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Madame De Merteuil : Bourreau Ou Victime ?

Publié le 16/10/2010

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Les liaisons dangereuses, roman épistolaire écrit par Laclos en 1782, fut une œuvre majeure du siècle des lumière. Un de ces personnages principaux reste aujourd'hui encore très vivant : Madame de Merteuil. Mais une question se pose : Tout d'abord, qui est donc cette Madame de Merteuil ? Une simple libertine ? Non, c'est une femme qui cherche à venger son sexe . Nous pouvons penser qu'elle est la " grande méchante " de ce roman épistolaire, le bourreau par ce qu'elle fait à la jeune Cécile pour se venger de Gercourt , c'est aussi elle qui a rédigé la lettre du Vicomte destinée a la Présidente. Très bien. Mais pouvons-nous penser un instant que cette femme soit une victime ? Victime de son propre système. Malgré tout son savoir et son intelligence, en créant son propre personnage, Mme de Merteuil a coupé les ponts qui auraient pu la mener vers un sentiment sincère.

 

    Mais les conditions n'étaient elles pas a l'époque difficile pour une femme, de plus libertine?

    Dans ce roman, les deux personnages principaux sont deux libertins à la différence fondamentale que leur sexe n'est pas commun : Homme et Femme, donc une manière de vivre différemment dans les conditions du XVIIIème siècle. Si les hommes peuvent jouir ouvertement du nombre de leurs conquêtes et de leur Réputation, ce n'est pas le cas des femmes, la société de l'époque les juge plus sévèrement . C'est pourquoi Madame de Merteuil apparait devant la plupart des personnages et les lecteurs contemporains comme une femme aux mœurs irréprochables, à la conduite exemplaire. A l'inverse de Valmont, elle est donc obligée d'agir en secret. C'est pourquoi elle établit sa vie sur des règles et principes dont elle nous parle dans la fameuse lettre LXXXI où elle explique à Valmont le secret de sa réussite.

    En jouant le rôle de la jeune fille timide pendant sa jeunesse, elle apprend en écoutant  que la femme n'est pas égale à l'homme, et décide donc de ne pas devenir ce genre de femme et d'imposer ses propres règles.

    Valmont et Merteuil apparaissent comme deux personnes se complétant mutuellement , tous les deux intelligents, à la différence près que pour le vicomte, le libertinage est un jeu sans conséquences tout du moins au début , alors que chez Merteuil, pas du tout. Nous pouvons donc penser que c'est elle qui a la place la plus fragile au sein de ce duo .

    Comme elle ne peut espérer la reconnaissance publique comme les hommes libertins , elle s'appuie donc sur Valmont, avec qui elle confie ses prouesses et laisse tomber son masque.

 

    Pourtant nous savons que plus tard dans le roman, cette relation est brisée, Pouvons nous penser que la marquise agit ainsi à cause de la jalousie ? Quand Valmont lui écrit la lettre ou il lui annonce que La présidente est " sienne " Merteuil lui répond :

    " Dans le temps ou nous nous aimions, car je crois que c'était l'amour, j'étais heureuse " [Lettre CXXXI ]

    Pouvons nous penser alors que la marquise est amoureuse du Vicomte ? Personne ne peut réellement le savoir et il serait tout de même osé de l'avoué, mais en rappelant ceci au Vicomte, n'est-ce pas un moyen de détourner le regard de Valmont de la présidente ? Avant que celle ci n'intervienne dans leur relation, la marquise était la seule femme dans la vie du Vicomte , tout du moins, une femme différente des autres . Or il se trouve que maintenant ce n'est plus le cas et qu'elle est détrônée, si j'ose dire, par une femme qu'elle méprise (à cause) par ses vertus et à cause d'un sentiment auquel elle ne croit pas. Tourvel a séduit Valmont par sa sincérité et son amour, ce dont la marquise n'est pas capable. Elle refuse d'être comparée aux autres femmes et se sent indignée ,voir en colère quand le vicomte l'oublie «  Mais moi, qu'ai je de commun avec ces femmes inconsidérées ? « [ LXXXI ] ou encore quand elle lui demande de «  ne pas la confondre avec cette foule de femmes «[XLI].Pourtant nous savons qu'une compétition est réel entre ses deux libertins. Chacun étant convaincu d'être maître dans l'art de la séduction même si nous pouvons penser que que la marquise ne respecte pas vraiment les règles, jouant le rôle qu'elle méprise le plus, celui d'une femme sensible en compagnie de ses amants.

 

    Mais quand Valmont envoie la lettre, et nous pouvons le voir dans l'adaptation cinématographique, elle tente de le persuader par le passé, le temps où ils s'aimaient, que la présidente n'est rien. C'est un duel perdu d'avance, la présidente est bien trop importante au yeux du vicomte . Animée alors par la colère et la vengeance, et ne connaissant que trop bien Valmont, elle joue sur son orgueil de libertin, sentiment le plus fort en lui. Elle l'incite donc à mettre fin à leur relation en lui disant dans l'adaptation de lui répéter que " ce n'est pas sa faute " . Dans la lettre CLXI, la marquise cite un homme ayant mis fin à une relation par ce biais : « Il passait ainsi sa vie, ne cessant de faire des sottises, et ne cessant de dire après : Ce n'est pas ma faute. . « « On s'ennuie de tout, mon Ange, c'est une Loi de la Nature ; ce n'est pas ma faute.“Si donc je m'ennuie aujourd'hui d'une aventure qui m'a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n'est pas ma faute «.

 

    Mais Merteuil sait alors a ce moment que le lien qui l'unissait au vicomte est rompu.

    On pourrait éventuellement se poser la question d'une réconciliation. Mais nous savons que Madame de Merteuil est une femme bien trop fière . Valmont était pour elle le partenaire idéal, elle l'avait laissé l'approcher plus que quiconque, elle lui faisait confiance. Il était la seul personne devant qui elle se montrait réellement. Voila pourquoi , d'après mon sentiment, à la fin du film, nous la voyons neutre, se démaquillant, réalisant qu'elle a perdu la seul personne qui la connaissait, la seule personne en qui elle se confiait.

 

    Cette femme est elle alors bourreau ? Certes. C'est cette femme qui a détruit un amour naissant entre deux jeunes, qui a voulu se venger de Gercourt en s'occupant de Cécile d'une manière peu chrétienne et qui aussi rédigé La lettre de rupture de Valmont pour la présidente de Tourvel. Mais cette femme est aussi victime d'elle même et reste une femme qui s'est laissé enfermé dans ce qu'elle avait créé. Elle est l'héroïne tragique de ce roman.

 

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