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nature, dans chaque être vivant.

Publié le 23/10/2012

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nature, dans chaque être vivant. Aussi on ne perd rien à s'en tenir à un seul objet, et il n'est pas besoin, pour acquérir la vraie sagesse, de mesurer tout l'univers, ou, ce qui serait plus raisonnable, de le parcourir en personne ; il vaut beaucoup mieux étudier un seul objet, dans l'intention d'apprendre à en connaître et à en saisir parfaitement la véritable essence. En conséquence, ce qui va suivre, et ce qui s'est imposé déjà de lui-même à l'esprit de tout disciple de Platon, sera l'objet, dans le livre suivant, de longues considérations ; c'est que ces différents degrés de l'objectivation de la volonté qui sont exprimés dans la multiplicité des individus, comme leurs prototypes, ou comme les formes éternelles des choses, ces formes n'entrent pas dans l'espace et dans le temps, milieu propre à l'individu ; elles sont fixes, non soumises au changement ; leur existence est toujours actuelle, elles ne deviennent pas, tandis que les individus naissent et meurent, deviennent toujours et ne sont jamais. Or, ces degrés de l'objectivation de la volonté ne sont pas autre chose que les Idées de Platon. Je le note au passage, afin de pouvoir employer le mot d' « Idée « dans ce sens ; il faudra toujours l'entendre chez moi dans son acception propre, dans l'acception primitive, que Platon lui donna, et ne pas y mettre ces produits abstraits du raisonnement dogmatique de la scolastique. (Monde, I, 133-4.) III LES MANIFESTATIONS PROGRESSIVES DU VOULOIR-VIVRE A) LES FORCES NATURELLES DEGRÉ LE PLUS BAS DE L'OBJECTIVATION I. FORCES NATURELLES ET FORCES OCCASIONNELLES CAUSES, EXCITATIONS, MOTIFS Les forces générales de la nature nous apparaissent comme le degré le plus bas de l'objectivation de la volonté ; elles se manifestent dans toute matière, sans exception, comme la pesanteur, l'impénétrabilité, et, d'autre part, elles se partagent la matière, de telle sorte que les unes dominent ici, les autres là, dans une matière spécifiquement différente, comme la solidité, la fluidité, l'élasticité, l'électricité, le magnétisme, les propriétés chimiques, et les qualités de toute espèce. Elles sont en soi les manifestations immédiates de la volonté, aussi bien que de l'activité humaine ; comme telles, elles n'ont pas de raison, pas plus que le caractère de l'homme ; leurs seuls phénomènes sont soumis au principe de raison comme les actes de l'homme ; mais elles-mêmes ne peuvent jamais être une activité ou une cause, elles sont les conditions préalables de toute cause et de toute activité par lesquelles se manifeste leur essence particulière. Aussi il est ridicule de demander quelle est SCHOPENHAUER 6 la cause de la pesanteur ou de l'électricité : ce sont là des forces primitives, dont les manifestations se produisent en vertu de certaines causes, si bien que chacune de ces manifestations a une cause qui, comme telle, est elle-même un phénomène, et qui détermine l'apparition de telle force en tel point de l'espace ou du temps ; mais la force elle-même n'est pas l'effet d'une cause ou la cause d'un effet. C'est pourquoi il est faux de dire : « La pesanteur est la cause de la chute de la pierre. « C'est bien plutôt le voisinage de la terre qui attire les corps. Supprimez la terre, et la pierre ne tombera pas, bien qu'elle soit encore pesante. La force est en dehors de la chaîne des causes et des effets, qui suppose le temps, et qui n'a de signification que par rapport à lui ; mais elle-même est en dehors du temps. Tel changement particulier a pour cause un autre changement particulier : il n'en est pas de même de la force dont il est la manifestation ; car l'activité d'une cause, toutes les fois qu'elle se produit, provient d'une force naturelle ; comme telle, elle est sans raison et gît en dehors de la chaîne des causes, et en général en dehors du domaine du principe de raison ; on la connaît philosophiquement comme objectité immédiate de la volonté, qui est la chose en soi de toute la nature. (Monde, I, 134-5.) Imaginons pour cela une machine quelconque, construite suivant les lois de la mécanique. Des poids en fer donnent l'impulsion au mouvement par leur pesanteur ; des roues de cuivre résistent en vertu de leur rigidité, se poussent et se soulèvent mutuellement et font agir des leviers en vertu de leur impénétrabilité, etc. Ici, la pesanteur, la rigidité, l'impénétrabilité sont des forces naturelles premières et inexpliquées ; la mécanique ne nous renseigne que sur les conditions dans lesquelles elles se produisent, ainsi que la manière dont elles agissent et dont elles dominent telle matière déterminée, à tel moment, en tel lieu. Un fort aimant peut maintenant agir sur le fer des poids et vaincre la pesanteur : aussitôt le mouvement de la machine s'arrête, et la matière devient sur le champ le théâtre d'une autre force naturelle, le magnétisme ; l'explication étiologique ne nous en apprend rien, sinon les conditions dans lesquelles cette force se manifeste. Ou bien on peut placer les disques de cuivre de cette machine sur des plaques de zinc, en les

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