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Peut-on considérer Gargantua comme une oeuvre comique ?

Publié le 05/05/2012

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gargantua

I) OUI

-l’aspect général du texte et son caractère proprement carnavalesque, servi par un langage outrancier

-Rabelais use de tous les registres comiques : la farce et la facétie avec, par exemple, l’épisode du vol des cloches pour « servir de campanes au coul de sa jument », la comédie de mœurs avec l’affrontement initial entre fouaciers et bergers  dont le dénouement est caractéristique de ce genre : « sur ce, bergers et bergères se régalèrent avec ces fouaces et ces beaux raisins, et se rigolèrent ensemble au son de la belle musette », mais encore avec de nombreuses parodies, notamment la parodie du discours scolastique via le discours de Janotus de Bragmardo et la parodie de l’épopée et des combats héroïques dans le récit du combat de Frère Jean armé de son seul bâton de croix. Et enfin la satire, à travers la figure de Picrochole, souverain de Lerné ayant soif de conquête, à la fois de Gaucher de Ste Marthe (seigneur de Lerné, ayant eu des différents avec son voisin Antoine Rabelais, père de François Rabelais) et de Charles Quint, grand conquérant et ennemi de François 1er.

            -Rabelais passe également par tous les types de comiques, que ce soit le comique de mot avec, par exemple, le « torchecul » ou bien le récit du combat de Frère Jean avec un mélange amusant de très sérieux vocabulaire médical et autres expressions dialectales, mais encore le comique de geste lorsque Frère Jean assaille les attaquants avec son bâton de croix ou se retrouve pendu à un arbre. On note également de très nombreux comiques de caractères, particulièrement dans la figure de Frère Jean et de Picrochole, et enfin des comiques de situations, lorsque Janotus de Bragmardo vient réclamer à Gargantua les cloches déjà rendues.

II) Non                                                         

-Rabelais développe dans ce roman une véritable poétique du rire, pour une écriture au service de la libre pensée contre la censure et toute pensée systématisée. Butor dit, dans son article consacré à Rabelais dans Répertoire II « le rire de Rabelais est en grande partie un superbe déguisement pour essayer de détourner les ennemis, brouiller les pistes, éviter les censures si terribles alors » . Rabelais se joue de tout et use de tout en faisant fi de toutes les contraintes en proposant ainsi une véritable esthétique de la jubilation. C’est donc un rire libérateur, qui nous replace sans cesse face à notre libre-arbitre, particulièrement lorsqu’il est question du rapport à la religion. Le rire est une façon de se moquer des idées toutes faites et de mettre en garde contre les a priori, volonté de Rabelais qui transparaît clairement dans le prologue. 

-Un rire qui sert une réflexion sur de nombreux problèmes de l’époque de Rabelais ; dimension critique très importante, sur l’art sophistique, l’éducation scolastique, le pouvoir et l’incompétence de la Sorbonne à travers de nombreuses allusions, particulièrement la figure de Janotus de Bragmardo, la « fausse foi », l’obscurantisme et la superstition avec les pèlerins convaincus que St Sébastien donne la peste, la guerre et les mauvais rois en opposant la figure du tyran Picrochole à celle du roi idéal, chrétien et humaniste, Grandgousier. Le roman a donc une dimension polémique, où Picrochole apparaît comme une caricature des volontés impériales de Charles Quint.

-Plus que de proposer une simple critique, l’œuvre de Rabelais se fait plus largement l’écho d’une réflexion libre en développant un véritable programme utopique, à la fois sur le thème de la politique et l’art de bien gouverner, mais également sur l’éducation humaniste et sur une approche particulière de la religion. Cependant le choix final de Thélème pour clore l’œuvre qui s’inscrit dans la fiction gigantale montre bien que ce projet est irréalisable en lui-même puisque parfaitement inhumain dans sa perfection

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