillon ».

Dernier défaut : « Elle étaitneuve » ! En réalité, toute représentation de la casquette de Charles est impossible ; sous le réalisme apparent, sa valeur est purementsymbolique. 2) Un objet symbolique. »

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