Mao et la paysannerie

« Allez dans les villages, allez n'importe où. Il suffira que vous regardiez attentivement, et vous verrez qu'il y a huit catégories différentes de gens : les grands propriétaires fonciers; les petits propriétaires fonciers; les paysans propriétaires; les paysans semi-propriétaires; les métayers; les paysans pauvres; les ouvriers agricoles et les artisans ruraux; les éléments déclassés. Ces huit catégories de gens constituent huit classes séparées, ayant toutes une position économique et des conditions de vie différentes, ce qui influe sur leur psychologie, de sorte que leur attitude à l'égard de la révolution n'est pas la même non plus. [...] Les paysans propriétaires appartiennent à la petite bourgeoisie. Parmi eux, il y a également trois catégories. [...] En temps de paix, les attitudes des trois catégories de paysans propriétaires [...] à l'égard de la révolution chinoise sont toutes différentes. Mais dès qu'intervient une période [...] d'essor révolutionnaire [...], non seulement la troisième catégorie de paysans propriétaires, ayant des tendances de gauche, participe immédiatement à la révolution, mais la seconde catégorie, qui adopte une position de neutralité, peut également participer à la révolution. Même la première catégorie des paysans propriétaires de droite [...] ne peut que se joindre à la révolution... [...] [ Après avoir longuement évoqué le cas des fermiers, Mao aborde celui des "éléments déclassés"] Parmi eux on peut distinguer des soldats, des bandits, des brigands, des mendiants et des prostituées. [...] Ces gens peuvent se battre très courageusement ; conduits d'une manière juste, ils peuvent devenir une force révolutionnaire. [...] Il ne faut en aucun cas les obliger à aller du côté de l'ennemi, pour servir de force contre-révolutionnaire. Quand à la classe des propriétaires fonciers, on utilise en principe à son égard la méthode de la lutte, en les invitant à faire des concessions sur le plan économique et politique. Dans des conditions particulières, lorsque [...] on rencontre des [éléments] particulièrement contre-révolutionnaires et méchants qui exploitent le peuple, il faut les renverser tout à fait. » Cité d'après Stuart Schram, Mao Tse-toung, Armand Colin, Paris, 1963