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Misères de Agrippa d'Aubigné

Publié le 26/03/2011

Extrait du document

Misères d’Aubigné a été écrit à la fin du XVIe siècle. Le récit évoque l’intolérance et a une forte tonalité de la violence. D’Aubigné prend parti pour les protestants et se montre du côté de Jacob : « sa juste colère ». Il est plus précisément huguenot. C’est en 1577 qu’il débuta l’écriture des Tragiques qui ne furent qu’éditées qu’en 1617. Les Tragiques est une épopée composée de sept livres. Misères est un récit de violence, d’intolérance et de personnification.

 

Plan

I – Personnification

II - Violence

 

I - Personnification

Le comparé est la France, le comparant est la mère qui a deux enfants jumeaux (Esaü et Jacob). Ces deux enfants représentent respectivement les catholiques et les protestants. Jacob est persécuté par Esaü, comme le sont les protestants par les catholiques.

La mère est montrée dans le rôle d'une mère qui allaite ses deux enfants. Cette femme est très concrète, elle possède un corps : \"entre ses bras\" (v. 2), \"les deux bouts des tétons nourriciers\" (v.3-4). Les seins sont aussi présents (v. 25, 29 et 32). Cette femme fait penser à la Vierge du fait de son allaitement. Ceci n'est pas crédible en raison du fait que la Vierge représente le catholicisme et qu’il n'est pas encore reconnu auprès des protestants. Elle a l'image de paix, de la douceur mais la scène est plutôt violente.

Ce texte est de type narratif \"empoigne\" (v. 3) et la narration est alors ouverte. Les enfants se nourrissaient au début de lait et finalement ils n'ont plus que du sang. La mère est à la fin mourante. Jacob hésitant (v. 11) n'est pas apparent. A la fin, les deux enfants se crèvent les yeux. Ils sont aveuglés par la colère. Cela symbolise la France qui se vide de ses ressources : perte du lait. La mère qui va mourir ne l’est pas à la fin de l'extrait car c'est elle qui parle. Elle maudit finalement ses enfants. Le fait de parler de cette idée de la mort est une prosopopée. C'est une malédiction qui porte sur Esaü et Jacob. D'Aubigné a changé le jugement car Jacob n'est pas coupable, initialement, de cette guerre.

 

II - Violence

Le texte est d'un réalisme très criant. Il y a quelques détails abstraits : \"il brise le partage…l'usage\" (v. 56), \"Il méprise … d'envie\"(v. 10). Il est prêt à mourir, à oublier sa vie. En dehors de ses détails, les éléments sont réalistes. Ce texte a un côté visuel avec une description partielle du corps de la femme avec sa partie la plus charnelle : \"les seins\", \"le lait\" et à la fin \"le sang\". \"Les tétons nourriciers\" sont rejetés en début du vers 4. Les corps des enfants sont très précis : \"ongles, de poings, de poids\". On trouve des dentales (d,t) qui montrent les coups que s'envoient les deux êtres (v. 15-16). On observe également des adjectifs intensifs.

Le combat dans les vers suivants est rendu violent par l'utilisation de \"ou\" et du son [k] (v.18-19) qui rendent audibles les coups. \"Fait si furieux\" évoque un sifflement si bien que la chute de la phrase est retardée et se rallume avec \"ils se crèvent les yeux\". L'auteur ne recule pas devant les détails horribles. Elle est perceptible dans le jeu des sonorités. Du vers 3 à 8, il y a une accumulation de dentales. Une allitération en [r] aux vers 15 à 19, et en [v] des vers 31 à 34. Le sang est évoqué 3 fois en 4 vers. Il est associé avec le sein [s] qui évoque alors la mort.

Cette violence est d'ordre intellectuel, cruelle et sonore. On a ici le baroque avec des associations incongrues, on est dans une sensibilité déjà baroque. Il est engagé dans son texte. L'auteur ne s'efface pas derrière la scène qu'il représente : \"Je veux peindre\" (v. 1). Il s'affirme dès le début en tant qu'artiste.

Il représente la France comme une femme, en effet sa mère est morte à la naissance. Il y a une prise de partie de d'Aubigné dans la querelle. Esaü, le plus fort, représente les catholiques. Jacob, pressé d'avoir jeûné, est montré dans un cas de légitime défense. Il y a une insistance sur les indices temporels (v. 13-14). Il lui rend la monnaie de la pièce en insistant sur l'attente de Jacob avant d'attaquer Esaü : \"orgueilleux\" (v. 3), \"voleur acharné\" (v. 7), \"malheureux\" (v. 7) (de malheur et non triste). Il y a également un emploi de démonstratifs : \"ce,ces\" pour dissiper le coupable. \"Son\" Jacob montre un parti pris de l'auteur de même que \"juste\". Cela est justifié aux vers 13 et 26. La principale personne à souffrir de tout ceci est la mère c’est-à-dire la France.

 

Conclusion:

Le texte tiré des Tragiques est le théâtre de scènes cruelles et violentes. Le texte est déjà dans l'esthétique baroque. Il est engagé même s'il ne respecte pas la fin prévisible du texte.

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